FAIR GAME de Doug Liman (2010)

Par Celine_diane


Seul film américain sélectionné à Cannes en 2010, Fair Game s’empare de l’Histoire contemporaine et revient, à l’instar du Green Zone de Greengrass, sur l’assertion erronée et volontairement mensongère, de la présence d’armes de destruction massive en Irak. Ultra documenté, Doug Liman retrouve le droit chemin cinématographique (après l’horrible Jumper notamment) et raconte, sobrement, efficacement- l’histoire vraie du couple Valérie Plame/Joe Wilson qui ne trouva aucune trace d’armement nucléaire en Irak ni aucune trace de l’uranium supposément vendu par le Niger. Point de départ aux ennuis des deux agents de la CIA, engagés et prêts à tout pour dénoncer l’immense supercherie gouvernementale.
Doug Liman promène sa caméra de l’Egypte en Jordanie, de la Malaisie en Irak, et signe une œuvre passionnante et sans temps mort, qui s’inspire des bouquins écrits par les intéressés (The Politics of Truth de Wilson, Fair Game de Plame) et s’appuie sur un duo de cinéma solide (Naomi Watts, plus Nicole Kidman que jamais- et Sean Penn, crédible). A la fois drame humain (avec ce mariage qui éclate sous la pression) et thriller politique réaliste, le film mélange archives d’interventions présidentielles et reconstitution des dessous et enjeux politiques, et revient sur les origines de la guerre en Irak et les différents niveaux de responsabilités de l’Amérique. Les fabulations des autorités, le silence des hauts dirigeants, mais aussi l’immobilisme de tout un peuple américain- aveugle et soumis, manipulé par les médias. "Le monde est dangereux à vivre non à cause de ceux qui font mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire." disait Einstein.