L'échoppe de la fameuse rogome, la mère Roquille aux Porcherons

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

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Au XVIII° siècle, il y avait des guinguettes, des cabarets borgnes, des bals bordant les bosquets qui longeaient le Chemin de l’Egout, devenu ensuite la rue de Provence après sa couverture par le Fermier général Laborde , supprimant ainsi les odeurs nauséabondes polluant les environs en raison des épandages des boues de cet égout pour la fertilisation des cultures maraichères, près du "Pont-aux-Choux" situé près du moulin jusqu’au chemin boueux de La Grande-Pinterue du Mont Blanc* qui conduisait chez Ramponneau. Dans la rue Neuve-des-Capucins (Rue Joubert) ordonnée par le roi le 8 juin 1780, il y avait une vingtaine de bicoques avant 1789**. Parmi celles-ci, il y avait là le "cabaret de la Mère Roquille, elle devait ce surnom à une petite mesure de capacité qu’on désignait  aussi sous le nom de canon. Chez la brandevinière, "robuste et forte en gueule, trônant derrire son comptoir d'étain, le poing sur la hanche, on y dîne et l'on y danse : "Marchant toujours enfin, on drille Jusque chez la mère Roquille Dont le commerce en possédé Sur  tous les autres a le dé En brandevin elle a la vogue, Et quoiqu'elle ait l'air assez rogue Elle souffre complaisamment La nuit, la maîtresse et l'amant Dans sa maison agir à l'aise Et de plus elle déniaise La jeunesse que tout exprès Elle attire dans ses filets" ...... "Cet exemple fait voire aux filles Le danger que chez les Roquille On court, quand par malheur, la nuit Chez elle on accepte un lit" .... On pouvait aussi y rencontrer des "raccoleurs" qui à force de rasades de vin bleu qu'ils faisaient boire à des jeunes gens, les  contraignaient à signer des engagements aux pauvres niaiis qui se retrouvaient ainsi enrégimenté. Article annonçant la démolition de ce cabaret. Cette femme, de son vrai nom Louise Violet était en même temps une entremetteuse qui tenait aussi un garni au dessus de son établissement tout prêt pour " la pratique" en mal de débauche. Ce lieu était fort réputé fréquenté selon Manuel dans "La police dévoilée" (dont je n'ai trouvé aucune trace) par des moines, des prêtres, et bien des filles du monde, venue là s'encanailler.. Le cabaret ne fut démoli qu’en avril 1896 lors du prolongement de la rue de Mogador avec quelques vieilles maisons entre la rue Joubert et la rue de Provence. Pendant la Révolution, sa petite fille, Reine Violet, épousant la cause de Marat, elle était « crieuse » de « l’Ami du Peuple » (le journal de Marat) pour provoquer la chute de la statue équestre de LouisXIV place Vendôme  jeta une corde pour enserrer et abattre ce symbole honni des révolutionnaires (à l’emplacement de la future colonne Vendôme). La statue avait déjà été déboulonnée  et notre pauvre «Reine» suspendue à la corde, fut écrasée par la chute du cheval de bronze et du Roi soleil.....

*Rue de la Chaussée d’Antin

**Parmi ces maisons, celle de "la Farcy" autre entremetteuse célèbre, qui s'était refaite une virginité en vendant son petit commerce pour s'associer à un agent de change (qui selon Brassens sont pis que des voleurs !)

***Aux numéros 20 22 24, le pied à terre galant du Comte d'Artois, qui servit de prison pendant la terreur principalement pour des anglais incarcérés sur ordre de Robespierre.  

Mise à jour le 03/04/2011