Basic Instinct

Publié le 05 avril 2011 par Theguywhisperer

Vous souvenez-vous de votre tout premier jour à l’école secondaire? Ou avez-vous déjà dû changer d’école pendant votre primaire? Vous souvenez-vous du sentiment exact que vous avez ressenti en vous présentant, le matin, sur les lieux de votre nouvel établissement scolaire; angoissé à l’idée de bien paraître, obsédé à l’idée que vous ne vous ferez pas d’ami?

Ce sentiment désagréable, dans le monde des adultes, existe toujours. Je sais pas pour vous, mais moi, je le vis à chaque première date.

Une première date, c’est souvent pas le fun. C’est souvent le moment où on découvre que le gars devant nous est un tueur en série, ou pire, qu’il porte des Crocs. Imaginez un tueur en série qui porterait des Crocs.

Mais avez-vous déjà vécu une première date tout simplement agréable? Une première date qui, une fois terminée, vous procure une rare assurance que ça a vraiment, vraiment bien été avec la personne? Vous savez, quand il y a des petites étincelles dans l’air et des petits papillons dans les ventres.

Et est-ce que ça vous est déjà arrivé, après tout ça, de ne plus jamais avoir de nouvelles de la personne?

Qu’est-ce qui fait que parfois, notre instinct peut être assez dans le champ pour nous envoyer le signal qu’on vit un court moment miraculeux avec un prospect, pendant que dans la tête de celui-ci, c’est exactement le contraire qui se produit alors qu’il fantasme probablement sur sa prochaine game de hockey au Xbox?

Mon amie, appelons-la Gina, a vécu une de ces premières dates qui se déroule bien. Au terme de sa soirée, elle était aux anges; elle a même confié chaque petit détail de l’événement à son ami Paul, qui s’est empressé de confirmer son enthousiasme. Selon lui, pas de doute: elle venait de vivre la meilleure première date ever.

Par chance, le prospect, appelons-le Gino, l’a rappelée pour une deuxième, puis une troisième date. Si bien que, aujourd’hui, croyez-le ou non, Gino et Gina forment un couple.

Mais récemment, alors que Gina se remémorait les meilleurs moments de leur première date, Gino lui confia que, dans son livre à lui, à ce moment-là, Gina était bien loin de la victoire. En fait, il a bien failli ne jamais la rappeler.

Gina était sous le choc.

En fait, il faut dire que ce soir-là, Gino avait invité Gina à souper… Alors qu’elle avait déjà soupé. Gina se retrouvait devant un choix: soit elle avouait à Gino qu’elle avait déjà mangé, que Gino soupait chez lui et qu’il se retrouvaient plus tard dans la soirée pour se voir, soit elle gardait ce secret pour elle et avait la chance, par le fait-même, de voir Gino plus longtemps. Gina, qui appréciait déjà Gino, décida de maximiser sa soirée en passant le plus de temps possible avec lui et, par le fait-même, en mangeant secrètement deux repas de suite.

Au restaurant, Gina constata bien vite pendant son repas qu’elle n’était simplement plus capable de manger. Deux repas de suite, ça paraît facile, mais ça ne l’est pas du tout. Elle déclara forfait de son plat assez tôt pendant la soirée.

Ce qui semblait un détail anodin pour Gina, était toutefois, pour Gino, un pépin immense. À ses yeux, Gina refusait de manger pour ne pas mal paraître devant lui. Comment pourrait-il fréquenter une fille qui n’est pas à l’aise de manger en quantité normale? Gina, qui avait décidé de se sacrifier en mangeant un deuxième repas par appréciation pour Gino, avait bien failli, par le fait-même, le perdre.

L’histoire de Gino et Gina est véridique, mais heureusement, elle s’est bien terminée. Malgré tout, ce qu’il faut tirer de cette histoire, c’est que tout est une question de perception, et que notre instinct, parfois, peut nous jouer des tours. Ce qu’on pense être le coup de foudre peut parfois se terminer en queue de poisson alors qu’on finit enterrée vivante au Mexique, ou pire, enterrée vivante au Mexique en Crocs.


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