Fukushima au 29 mars 2011 : Alerte au plutonium ! + Nicolas Sarkozy se rendra au Japon le 31 mars 2011

Publié le 29 mars 2011 par Sylvainrakotoarison

(dépêches)
Catastrophe nucléaire majeure : tournure imprévisible, fuite des enceintes de confinement, découverte de plutonium hors des réacteurs... les dégâts vont être énormes...
Point de l'IRSN du 28 mars 2011 :

 

Cliquer pour télécharger (fichier .pdf) :
http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/IRSN_Seisme-Japon_Point-situation-28032011-08h.pdf


Point de l'ASN du 29 mars 2011 :
Communiqué de presse de l'ASN n°22 du 29 mars 2011 à 10h30
29/03/2011 10:00
 
L’ASN fait le point sur la situation de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, les conséquences au Japon et la situation en France.
Pour répondre aux questions du public : www.asn.fr et 08 05 33 34 35
1 - Situation de la centrale de Fukushima
La situation reste précaire. L’état des réacteurs 1, 2 et 3 est très dégradé avec un endommagement probable de plusieurs barrières de confinement. De nouvelles défaillances de matériels ne sont pas à exclure.
L’injection en eau douce se poursuit sur les réacteurs n°1 à 3. La présence d’eau contaminée dans les salles des machines des 3 unités met en évidence des fuites importantes d’eau des cuves et une inétanchéité des enceintes ou des circuits de refroidissement. L’exploitant Tepco cherche actuellement à collecter cette eau.
Les combustibles contenus dans les cuves des réacteurs ont été endommagés à la suite des fortes montées en températures consécutives au séisme et aux accidents successifs. Les données actuellement disponibles ne permettent pas de confirmer l’intégrité des cuve et enceinte des réacteurs.
2 - Conséquences radiologiques de l’accident
a - conditions de travail sur le site et situation aux alentours de la centrale
Les débits d’équivalent de doses relevées sur le site de la centrale restent élevés mais montrent une grande variabilité. Les conditions de travail des travailleurs sur le site restent très difficiles. Depuis le 12 mars 2011, 19 travailleurs ont été exposés à des doses importantes. Parmi ces 19 personnes, deux ont subi une exposition à la peau d’environ 2 Sv (sievert) par contact avec de l’eau contaminée lors des opérations de pose des câbles électriques.
Au Japon, les rejets provenant de la centrale de Fukushima Daiichi ont entraîné des dépôts significatifs de radioactivité jusqu’à une distance de 40 km au Nord-Ouest du site accidenté.
Des analyses ont été réalisées par Tepco sur 5 échantillons de sols prélevés sur le site. Deux échantillons présentent des traces de plutonium pouvant être liées à l’accident. Toutefois les niveaux mesurés en plutonium restent du même ordre de grandeur que les concentrations observées avant l’accident. Le porte-parole du gouvernement japonais a indiqué que le plutonium vient probablement des barres de combustible.
b - Situation dans la région de Tokyo
Les mesures disponibles dans la région de Tokyo réalisées par les autorités japonaises et par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne montrent pas d’évolution significative et demeurent faibles. Les valeurs de contamination surfacique, relevées dans un quartier de Tokyo, avaient sensiblement augmenté du fait de la pluie le 22 mars et restent à présent stables
3 - Les conséquences en France
a - Les masses d’air en France
La radioactivité émise par la centrale de Fukushima au Japon s’est répandue et s’est diluée dans la plus grande partie de l’hémisphère Nord.
L’appui technique de l’ASN, l’IRSN, procède à l’analyse de prélèvements dans l’environnement en France métropolitaine (notamment dans des eaux de pluie, de l’herbe, différents types de laits). Conformément aux prévisions, des résultats publiés par l’Institut montrent la présence d’iode radioactive à des niveaux très faibles. Ces valeurs sont sans impact sanitaire pour les populations ou l’environnement.
Comme anticipé, la radioactivité des masses d’air est actuellement trop faible pour être détectée par les balises radiamétriques Téléray, tant en métropole qu’outre-mer. Des analyses complémentaires sont réalisées pour quantifier la présence de substances radioactives dans l’atmosphère sous forme gazeuse ou particulaire. Les résultats des mesures dans les pays étrangers confirment que ces masses d’air sont sans aucune conséquence sur la santé des personnes.
Aucune mesure de précaution particulière n’est à prendre pour le public ou les personnes fragiles tant en France métropolitaine que dans les départements et territoires d’outre mer.
Afin de répondre aux questions du public sur les enjeux sanitaires et la circulation des masses d’air, l’ASN a ouvert une rubrique Questions fréquentes sur son site www.asn.fr. Elle a également mis en place un centre d’information accessible de 8 h - 22 h au 08 05 33 34 35 (appel non surtaxé depuis une ligne fixe).
b - Qualité radiologique des denrées en provenance du Japon
Denrées alimentaires
Les importations de denrées alimentaires en provenance du Japon sont d’ordinaire très limitées. Un règlement européen[1] a été publié au Journal officiel des communautés européennes le 26 mars 2011 pour imposer des conditions particulières pour l’importation de produits alimentaires et pour l’alimentation animale en provenance du Japon, en prévoyant des contrôles systématiques au départ pour vérifier le respect des normes admissibles en césium 134 et 137 et de l’iode 131 et un contrôle par échantillonnage à l’arrivée.
En France, les services des douanes et les services en charge du contrôle de la qualité des denrées se préparent à la mise en application de ce règlement et ont mis en place un système de contrôle aux frontières. Les césiums et l’iode-131 seront systématiquement recherchés.
Importations non-alimentaires
En l’état actuel des connaissances, le niveau de contamination des produits non alimentaires en provenance du Japon devrait être nul ou très limité. Des démarches sont entreprises pour que les contrôles de contamination puissent être réalisés sur les marchandises au départ du Japon.
Dans l'attente de mesures harmonisées à l'échelle européenne, les autorités françaises ont demandé aux compagnies aériennes desservant la France depuis le Japon de contrôler la radioactivité du fret entrant en France par voie aérienne. Des mesures du même type sont à l’étude pour le fret maritime.
Les contrôles complémentaires sur le contenu des colis relèvent de la responsabilité des destinataires de ces colis.
COR-Du plutonium décelé dans le sol de la centrale de Fukushima
29 mars 2011, il y a 7 heures 22 min
 Yoko Nishikawa
Le plutonium décelé dans le sol de la centrale atomique de Fukushima-Daiichi, dans le nord du Japon, a renforcé mardi les inquiétudes concernant les longs efforts que va devoir poursuivre le pays pour venir à bout du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl en 1986.

Au parlement, le Premier ministre japonais Naoto Kan a été vivement critiqué mardi pour sa gestion de la crise nucléaire, provoquée par un séisme et un tsunami dévastateurs qui ont fait le 11 mars plus de 28.000 morts et disparus.
Déjà fortement impopulaire, Naoto Kan a assuré à des parlementaires en colère que le gouvernement rendait publiques toutes les informations en sa possession. Il a en outre défendu sa décision de survoler le site de la centrale au lendemain du séisme afin d'évaluer personnellement la situation, fait qui, selon la presse, a retardé le lancement d'opérations cruciales pour tenter de refroidir les réacteurs.
Un député de l'opposition, Yosuke Isozaki, a notamment reproché à Kan de ne pas avoir ordonné l'évacuation des populations dans la zone comprise entre 20 et 30 km autour de la centrale. "Peut-il y avoir quelque chose de plus irresponsable que cela?", lui a-t-il lancé.
Kan lui a répondu que le gouvernement menait des consultations sur l'hypothèse d'une évacuation totale dans un rayon de 30 km, ce qui entraînerait le départ de 130.000 habitants, en plus des 70.000 qui ont déjà quitté la zone de 20 km. Jusque-là, ces 130.000 personnes se sont seulement vu conseiller de partir, sans qu'il y ait eu obligation.
Naoto Kan a déclaré devant les députés que la situation à la centrale accidentée nécessitait d'être vigilant et il a assuré que les autorités y faisaient face "avec un sens d'urgence maximal".
Les autorités japonaises semblent se résigner à un combat de longue haleine pour contenir l'accident. En attendant, Tepco, l'exploitant de la centrale, a sollicité une aide française. Le ministre français de l'Industrie, Eric Besson, a confirmé que l'opérateur privé nippon avait demandé durant le week-end l'aide d'EDF, d'Areva et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Tepco a annoncé avoir trouvé du plutonium 238, 239 et 240 en cinq endroits dans le sol de la centrale, dans des échantillons prélevés la semaine dernière. Le vice-président de Tepco, Sakae Muto, a cependant assuré que ce plutonium, dont la concentration était similaire à ce que l'on peut trouver dans l'environnement naturel, ne présentait pas de danger pour la santé humaine.
RADIOACTIVITÉ DANGEREUSE À IITATE
Tepco a dit n'avoir pu déterminer l'origine de ce plutonium, bien qu'il semble que deux des cinq échantillons résultent de l'accident à la centrale et non de dépôts provenant de l'atmosphère. Selon des experts, une partie au moins de ce plutonium proviendrait de barres de combustible usé ou de dégâts subis par le réacteur n°3, le seul à utiliser du plutonium dans son combustible.
L'Agence japonaise de sûreté nucléaire s'est déclarée préoccupée par ces échantillons dont l'activité variait de 0,18 à 0,54 becquerels par kilo.
"Bien que ce niveau ne soit pas dangereux pour la santé humaine, je ne suis pas optimiste. Cela veut dire que le mécanisme de confinement est rompu, de sorte que je pense que la situation est inquiétante", a résumé Hideko Nishiyama, de l'Agence de sûreté nucléaire.
En outre, lundi, de l'eau fortement radioactive a été décelée dans des tunnels en béton passant sous un réacteur. Cela constitue un dilemme pour Tepco, qui veut arroser d'eau les réacteurs pour les refroidir, mais ne veut pas pour autant propager de la radioactivité, a déclaré mardi le secrétaire général du gouvernement japonais, Yukio Edano.
"Sur la question du pompage de l'eau, nous devons éviter que la température (des cartouches de combustible) augmente et que l'eau bouillonne. Aussi, le refroidissement est une priorité. D'un autre côté, concernant l'eau (radioactive) qui stagne, il faut intervenir pour l'évacuer le plus vite possible", a-t-il expliqué.
L'organisation écologiste Greenpeace a déclaré que ses experts avaient confirmé une radioactivité dangereuse allant jusqu'à des doses de 10 microSievert par heure dans le village d'Iitate, à 40 km au nord-ouest de la centrale accidentée.
Aussi l'organisation a-t-elle réclamé une extension de la zone d'évacuation, pour l'heure limitée à un rayon de 20 km autour de la centrale. "Il est évident qu'il n'est pas bon pour les habitants de rester à Iitate, notamment pour les enfants et les femmes enceintes", a dit Greenpeace, en demandant aux autorités de "cesser de privilégier la politique aux dépens de la science".
L'Agence japonaise de sûreté nucléaire a rétorqué que les mesures de Greenpeace ne pouvaient être considérées comme fiables. Elle a également pu annoncer lundi une bonne nouvelle: le niveau de radioactivité dans la mer au large de la centrale, qui était 1.850 fois supérieur à la normale dimanche, a fortement baissé.
Dans le centre de Tokyo, des mesures effectuées mardi faisaient état d'une dose de 0,20 à 0,22 microSievert par heure, soit dans la fourchette moyenne de radioactivité ambiante naturelle, admise au plan international, qui est de 0,17 à 0,39 microSievert.
Avec Thierry Lévêque à Paris, Clément Guillou et Eric Faye pour le service français
Sarkozy au Japon jeudi
mardi 29 mars 2011, il y a 5 heures 38 min
Le président français Nicolas Sarkozy se rendra jeudi au Japon afin d'"exprimer la solidarité de la France" avec le peuple japonais, confronté à une crise nucléaire après le séisme et le tsunami du 11 mars dernier, annonce l'Elysée.

"Le président de la République se rendra jeudi (...) au Japon afin d'exprimer la solidarité de la France, à titre national et en tant que présidente du G-20 et du G-8, avec le peuple japonais dans les épreuves qu'il traverse depuis les événements dramatiques du 11 mars", précise le palais dans un communiqué.
Lors de cette visite, il s'entretiendra avec le Premier ministre japonais Naoto Kan et rencontrera la communauté française. AP