Réf DT 32: Étonnements II

Publié le 09 avril 2011 par 1132nd

Il y a quelque temps, dans mon dernier article, j’ai essayé d’isoler et d’identifier un réflexe dangereux qui se dessine à Maurice: l’explication facile des faits sociaux à travers la polarisation éthnique. Toutefois, je m’y suis pris naïvement, un peu maladroitement aussi, probablement faute d’avis contraires dans la section « commentaires » qui m’auraient poussé à modifier mon expression, ou même ma pensée. En fin de semaine, en me réveillant un matin, j’ai toutefois eu droit a un exemple dans lequel, je suis convaincu, naitra un vrai débat. L’imprimé d’écran se passe de commentaire. Autant le jeune ici est justement scandalisé si les faits de l’article en question sont vrais, autant la suite m’a siderée:

La partie qui m’interpelle est celle-ci:

« Et pourtant l’hindouisme, quelle belle religion! »

Je me dis que j’ai peut-être mal lu. Je me retourne vers l’article en question et le parcours à nouveau. Mais voilà, la seule référence à la religion que je note est cette phrase :

« En guise de boutade, le CEO dit que le seul droit qui lui a été refusé est celui de construire un lieu de culte. »

L’amalgalme que fait le jeune entre « Indien », citoyen de l’Inde; « hindou », personne qui pratique l’hindouisme et « Indo-mauricien », citoyen Mauricien pratiquant l’hindouisme, est choquant. Surtout en 2011.

Avant que je n’ai le temps de formuler un jugement sur ce phénomène, un nouvel élément s’ajoute a l’équation : un autre article de presse. Le terme « Indiens » m’interpelle. Que font des resortissants indiens sur Agalega? Je me souviens vaguement d’un projet de dresser une carte maritime du territoire maritime mauricien « aimablement » proposé par les Indiens. Serait-ce pour cela qu’ils seraient sur Agalega? L’article ne m’apprendra pas plus. Par contre, le journal nourrit l’amalgame:

« La présence d’un drapeau du groupe socioculturel VOH est une autre raison qui fâche les îlois, souligne Laval Soopramanien. Il explique que des officiers travaillant dans l’île seraient affiliés à la VOH, qu’ils arborent le T-shirt portant le slogan du groupe et plantent ces drapeaux près d’un lieu de culte hindou. Cela crée une certaine gêne parmi les habitants de l’île. Jean-Maurice Labour a dénoncé un certain abus de pouvoir de la part de l’OIDC. “C’est une monopolisation de l’île”, s’est-il insurgé. Il a souligné divers problèmes liés à la mauvaise gestion de l’île, comme le manque de transparence. »

Ainsi, à « Indien », « hindou » et « Indo-mauricien », nous avons maintenant droit à un drapeau de la VOH et des officiers de l’OIDC (doit-on leur attribuer automatiquement à une ethnicité specifique vu leur metier?).

Je commence a me montrer indulgent à l’égard des propos du jeune cité plus haut, quand je tombe sur les propos de notre Premier ministre en personne :

« Il y a des personnes qui ne veulent pas entendre parler d’investissement d’origine indienne ou chinoise. Ils veulent voir les mêmes continuer à faire du business. Aussi longtemps que je serai là, cela ne se passera pas ainsi ».

La polarisation éthnique est exacerbée, ensuite martelée par les sous-fifres, au cas où le message n’aurait pas pénétré le psyché de certains.

Tout à coup, je ne suis guère étonné par la confusion et l’amalgame qui animent ce jeune. Doit-on vraiment lui faire un procès de ne pas connaître suffisamment les subtilités des pratiques de ses voisins de toutes ces années, lorsque ses ainés et les médias alimentent constamment la polarisation ethnique « les hindous v/s les autres » depuis que l’Alliance Sociale s’est transformée en l’Alliance de l’Avenir? Je ne pense pas.

Par contre, sois sur tes gardes Mauricien, tes ainés ne te veulent pas que du bien.