La dernière gorgée de vin

Publié le 05 avril 2011 par Fred Desbordes


La dernière gorgée de vin. Parce qu'on recule sans cesse. On pourrait dire qu'il y a des chandelles qui n'en finissent pas de couler. Et deux personnes qui jouent à d'accord/pas d'accord jusqu'à ce que tous les sujets soient épuisés. Et la bouteille presque vidée qui s'épuise parce qu'il faudra bien qu'on se le dise. Et le silence du désir qui s'installe, coeur ballant, un jouerait à la marelle histoire d'aller jusqu'au septième ciel. Mais avant ? Juste avant, les regards s'éternisent et se détaillent à la dérobée. Alors on suspend l'instant.
On pourrait dire qu'il fait bon et que les peaux frissonent au petit vent. Ou bien est-ce ce que chacune n'ose pas évoquer et qui pourtant est bien là, ce feu sacré qui lentement descend ?

Il reste cette dernière gorgée de vin que l'on dévisage en imaginant à ce “juste après”. Et la gorge qui se serre parce qu'on ne peut plus parler. Il fait chaud soudain. Les regards qui se frôlent et qui plongent enfin. Alors les mains se cherchent et se trouvent, les corps s'électrisent. 220 volts, le temps d'un baiser. Puis d'un autre et d'un autre encore tandis que les peaux se délivrent. La nuit qui leur appartient.

Cette nuit là, sur la table, il reste cette dernière gorgée de vin, abandonnée juste à côté des chandelles qui n'en finissent plus de couler.