La société civile au secours du politique?

Publié le 09 avril 2011 par Xylophon

Je me suis souvent posée la question du Savant et du Politique.

Le politique est parfois partout mais aussi nulle part. L'expert est lui par définition spécialisé, technicien. La politique ne peut pas se passer d'expertise mais l'expertise ne peut vivre sans politique.

C'est dans cet équilibre subtil, dans ces interactions invisibles que se construisent à mon sens tous les jours les interstices de démocratie. Sans le politique, l'expert se risque à la technocratie, à la gouvernance des procédures, bref à la hiérarchie de la technique sur l'humain.

Sans l'expert, le politique se risque au populisme et à la démagogie.

Cette semaine, deux déclarations de candidatures à la présidentielle de 2012 ont été faites justement par des hommes qui ne sont pas des « politiques  habituels ». Il n'ont pas fait Science Po et l'ENA et veulent garder une certaine liberté vis à vis des appareils politiques et de leurs dérives partisanes.

Jeudi dernier donc, dans la dernière émission d'Arlette Chabot « A vous de juger», Jean-Louis Borloo annonçait son départ de l'UMP et sa candidature à la présidentielle. Critiquant assez fortement la politique du gouvernement Sarkozy dont il a fait pourtant parti, le président du Parti Radical, revendique une France plus juste et surtout plus solidaire.

L'ancien dépeceur d'entreprise, a fait repentance. Après avoir fait fortune sur les entreprises à l'agonie, Jean-Louis Barloo, s'est surtout fait connaître par la reconstruction de Valenciennes. Il y a apporté des usines (Toyota) et de la culture pour reconstruire le lien social et le vivre ensemble dans une cité durement touchée par la crise de la sidérurgie et du textile.

Après son parcours de Maire, Barloo entre au gouvernement sous Chirac. Il marquera alors ses années par une politique de la ville relativement audacieuse: la rénovation urbaine est au cœur du dispositif avec l'A.N.R.U (Agence nationale de renouvellement urbain). Puis viendra les années Sarkozy: égarement politique, ou choix de changer les choses?

Jean-Louis Barloo devient alors ministre de l'économie puis de l'environnement.

Sentant le délitement et surtout la dérive idéologique umpiste, Jean-Louis Barloo se place aujourd'hui en candidat de centre droit.

Médiatique mais discret, Nicolas Hulot a sans doute lui aussi longtemps tergiversé. En 2007, déjà il annonçait sa possible candidature au cas où les candidats à la présidentielle ne signaient pas son Pacte Ecologique.

Si on ne ne doute pas de son engagement écologique justement, on ne sais pas grand chose du positionnement idéologique de ce baroudeur aventurier. Sa candidature peut apparaître comme une forme de contestation des hommes politiques, à l'image de celle de Coluche en 1981.

Préoccupé légitimement par le sort du monde, très au fait du problème du dérèglement climatique, des dangers que fait peser l'homme sur son environnement, je ne suis pas sûre que politiquement justement,il sache concrètement mettre en œuvre l'action publique.

C'est bien là la différence entre le savant et le politique. Et le danger finalement de faire de l'écologie pour l'écologie en oubliant la dimension sociale et les problémes quotidiens des français.

Madame Kosciusko Morizet annonçait son projet d'interdire les voitures les plus anciennes dans les centres villes. Mais qui aujourd'hui a les moyens de se payer une voiture neuve?

On nous dit également qu'il est nécessaire de réduire l'étalement urbain (même si Sarkozy semble faire le contraire avec son projet du grand Paris), mais qui aujourd'hui a les moyens de devenir propriétaire dans les centres des grandes villes françaises?

Ces deux candidatures sont plutôt positives car elles apportent peut être une nouvelle façon de faire de la politique. Mais l'image médiatique et le positionnement écologique, ou le choix de porter un rassemblement pour l'égalité et la solidarité ne suffiront pas.

Après les fausses promesses de N.Sarkozy, les français n'ont jamais eu autant besoin de concret...