Cinq mille kilomètres par seconde de Manuele FIOR

Par Lecturissime

♥ ♥

Fauve d’or du meilleur album Angoulême 2011

L’auteur :

Manuele Fior est un auteur de bandes dessinées et illustrateur italien. 

L’histoire :

Lucia et sa mère emménage en face de chez Piero. L’adolescent tombe rapidement amoureux de sa mystérieuse voisine et aux côtés de son ami Nicola, il tente de la séduire. Plusieurs années plus tard, nous retrouvons la jeune étudiante italienne en Norvège et le jeune homme en Egypte. Leur relation s’est interrompue, mais séparés, ils n’en continuent pas moins à penser l’un à l’autre…

Ce que j’ai aimé :

-   Les ellipses temporelles jettent sur l’histoire des deux protagonistes un voile nébuleux que le lecteur lève peu à peu, au fil des pages. On retrouve Lucia et Piero à des moments-clés de leur vie, dans de courtes séquences significatives, mais leur passé reste seulement suggéré. Lucia semble particulièrement prisonnière des entrelacs du temps et des regrets qui parfois se forment au détour d’une déception.

-   Les aquarelles traduisent admirablement la nostalgie flottant insidieusement au-dessus des personnages.

-   Cinq mille kilomètres par seconde est aussi le portrait d’une génération : celle de trentenaires qui se cherchent, partent à l’autre bout du monde sur un coup de tête, plutôt que d’affronter des situations complexes, induisant ainsi des choix souvent irréversibles.

 

« Cela fait vingt ans que je travaille en Egypte. J’ai consacré plus de temps à cette terre et à ses habitants qu’à ma famille. Hassan me dit souvent que je devrais retourner à la maison. Je lui réponds que je me sens libre ici que je suis heureux. Vous savez ce qu’il me répond ? Que ce n’est pas une question de liberté ou de bonheur. Mais de faire le bon choix. Vivre loin de chez soi, ce n’est pas normal. Abandonner sa demeure n’est pas un bon choix. Nous ne serons jamais vraiment d’ici. Mais en partant, nous avons aussi cessé d’appartenir à l’endroit que nous avons quitté. Nous serons toujours des étrangers ici et avec le temps nous le devenons également aux yeux de ceux que nous aimons. Nous croyons être libres. En vérité nous sommes des exilés, des âmes égarées. Faites le bon choix tant que vous le pouvez encore. »

Ce que j’ai moins aimé :

-   Cet album met en scène une vision très désabusée, désenchantée de la vie et du couple.

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Cinq mille kilomètres par seconde, Manuele Fior, traduit de l’italien par Nicolas Elmer Mathieu et Christophe Gouveia Roberto, Atrabile, janvier 2010, 19 euros