La musique d'Ez3kiel, ça s'écoute... ça s'achète aussi !! (Vol. 1)

Publié le 31 janvier 2008 par Sami Battikh

Jarring Effects
, ou JFX pour les intimes. Derrière ces trois lettres, un label qui redonne du sens aux mots "indé" et "passionné". La structure lyonnaise, qui abritera bientôt nos petits gars de Revo (Artiste Sourdoreille Novembre, et premier album le 5 mai), est aujourd'hui en pleine effervescence avec la sortie de Battlefield, nouvelle merveille de l'un de ses fers de lance : Ez3kiel.

Sauf que cette sortie peut parfois prendre un goût amer, sous fond de téléchargement et de nouveaux modes de diffusion. Pour rappel, et on le rappellera autant que fois que nécessaire, voici la devise de CD1D.com qui résume bien des choses : " Télécharger, c'est découvrir. Acheter, c'est soutenir.".

Précisions avec Opti, de Jarring Effects, auteur d'un texte-humeur que Sourdoreille partage et souhaite relayer via cette interview, en deux temps.


> > Tu as décidé de pousser un coup de gueule au nom de Jarring. Qu'est-ce qui a motivé tout ça ?

On a la chance d'avoir cette large liberté d'action au sein du collectif. On ne parle pas forcément "au nom de", on s'exprime, parce qu'on se fait confiance et qu'on parle de ce genre de choses quotidiennement. J'ai écrit ce texte de façon assez anecdotique en fait. Tard le soir devant mon ecran, avec un bon mug de café. Je me promenais sur le web en cherchant un peu ce qui se passait autour d'EZ3kiel sur ce medium en particulier. Après quelques clics, j'ai eu très vite l'impression d'un gros décrochage ou d'une inconscience collective par rapport à la réalité quotidienne des labels indépendants. C'est sorti comme ça, assez naturellement et sous l'effet partagé de la colère et d'un peu de découragement.


> > Quelle analyse fais-tu du téléchargement aujourd'hui ?

Vaste question... On pourrait simplifier le débat - c'est une spécialité du gouvernement actuel - aux amalgames d'usage : téléchargement/crime, artistes/victimes. Au sein de ce débat sans fin, on oublie généralement le label, producteur ou non du projet. Au moment de monter le projet cd1d.com, cette phrase était ressortie en tant que slogan : "télécharger c'est découvrir, acheter c'est soutenir". Je trouve juste dommage que le public ne nous prenne pas toujours au sérieux. Cet état d'esprit partait d'une philosophie simple qu'on essaie de s'appliquer : on aime l'idée que derrière les réseaux p2p, on aime le fait qu'à partir d'un ordi et d'un cable, un humain puisse avoir accès à une base de connaissances sans fin. On pensait juste que le public serait honnête et jouerait le jeu. Rien n'est moins sûr aujourd'hui. Pour 30 albums téléchargés et écoutés régulièrement, j'aimerais savoir combien sont achetés.

Au final, à qui la faute ? Mais à personne bien entendu. C'est la technique qui avance, ainsi que la faculté des humains à assimiler ses avancées. Peut être que le support cd est moribond, mais en ce qui me concerne, je ne suis pas prêt à voir l'objet disparaître. Je n'ai pas envie de colletionner les clés usb, ou les ipod, même si j'ecoute de la musique numerique. Dès que je rentre chez moi j'essaie de me mettre un vinyl ou un cd, les vraies intentons de l'artiste sont sur ces supports. Alors le téléchargement, je vois ça comme un problème qu'il va falloir solutionner, et comme un superbe outil en même temps.


> > Quel rôle jouent les plateformes comme les blogs là-dedans ?


Là encore, la question est large. Aujourd'hui, les outils de publication sur internet ont tellement avancé, qu'on pourrait classifier les "blogs" selon plusieurs categories. Tout dépend de l'auteur, pas de l'outil. On interdira pas la vente d'un medicament qui sauve des millions de personnes si un humain en tue un autre à l'aide de ce dernier. Les blogs sont aujourd'hui le pilier de l'internet. Aussi bien en termes de rédactionnel - il faut bien écrire un peu - qu'en termes de circulation de l'info. A partir de technologies rudimentaires comme RSS, on peut faire circuler une info sur des milliers de pages, en temps réel. Superbe outil. Le souci, au risque de me répeter, vient des services gratuits comme "blogger", qui connaissent un succès tel que la compagnie ne peut surveiller le contenu mis a disposition par les utilisateurs.

Rien de plus simple que de s'inscrire gratuitement sur ces sites et de créer son blog. Pas besoin de connaissances techniques. Les autres services dérivés sont les outils comme "megaupload", qui permettent de mettre à gracieuse disposition un fichier (typiquement une archive) pendant plusieurs jours, sans avoir besoin d'un serveur. Combinez ces deux systèmes et vous n'avez aujourd'hui même plus besoin de client peer to peer, tout se fait dans votre navigateur web. Le gros changement sur ces dernieres années est là.

Quoiqu'il en soit, il n'existe aucune solution à l'utilisation détournée de ces outils, sinon un flicage permanent et une politique répréssive sur internet. Je préfère encore voir les utilisateurs d'internet télécharger tout ce qu'ils veulent que d'en arriver là, le risque est trop grand pour la liberté d'expression !


SUITE DE L'INTERVIEW CE WEEK END... Juste le temps pour vous d'aller par ici entre temps...


par L'équipe Soudoreille publié dans : Interviews