Où va TF1 ?

Publié le 13 avril 2011 par Jotbou

e mois d’avril fera définitivement parti de ceux à oublier du côté de la première chaîne de télévision d’Europe tant les déconvenues de taille se sont accumulées. D’échecs en changements de stratégies, avril 2011 aura nécessairement des répercussions dans les mois à venir du côté de l’antenne de TF1.

Rapidement ce mois d’avril se résumera chez TF1 par :

> L’arrêt prématuré de “Carré ViiiP

> Les faibles scores réalisés par “Familles d’explorateurs” et les menaces qui planent au-dessus du programme

> La mise à l’écart prématurée de l’adaptation française de “Italian Dream” par les équipes d’Alexia Laroche Joubert qui devait arriver cet été à l’antenne

> Les faibles scores réalisés tous genres confondus (match de “Ligue des Champions” sans club français, “Le grand quiz du cerveau”)

Beaucoup de motifs d’insatisfactions pour expliquer toutes ces contre performances, auxquelles TF1 va rapidement devoir faire face si elle ne veut pas perdre davantage de terrain sur une concurrence qui engrange de l’audience pendant ce temps (pas France Télévisions mais M6 et les chaînes de la TNT).

Tout d’abord, “Carré ViiP” a concentré en une seule émission tout ce qui est brocardé depuis des années aux émissions de ce genre. Candidats outrageusement caricaturaux, vacuité du concept, le tout teinté d’une ambiance délétère dès le début du programme. Car cette émission, au-delà des avancées technologiques qu’elle a proposé (et dont je me suis récemment fais l’écho ici même), a joué la surenchère selon les principes même de la “télé réalité“.

En effet, dans les émissions de ce genre, les candidats ont à l’origine un petit plus (ou moins selon l’appréciation) qui les rend différent dans leur quotidien et les prédisposent à s’adapter aux codes du genre. Le principe de ces émission étant de faire mûrir ces particularismes, de les exacerber tout au long du programme pour créer semaine après semaine des identités fortes, des profils atypiques qui pris dans l’univers fantasmé de ces émissions ne dénote finalement que par la loufoquerie de leur attitude. Dans “Carré ViiiP“, ce sont déjà des candidats au paroxysme de leur caricature qui sont entrés, ce qui fait qu’à l’intérieur, ils ne pouvaient pas parvenir à se créer un nouveau personnage, à le faire évoluer si ce  n’est en se réfugiant dans un ton nauséabond et dans une surenchère liée à cet état. Ce qui a rapidement produit l’asphyxie du public, venu quant à lui, chercher des personnalités en incubation dans ce “carré“.

Quant à “Famille d’explorateurs“, l’objectif était différent de bon nombre de programmes précédemment diffusés sur cette chaîne puisqu’ici sont mis en avant, les valeurs d’entraide, de famille, de respect, d’acceptation de la différence, etc. Même si cela reste au voisinage des scènes de tension propres à ce genre d’émission (même si ici, les scènes en question sont peu nombreuses). Le postulat étant positif, cette “télé réalité” devant permettre d’atténuer le versant provocateur que toutes les émissions de ce type avaient adoptées jusqu’à présent. Néanmoins, “Familles d’explorateurs” s’est heurtée à un autre problème lié au déroulement de l’émission.

En effet, une règle d’or lorsque l’on conçoit une émission de télévision est que celle-ci dispose de la promesse adressée au public la plus simple possible. Il ne faut pas que le cœur du programme et ses principaux ressorts soient expliqués en plus de deux phrases. Dans le cas présent, “Familles d’explorateurs” dispose d’une mécanique (déroulement de l’histoire et les les différentes parties afférentes) trop compliquée pour un programme de télévision.

Non pas que les téléspectateurs soient des abrutis patentés incapables de suivre la complexité d’une mécanique de jeu, mais tout simplement que ce critère est entré dans l’habitus du public qui s’est accommodé de l’existence de concepts télévisés à la promesse simple, lisible et qui ne nécessite pas une attention de tous les instants pour en saisir toutes les facettes.

Ensuite, les exemples cités comme le report de l’émission d’Alexia Laroche Joubert et les faibles scores réalisés par des marques fortes de l’antenne (“Ligue des Champions” et “Le grand quiz du cerveau”) sont davantage à chercher dans l’essoufflement d’une ligne éditoriale qui à la fois manque de tonus, de créativité, de nouveauté, mais également dans une volonté de la chaîne d’orienter ses programmes dans une nouvelle veine. Je m’explique.

Pour Alexia Laroche Joubert, la donne est sensiblement différente dans le sens où sa marque de fabrique réside essentiellement dans ce qui a fait le succès d’antan de TF1 (“Star Academy” notamment) où l’esprit de ces émission était largement teinté de ressentis parfois violent et peu enclin dans les vertus humaines dirons nous. de ce fait, après le séisme culturel qu’est actuellement en train de mettre en place TF1, il n’était pas préférable de donner immédiatement sa chance à l’une des personnes qui incarne cet esprit auquel il souhaite se défaire. Pour le football, même si aucun club français n’était présent, le stade de la compétition aurait dû à lui seul assurer une audience largement supérieure. Mais là encore, c’est l’essoufflement d’une marque qui n’est pas événementialisée à l’antenne et se noie dans la grille des programmes. Quant au “Grand quiz du cerveau“, la raison est plus que jamais l’essoufflement d’un genre qui en plus de la non originalité de la promesse, propose une mécanique qui n’a plus du tout lieu d’être dans la télévision de 2011.

Des remèdes à tout cela ? Ils vont certainement mettre quelques semaines à arriver, mais devraient se voir à l’antenne dans une baisse sensible de la tension à l’intérieur des programmes de TF1. On ne donne pas cher de la peau d’émissions telles que “Pascal le grand frère“, “Opération Tambacounda” ou encore “Appels d’urgence” qui devraient très bientôt faire les frais d’une politique du positivisme que s’apprête à mettre en place TF1.

Car dans un sens comme dans l’autre, TF1 a usé la corde des tensions, de la violence et des outrages jusqu’à outrepasser les limites des téléspectateurs qui ne parviennent plus à se nourrir de ce genre multi-décliné. C’est ainsi qu’à avoir trop poussé d’un côté, TF1 s’apprête à mettre le curseur de l’autre côté en mettant un point d’orgue à promouvoir son nouveau mot d’ordre : le positivisme.

Ouvrez l’œil, car il est dit que ce nouveau mot d’ordre s’infiltrera de partout très bientôt.