186. I Want Somebody I Don't Have To Talk To

Par Dylanesque
Avril 2011. 

J'ai accumulé tellement de choses à raconter que je ne sais plus quoi raconter. Je dors un peu mieux mais je suis plus lunatique que jamais. Je me plains alors que franchement, je suis pas à plaindre. J'ai troqué mon arrogance pour de la froideur. J'ai les cheveux tout courts, ça me rend encore plus sévère et ça me donne froid au crâne. J'écoute toujours la musique de mes quinze ans dans une bulle de nostalgie qui ne me protège même plus du reste. J'ai raconté ma vie sur une scène de théâtre mais ça n'a soulagé personne. J'ai une idée plus précise de ce que je vais faire l'an prochain, mais c'est plus par dépit que par volonté. Je cherche naïvement un job d'été qui me permettrait à la fois un salaire et de l'évasion. Je me vois bien vendre des glaces sur la plage de l'île d'Oléron. Je vais aller prendre l'air du côté de Brest et Quimper pendant les vacances, ce sera du plaisir éphémère, pour pas cher. J'ai de quoi me réjouir musicalement parlant car je vais aller voir Explosions in the Sky en vrai et que pleins de beaux albums me tombent dans les oreilles en ce moment, du nouveau Bill Callahan au dernier Low en passant par la livraison annuel de l'ami Jeremy Jay. Je me suis même replongé l'espace d'un instant dans Nirvana grâce à mon colocataire et ça m'a rendu étrangement triste. Kurt Cobain m'a refait penser à la mort, de manière encore plus sinistre que la dernière fois. L'autre jour, il a fait vraiment beau et j'ai presque passé une belle journée, toute simple, mais une fois la nuit tombé, avec toutes les lumières grillés dans l'appartement, j'ai de nouveau broyé du noir. Dans le noir. Sans le vouloir. J'espère que ma web-série vous plaît et je vous remercie pour vos commentaires chaleureux. Je culpabilise parce que je ne prends pas le temps d'y répondre. Ni de commenter à mon tour vos blogs qui font parties des belles lectures quotidiennes. Je fume toujours autant et pour la première fois, j'ai l'impression de sentir mes poumons s'obstruer, se noircir. Parfois je me mets au travail et j'adapte mon roman préféré de Jack London en pièce de théâtre mais je ne suis plus aussi efficace qu'avant, il me faut du temps, une concentration qui n'est pas là. Je gagne ma vie en surveillant des lycéens toute la journée, tout ça pour acheter mes cigarettes et des surgelés. Je mange mal. Quand je m'ennuie vraiment trop, je nettoie mon appartement et puis je le laisse devenir dégueulasse jusqu'à ce que ce ne soit plus vivable. Je me brise le coeur à tomber amoureux de tout et de rien. Je brise des amitiés à force de m'en foutre. Je ne sais plus que je veux alors que c'est savoir ce que je veux qui m'a toujours fait avancer. J'ai des petits demi-frères que je ne vois même pas grandir. J'ai les ongles sales, les chaussettes troués. Ma consommation de whisky a augmenté de manière inquiétante. Parfois, je ne pense pas à l'amour et parfois j'y pense trop. J'y pense jamais au bon moment. Mes chansons préférés m'y font cruellement penser. J'aimerais apprendre à jouer du piano en claquant des doigts mais j'ai du mal à claquer des doigts. Je ne vais plus du tout au cinéma et je n'aime pas qu'on me parle des films que je n'ai pas vu, ça me rend amère. Je savais épicé mon quotidien, je ne fait que le rendre plus amère, jour après jour. Je me couche tard, je me lève sans vraiment me réveiller. Je voudrais me remettre à dessiner comme avant mais je ne trouve jamais le courage de chercher un crayon. Je n'ai plus de crayon à porté de main mais un ordinateur qui me fait mal aux yeux. J'ai peur de perdre mes vrais amis et de m'en vouloir toute ma vie. Ma mère me manque mais quand je la revois, j'ai vite besoin d'espace. J'ai besoin d'air mais dès que je respire un peu, j'ai mal dans tout mon corps. Je me comporte comme une gamine capricieuse. Je suis narcissiste, obsessionnel, compulsif, égoiste et le pire, c'est que je le sais. Que je m'en fous. Je fais des fautes d'orthographe et ça ne me dérange pas. J'écoute de nouveau Dylan, mais toujours la même chanson, "Queen Jane". Je ne comprends pas ce qui se passe dans le monde et je ne cherche pas à comprendre. Je veux rencontrer quelqu'un qui me comprends mais je suis trop tourné vers moi-même pour chercher à comprendre qui que ce soit. J'aimerais être invisible et j'aimerais que tout le monde me voit. J'ai hâte que l'été commence mais j'ai peur de le gâcher. L'eau de mon robinet a un drôle de goût. Même les étoiles ne brillent pas vraiment. Et il recommence déjà à faire froid. 

Cette chanson me fait pleurer et je l'écoute tous les soirs avant de me coucher. 
"So many movies
Touching the memories
Leaving you cold
Or making you cry
No one to run to
No one to hold you
No one to take you
Away from the need to go to hell
All of the ugly
Field of vision
Maybe the anger
Is just what you needed
Go to hell fuck you
Go to hell fuck you
go to hell
Mirror mirror
Help me see clear
Say yes
Say maybe
See possibilities
Go to hell fuck you
Go to hell fuck you
go to hell
I love you I love you too"
("Red Thread" - Lisa Germano)


Désolé de vomir comme ça. 
À plus tard.