Critique : Rudy a vu pour vous "LES GENS MOCHES NE LE FONT PAS EXPRES" de Jérémy Patinier

Publié le 11 avril 2011 par Veryfriendly
Aujourd'hui, j'ai revu sur Canal Plus le film "Le Refuge" de François Ozon, et je me suis remémoré l'instant où je l'ai vu en avant-première. J'étais subjugué par cette histoire si forte et si triste. Bon, hélas, le film n'a pas remporté le succès qu'il méritait. Si je vous parle de ça, c'est que l'émotion que j'ai ressenti lors de cette diffusion en salle fut la même pour la pièce que je vais vous décrypter.

De prime à bord, le titre ne vous parle pas, l'affiche non plus. C'est dans un cadre intimiste qu'à eu lieu le rendez-vous. Au théâtre de Ménilmontant, dans le vingtième arrondissement. J'avais rendez-vous pour dix-neuf heures trente. Je suis venu un peu en avance. Le salle ouvre ses portes, et c'est dans une ambiance intimiste que nous sommes reçus, une petite salle avec des chaises, des tabourets, une estrade. Rien de bien passionnant. Une petite salle donnant sur la scène, à proximité de l'interprète.

La pièce démarre avec une intro de Marylin Monroe "I wanna be loved by you". Sarah François assume ses rondeurs, habillée en ballerine, ou l'art de la dérision. Jouant sur les codes de la féminité, elle dépeint une société qui accepte facilement les filles sveltes, mince. Sarah seule en scène prouve que les filles fortes dites "grosses" peuvent être gracieuses et qu'elles peuvent jouer de leur physique également. Leur atout : le rire! Portant une perruque blonde à la "Marylin", elle allie force et grâce. Un coup de gueule face aux diktats de la mode et de la maigreur que les magazines et les pubs nous vendent à tour de bras. Elle y interprète une jeune femme du nom de Lourdes.

La musique du groupe Abba "Dancing Queen" rythmera toute la pièce, telle une "Muriel" qui essaye de voir malgré tout, la vie du bon côté. Ironique envers elle-même, elle interprète un titre humoristique drôle et léger sur la métaphore des crèmes de beautés et autres crèmes amincissantes. Puis "Dancing Queen" redémarre, elle prend la pose telle une Kate Moss. S'en vient les questions existentielles sur la beauté.
L'interprète nous raconte que pour être beau, il faut être bête, et que pour être moche, il faut être intelligent. Sarah joue une fille drôle, légère, à la manière des pièces de Molière. Cela va au-delà d'une simple pièce de théâtre, elle aurait pu être déclinée en One-Woman Show, tant les réparties sont intéressantes. Un regard acide sur les filles fortes.

Les intro rythment systématiquement la pièce pour essayer de clôturer chaque acte, chaque scène. Comme une comédie à l'italienne. Le tube "Dancing Queen" habille la pièce entre chaque métaphore sur les gros, remplies de références culturelles : "Botero", "Pedro Almodovar", mais également de la vie de tous les jours où elle n'épargne personne : les roux, les vieux, les gros, les moches, les défauts de tout à chacun.

Souvent excessive, survoltée, elle dépeint souvent avec justesse notre société.

Une série de sketchs basée sur les films italiens à sketchs, des années 50 à 80. Alternant tour à tour des entrechats, sur un air de musique classique, à des textes acides. L'actrice nous montre que l'on peut-être à la fois bien en chair tout en étant un être humain, comme les autres. C'est simplement le regard stéréotypé des autres qui fait que l'on se sent différent.

Dans un moment assez drôle, (l'avait t-elle prévue?) essoufflée, Sarah nous expose une vérité cruciale : "la beauté intérieure, parfois, même chez les moches, elle n'existe pas !". Elle passe en revue tous les codes de la beauté, et pour Sarah, toutes les vérités sont bonnes à dire...

Puis, elle nous pose des questions existentielles sur les moches, digne d'un test d'un magazine féminin. Tout le monde y passe : Le front national (Marine Le Pen, et une mention spéciale et bien trouvée pour Martine Lehideux, qui porte bien son nom), les moches et leur esprit de vengeance, les moches et leur mauvais goût pour les habits. Le combat de la beauté et de la laideur avec cette phrase intéressante : "J'avale les hommes comme des muffins". Cette phrase pourrait également être l'étendard des boulimiques, il ne suffit pas forcément d'être grosse...

Soudain, Sarah danse "le lac des cygnes" de Tchaïkovski, toujours habillée de son tutu, elle fait ses pas de danse et entrechats avec agilité et élégance. Pour ma part, j'ai découvert deux femmes en elle. La passion et l'assurance d'une danseuse et l'interprétation et la justesse d'une artiste. Non pas d'une comique, mais d'une comédienne voir tragédienne. Une pièce entre force et légereté. Pour ma part, le moment de la danse restera un des plus grand moment intense de cette pièce.

Le cynisme sur les gens beaux, le vieillissement, la laideur, voici comment s'ouvre ce nouvel acte. Les vieilles qui s'habillent mal, elle désire être vieille et belle. Sarah imite une vieille dame à l'heure du goûter, mangeant son Kinder Country, tout en parlant de Kate Moss, et de la maigreur en général. Elle ne le mange pas, elle l'engloutit !

A ce moment, les gens rigolent de bon cœur dans la salle. Sarah pose la question suivante : "De quoi ont peur les gens beaux? Les gens qui vont bien? De la vieillesse? De la Gentillesse?". Pour elle, les gens moches ne le font pas exprès. Elle parle du regard des autres par rapport aux moches. Comment les gens perçoivent-ils les beaux? Puis les moches? Un écart se creuse...Elle parle des différences : les différences culturelles (langues étrangères et les incompréhensions face aux autres qui nous sont différents). S'en vient des métaphores sur les cartes, la géographie par rapport aux gens de forte corpulence. Le tout allié aux mini-saynètes qui rythment la pièce.

Une autre question lui taraude l'esprit : "A qui en vouloir quand on est moche?". Une question que bon nombre de personne se pose : "la beauté fane, la laideur apparait avec le temps". Oui, tout le monde se pose la question, tout le monde sauf...les magazines de mode et leurs images retouchées sur photoshop !

Ensuite, elle mime dans un comique de geste, Mireille Mathieu interprétant "la Marseillaise", arborant sur elle une écharpe présidentielle ou plus tôt une écharpe de Miss France... Elle parle des habits de couleur que portent les minces, et qui ne donnent pas le même effet sur les grosses. Elle fait des parallèles...

Autre acte, autre tableau : Sarah dépeint une femme à la paralysie faciale. Tout le monde y passe, personne ne sera épargné. Cette femme parle d'une femme moche détestant les moches, tout en les critiquant. Pourtant elle se croit belle : "On voit des moches au rayon Chips des supermarchés ou au soleil, là elle reste à l'ombre". Et si seulement, les égocentriques n'étaient pas les beaux, mais les moches ? Les égocentriques qui seraient catalogués de marginaux, qui ne veulent rien faire comme tout le monde.

Les grosses et le métro. Pour elles, il n'y a jamais de place pour s'asseoir. Puis, elle ouvre un coffre, met ses boucles d'oreille en bonbon, et entonne un air d'opéra : "l'air des bijoux" de la pièce "Faust" de Gounod. (Ah! Je ris de me voir si belle dans ce miroir). Comme si les grosses ne pouvaient rien interpréter d'autre que des airs d'Opéra. Je dirai : Non, il y a bien Ginette Reno, Magali Vaé...Mauvais exemple pour cette dernière...Un texte métaphorique sur la grosseur.

Nous arrivons à la conclusion, Lourdes fait son speech final sur le fait de s'aimer et de s'accepter tel que l'on est. Une pièce drôle, fine et sympathique avec des codes faisant référence à l'actualité.

Une pièce comique entre Tex Avery et Jim Carrey, alliant danse classique et musique moderne. Une pièce qui donne espoir aux jeunes actrices qui se sentent différentes et qui souhaitent s'accepter.

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RESERVATIONS :
DATES 7 avril - 14 avril - 15 avril - 16 avril - 21 avril - 22 avril 2011
11€ en prévente avant le 31 MARS SUR BILLETREDUC http://www.billetreduc.com/49737/evt.htm

OU
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La compagnie SARBEN revient en 2011. Pour fêter ses quatre ans, elle propose un tarif groupé (sur place) au Théâtre de Menilmontant pour ses 4 pièces :

- Les gens moches ne le font pas exprès de J. Patinier
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- On purge bébé de G. Feydeau
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TARIFS :
Pour une pièce: 18 euros / 11€ en prévente
Pour deux pièces: 24 euros
Pour trois pièces: 33 euros
Pour quatre pièces: 40 euros

RESERVATIONS:
THEATRE DE MENILMONTANT
15, rue du retrait 75020 PARIS
TEL: 01 46 36 98 60

http://www.menilmontant.info/index.php?page=show&IDs=189&id=proch&IDp=279

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