Le nuage radioactif laisse ses premières traces au Vésinet et en France

Publié le 30 mars 2011 par Labasoche

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Selon les premiers résultats mettent en évidence des traces d’iode 131, un radioélément potentiellement responsable de cancers de la thyroïde… Et ce n’est pas fini.

Cinq jours après la date d’arrivée estimée du panache radioactif au-dessus de l’Hexagone, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) estime toujours que les rejets de la centrale nucléaire de Fukushima n’ont pas de conséquences sanitaires en France. Le niveau de radioactivité enregistré dans l’air du 24 au 28 mars n’a d’ailleurs pas suffisamment augmenté pour être détecté par le réseau de 163 balises de l’IRSN qui contrôle en continu la qualité de l’air en métropole.

Détection d’iode 131 dans l’air…

Cela n’est toutefois pas suffisant en soi pour conclure à l’absence de risque sanitaire, juge la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Une surveillance plus fine de l’air, nécessitant des analyses de prélèvements en laboratoire réalisés en quelques jours, atteste de la présence du nuage au-dessus de l’Hexagone. Des traces anormales d’iode 131, un radioélément pouvant provoquer des cancers de la thyroïde à partir d’une certaine exposition, ont été détectées sous forme de particules sur des prélèvements réalisés entre le 26 et 27 mars à Orsay et au Vésinet, en région parisienne. Leurs valeurs sont inférieures au milli becquerel par mètre cube, (de l’ordre de 0,10 à 0,23 mBq/m3). Mais ces données doivent être complétées par des analyses permettant de détecter la présence d’iode radioactif sous une autre forme (gaz) grâce « à des cartouches de piégeage à charbon actif ». Mises en œuvre sur seulement huit stations en France, ces analyses devraient vraisemblablement faire augmenter la contamination détectée. Au final, l’iode 131 pourrait être quatre fois supérieur aux valeurs déjà observées, estime l’IRSN. La Criirad évoque, quant à elle, un coefficient multiplicateur de 3 à 14, sur la base de résultats obtenus aux États-Unis. Quoi qu’il en soit, ces chiffres restent entre 1 000 et 10 000 fois inférieurs aux quantités relevées à la suite du passage du nuage de Tchernobyl en France, conformément aux anticipations de l’IRSN. « Les valeurs mesurées dans l’Est étaient à l’époque de l’ordre de 1 à 10 Bq/m3« , rappelle-t-il.
et dans l’eau
Mais lors de ce genre de contamination, le risque vient d’abord de l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Une contamination bien réelle : du 26 au 27 mars, de l’iode 131 a été retrouvé par l’IRSN dans de l’eau de pluie au Vésinet, en région parisienne, à un taux de 1,73 Bq/L. La Criirad a quant à elle détecté 0,7 Bq d’iode par litre sur de l’eau de pluie recueillie en Drôme-Ardèche du dimanche 27 au lundi 28 à 10 heures. Selon le laboratoire indépendant, cela a provoqué un dépôt de radioactivité au sol de 8,5 Bq par m2. Et cette dose pourrait augmenter avec les effets d’accumulation sur plusieurs jours.
« Pour l’instant, on est dans un risque environnemental que l’on peut considérer comme négligeable, même s’il n’est pas nul. Mais nous ne sommes que dans les premières semaines de contamination. Or les particules stagnent actuellement sur l’Europe et le nuage de Fukushima n’est pas fini« , prévient Roland Desbordes, le président de la Criirad. Selon la commission, les conditions météorologiques (la tombée de pluies ou non) devraient jouer un grand rôle dans l’accumulation d’éléments radioactifs au sol, les dépôts dits « humides » s’ajoutant aux dépôts secs. Au total, cumulés sur 15 jours, ils pourraient atteindre plusieurs centaines de becquerels par mètre carré voire quelques milliers, estime la Criirad. Cela ne devrait entraîner que des niveaux de contamination « très faibles » sur les légumes (épinards, salades, blettes) et le lait, aliments les plus sensibles, rassure-t-elle.
Ce qui n’empêche pas la Criirad de souligner l’importance de surveiller la situation afin de pouvoir prendre des mesures de précaution, comme l’ingestion de comprimés d’iode, en cas de besoin. La Criirad va notamment se pencher sur le niveau de plutonium, très difficile à détecter, mais qui peut avoir des effets très nocifs sur la santé, même à de faibles doses. Les dernières informations en provenance de Fukushima montrent que la centrale en laisse échapper. Heureusement, ce radioélément retombe beaucoup moins rapidement au sol (ou dans la mer) que
d’autres radioéléments comme l’iode 131 ou le césium 137, véhiculés par le nuage.