Parti socialiste : primaires ou dîner de cons ? Une nouvelle interview exclusive de Serge Federbusch pour le Delanopolis !

Publié le 01 avril 2011 par Delanopolis
Cela n'a pas été facile, mais nous avons sorti notre élu parisien favori, Serge Federbusch, de son état méditativo-transcendental, pour l'interroger à nouveau sur la situation au Parti socialiste et ses fameuses primaires qui, dans les mois qui viennent, risquent de faire passer les crises lybienne ou japonaise pour des promenades de santé ! Le Delanopolis : "Bonjour Serge"

Serge Federbusch : "Qu'y a-t-il ?"

D : "Rien de grave, rassurez-vous, il s'agit juste de reprendre notre petite conversation sur le PS et ses primaires. Alors où en sommes-nous selon vous ?"

S.F. : " D'abord, Aubry est en train de verrouiller efficacement le dispositif, comme on pouvait s'y attendre. Sous prétexte de limiter les dépenses occasionnées par les primaires, elle a réduit à un niveau ridicule les sommes allouées aux candidats pour leur campagne, le nombre de réunions et de débats et les moyens affectés à l'organisation matérielle du vote. Ceci a évidemment pour objectif d'empêcher qu'un de ses concurrents ne fasse trop facilement appel au peuple des sympathisants et ne mobilise en dehors des militants du parti, bien encadrés et contrôlés. Ces primaires "light" ne vont pas attirer les foules d'électeurs vers les salles et les permanences un peu rustiques où ont lieu d'ordinaire les votes internes au PS. Tout est fait pour dissuader l'afflux de votants non maîtrisables par l'appareil et donc les votes Royal ou DSK."

D : " Mais les autres candidats vont se rebiffer, surtout ceux qui espèrent ouvrir le jeu comme Royal ou DSK précisément ?"

SF : "Pour Royal, c'est possible. Elle attend sans doute la première faute grave de l'appareil pour dénoncer toutes ces simagrées. Aura-t-elle le courage et les moyens d'aller au clash total ? Cela va dépendre de ses soutiens extérieurs. Mais les médias jouent contre elle, ne négligeant jamais une occasion de la faire passer pour marginale ou ridicule. Pour DSK, tout va dépendre de la nature de son "deal" réel ou supposé avec Aubry."

D : "C'est à dire?"

S.F. : " L'idée qu'Aubry et DSK auraient fait le serment de ne pas se présenter l'un contre l'autre est peu convaincante. Quel serait le contenu de cet accord ? A DSK l'Elysée et à Aubry Matignon ? Franchement, je n'y crois pas même si toutes les surprises sont possibles. Aucun ne se voit en subordonné de l'autre après 2012. S'ils s'affrontent, ce qui est le plus probable, on peut s'attendre à ce que les soutiens de DSK dénoncent à un moment ou à un autre l'organisation des primaires par l'appareil. Ils auraient déjà dû le faire mais ils sont coincés par la non-candidature officielle de DSK qui les contraint encore à faire profil bas. Décidément, cette volonté de rester le plus longtemps possible au FMI est une grave erreur.

D : "Et la candidature Hollande ?"

S.F. : "La vraie question est désormais de savoir à qui Hollande va piquer le plus de voix. La présence de Hollande condamne vraisemblablement soit DSK soit Aubry à passer derrière Royal qui pourra compter sur la mobilisation des réseaux "Désirs d'avenir" et n'a pas le même électorat. Hollande prendra des voix à DSK parmi les militants et sympathisants "modérés et centristes" du PS mais il en soustraira aussi à Aubry : les apparatchiks, les historiques. A l'heure actuelle, Aubry est légèrement moins menacée que DSK par Hollande mais tout est très serré. Ce dernier pourrait même créer une dynamique favorisée par les médias qui privilégient toujours les surprises, c'est un peu une question d'audimat."

D : "Et ensuite ?"

S.F. : " Face à Royal, au deuxième tour, Aubry ou Hollande sont quasi-sûrs de l'emporter, ils sont plus proches du centre de gravité du PS. Paradoxalement, DSK l'est un peu moins. Mais, d'ici là, les magouilles et scandales qui entacheront l'organisation et le déroulement du scrutin ont de fortes chances de tout faire voler en éclats."

D : "On ne va pas pleurer."

S.F. : " En effet ! Quand on voit les premières mesures du projet du PS, d'une ringardise incroyable, on se dit qu'il vaut mieux le voir encore longtemps dans l'opposition. Hélas, une nouvelle défaite en 2012 lui conserverait une relative virginité politique et il pourra continuer à surfer sur l'impopularité du pouvoir exécutif, en 2014, pour conserver ses mairies, notamment celle de Paris. La peste nationale ou le choléra parisien ? Que faut-il préférer ? Je vous laisse seul juge."