Et si on faisait une reading cure ?

Par Benard


Par Marie-Odile Briet (L'Express), 

 

Se voir délivrer un livre sur ordonnance, ça vous tente?  

AltoPress / Maxppp

De la lecture considérée comme une médecine douce ? A Londres, les “bibliothérapeutes” de la School of Life prescrivent des livres en fonction de vos préoccupations du moment. Aussi efficace qu'un antidépresseur, mais, hélas, pas remboursé par la Sécu.

Enfin un cadeau original ! a pensé Bruce, Londonien de 43 ans, en trouvant, au pied du sapin de Noël, une enveloppe à en-tête de la School of Life contenant un “bon pour une séance de bibliothérapie”. Original au point que ce curieux professionnel, consultant en technologies de l'information, ne savait pas au juste de quoi il retournait. Il avait déjà entendu parler de laSchool of Life, la “pharmacie de l'âme” ouverte en 2008 par le philosophe Alain de Botton dans le quartier de Bloomsbury. On y trouve des ouvrages choisis pour leur côté provocateur ou inspirant - essais, romans graphiques, manuels deguerrilla gardening; on s'y inscrit à des ateliers à thème (”Trouver un job qu'on aime”, “L'amour dure-t-il toujours ?”) ou aux “sermons du dimanche” (un orateur y disserte du “pessimisme” ou de l'”envie”).Last but not least, la maison propose, en exclusivité, un service de “bibliothérapie”. Avec plus de 500 consultations depuis l'ouverture, cette dernière activité fait un tabac.  

Des livres sur ordonnance

Comment ça marche ? Vous remplissez un questionnaire détaillé sur vos habitudes de lecture, mais précisant aussi vos aspirations et préoccupations. Puis vous en discutez en “séance”, en face à face ou au téléphone, avec une “bibliothérapeute”. Quelques jours après, vous recevez une “prescription” de huit ouvrages, de fiction principalement. Développé par Ella Berthoud et Simona Lyons - deux condisciples de Cambridge, par ailleurs peintre et écrivaine -, le concept a tout de suite séduitAlain de Botton, qui, dansComment Proust peut changer votre vie(10/18), proposait déjà de puiser dans laRecherchedes clefs pour “être un véritable ami” ou “réussir ses souffrances”. A l'origine de leur démarche, il y a la conviction qu'un bon roman vaut tous les livres de développement personnel et leurs recettes simplistes. On y trouve un écho plus profond et plus durable aux vicissitudes de notre propre existence. On parvient à les mettre en perspective, en épousant tour à tour le point de vue de différents personnages, en explorant avec eux des milieux ou des contrées exotiques. Sans compter qu'un héros de papier à l'infinie capacité de résilience nous communique, souvent, une énergie nouvelle. Reste à trouver le bon livre… au bon moment.

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