Les combats font rage a Abidjan (video)

Publié le 01 avril 2011 par Africahit

Les forces du président élu livrent bataille dans la capitale économique ivoirienne pour s'emparer des derniers bastions de Laurent Gbagbo. La résidence du président sortant est attaquée.


Crédits photo : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP

Les forces pro-Ouattara à l'assaut d'Abidjan


Les forces du président de Côte d'Ivoire reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, ont livré bataille à Abidjan dans la nuit de jeudi à vendredi pour s'emparer des derniers bastions de son rival Laurent Gbagbo.

Au quatrième jour d'une offensive-éclair, les forces pro-Ouattara, entrées dans la nuit dans la capitale économique, ont cherché à s'emparer du palais présidentiel et de la résidence de Laurent Bagbo, où ce dernier se trouvait, en principe. Vers minuit, le porte-parole du ministère de la Défense de Ouattara, le capitaine Léon Kouakou Alla, a affirmé que ses forces avait pris le contrôle de la télévision d'Etat RTI.

«Il y a des combats à l'arme lourde dans le périmètre de la résidence de Gbagbo», située dans le quartier chic de Cocody (nord), a déclaré un habitant.«Ca ressemble à l'assaut final», a ajouté cet habitant. Deux autres résidents de la zone ont confirmé que le quartier était secoué par le vacarme des tirs. La résidence de Gbagbo est essentiellement protégée par des membres de la Garde républicaine, une unité d'élite lourdement équipée.



Ces combats se déroulent après l'expiration de l'ultimatum lancé par Guillaume Soro, premier ministre du président Alassane Ouattara, au président sortant. Laurent Gbagbo avait «jusqu'à 19 heures pour démissionner», avait-il déclaré. «Il faut que Laurent Gbagbo se rende pour éviter un bain de sang» car «sinon on viendra le chercher là où il est», avait-il dit. «S'il démissionne, c'est bien, sinon il sera traduit devant la justice internationale», a déclaré Guillaume Soro.

Le gouvernement d'Alassane Ouattara a imposé un couvre-feu jusqu'à dimanche, valable de 21h00 à six heures du matin. Ouattara a également ordonné la fermeture jusqu'à nouvel ordre des frontières terrestres, aeriennes et maritimes de la Côte d'Ivoire.

» AUDIO - «Des commandos pro-Ouattara se sont réveillés à Abidjan»

Dans la métropole d'au moins quatre millions d'habitants, hérissée de barrages de jeunes pro-Gbagbo, la plupart des habitants ont préféré rester chez eux par crainte d'une bataille finale. Dans la capitale économique, le chef de l'Onuci - la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire - a affirmé que l'Hôtel du Golf, où le président élu en novembre était retranché depuis lors, n'est plus soumis au blocus des forces pro-Gbagbo. Les forces des Nations unies ont par ailleurs pris le contrôle de l'aéroport d'Abidjan.



Soro : "que l'Etat de droit... par Europe1fr

Dans un discours radio-télévisé, Alassane Ouattara a appelé jeudi les militaires encore fidèles au chef d'Etat sortant à «rallier» ses forces. D'ores et déjà, selon le chef de l'Onuci, «les 50.000 policiers et gendarmes armés ont tous quitté Gbagbo. Il n'y a que les forces spéciales de la Garde républicaine et les Cecos (commandos de forces spéciales)». L'Afrique du Sud a en outre affirmé que le chef d'état-major des armées de Côte d'Ivoire s'était réfugié au domicile de l'ambassadeur d'Afrique du Sud à Abidjan.

De leur côté, des militaires français se déployés en certains endroits de la ville, notamment pour protéger des ressortissants français attaqués par des partisans de Laurent Gbagbo dans le quartier des Deux Plateaux. Un millier de soldats français se trouvent en Côte d'Ivoire dans le cadre de l'opération Licorne.


• Pression

Pression internationale sur Gbagbo

La pression extérieure sur le régime en place va croissant. La France a appelé jeudi Laurent Gbagbo à «entendre le message» du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a exigé mercredi son départ immédiat, et à «arrêter de faire couler le sang» des Ivoiriens. Nicolas Sarkozy doit réunir vendredi le premier ministre François Fillon, les ministres des Affaires étrangères Alain Juppé et de la Défense Gérard Longuet, afin de «faire le point» sur la situation.

Les États-Unis ont quant à eux prévenu le président sortant que «s'il y a des violences importantes à Abidjan et que Gbagbo ne quitte pas le pouvoir, lui et ses proches, y compris sa femme Simone Gbagbo, devront être tenus responsables des actions qu'ils n'auront pas empêchées». «Nous espérons que (Gbagbo) agira dans le meilleur intérêt des Ivoiriens en évitant la guerre, en démissionnant et en respectant les résultats de l'élection», a déclaré le sous-secrétaire d'Etat américain chargé de l'Afrique.

Longtemps solide alliée du président sortant, avant de reconnaître la victoire de son rival au scrutin de novembre, l'Afrique du Sud a également appelé à la fin des violences, déplorant que le pays soit «en train de replonger dans la guerre civile».

Silence du président sortant

Malgré le vacillement rapide de son régime, le président sortant entretient encore le mystère sur ses intentions, livrer bataille ou se retirer. Laurent Gbagbo «n'a pas l'intention de démissionner» et «des milliers d'Ivoiriens vont prendre les armes pour défendre leur pays», a néanmoins lancé jeudi l'un de ses conseillers.

Si son rival se rendait, Alassane Ouattara a demandé selon son ambassadeur en France que son «intégrité physique» soit préservée. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi les deux camps opposés en Côte d'Ivoire à éviter tout acte de «vengeance».


• Situation humanitaire «dramatique»

L'ONG Human Rights Watch (HRW) accuse des milices et mercenaires libériens soutenant le président sortant d'avoir «massacré» des Ouest-Africains, dont «au moins 37» en un jour, le 22 mars dans une localité de l'ouest cacaoyer.

À Duékoué, dans l'ouest, quelque 40.000 dépl acés se trouvent à la mission catholique, où la situation humanitaire est «grave et préoccupante», a indiqué jeudi l'Onuci. La ville est contrôlée depuis mardi par les forces d'Alassane Ouattara.

«Afin de répondre aux besoins de la population ivoirienne et face à l'accroissement du nombre de déplacés intérieurs et de réfugiés» dans les pays voisins, la France a annoncé jeudi sa décision «d'apporter une aide humanitaire d'urgence» d'un montant global de «2,5 millions d'euros». «Un million d'euros sera alloué au Programme alimentaire mondial (PAM)», a déclaré le quai d'Orsay.