16 albums méritant (peut-être) une seconde chance

Publié le 27 février 2011 par Gootsy @gootsy

En musique, la surprise peut être un élément de grandeur. Imaginez par exemple la surprise qu’ont pu ressentir les premiers auditeurs d’albums comme Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, Fun House ou A Love Supreme… Mais parfois les artistes n’arrivent pas à trouver le savant mélange qui les fera passer au stade supérieur et se trompant allègrement dans les doses de nouveauté et de classique sortent un album qui est loin de faire l’unanimité. Parfois, ce n’était juste pas le bon moment pour sortir un tel disque. Et parfois, une petite baisse de forme fait accoucher d’un album qui aurait mérité un peu plus d’efforts et si ce dernier sort après un grand succès commercial, là où le moindre faux pas devient impardonnable, le petit disque moyen se transforme en catastrophe. Commercialement, ces albums surfent souvent sur le succès du moment de l’artiste et peuvent se vendre par millions, mais bien vite, le soufflé retombe et les fans commencent à blacklister de leurs platines ces galettes indignes.  J’aime comparer les disques aux grands vins :  certains ont besoin de quelques années de cave avant qu’on puisse en apprécier la substantifique moelle en laissant de côté ses préjugés et les mauvais souvenirs d’une première écoute trop prématurée. Et malheureusement, au même titre que les albums oubliés, il a les albums mal aimés. En voici 16 qui ne méritent peut-être pas la réputation qu’ils traînent depuis leur sortie, car en les écoutant loin de toute passion, après tout, ils ne sont pas si mauvais.

 

 
Une playlist contenant un extrait de chaque album est écoutable par le gadget 8tracks ci-dessus.

Bob Dylan – Self Portrait (1970)

(extrait choisi: All The Tired Horses)

Après sa légendaire salve d’albums du milieu des années 60 qui a changé à tout jamais le cours du rock, et avant d’enchaîner sur une seconde partie de carrière non moins admirable (culminant avec l’excellentissime Blood on the tracks), Dylan s’est un peu cherché. Ainsi après un album folk-country (John Wesley Harding), puis un album décidément country à la limite de la parodie (Nashville Skyline), il sort ce double album, contenant principalement des reprises agrémentées de quelques originaux (quasiment tous  instrumentaux) et de quelques extraits de son concert à l’ile de Wight en 1969 avec The Band. L’impression générale de l’album à sa sortie, c’est Greil Marcus du magazine Rolling Stone qui le résume le mieux : « What is this shit ? ». Car que le plus grand poète de sa génération se retrouve en train de crooner d’une voix space (oui, c’est quoi cette voix de Dylan vers la fin des années 60 ? Un pari perdu ?) sur du Simon & Garfunkel ou du Gilbert Bécaud, n’offrant de sa plume que des instrumentaux bâclés, ça l’affiche mal. Les intentions du zigue ne sont toujours pas claires, mais on penche de plus en plus vers le foutage de gueule et la ferme volonté de casser l’image trop lourde à porter de grand poète de sa génération. Le temps passant, on s’aperçoit que l’album a tout de même ses bons côtés; comme les titres live (malheureusement, l’intégralité du concert n’est jamais sortie officiellement) ou encore All the tired horses, qui ouvre l’album et qui agit en quelque sorte comme une synthèse de l’ensemble : deux simples vers répétés tout le long de la chanson par des choeurs féminins accompagnés par des violons et une vague guitare. Et non, pas de voix principale. Du Dylan sans Dylan, en somme. Décalé, comme le reste de l’album.

Paul McCartney – Off The Ground (1993)

(extrait choisi: The Lovers That Never Were)

A l’aube des 90′s, Paul McCartney avait le vent en poupe : un album au succès phénoménal suivi d’une tournée mondiale (sa première depuis dix ans) de près d’un an qui a donné lieu à la sortie d’un triple album live. Le bassiste qui, paraît-il, a fait partie d’un groupe à succès dans les années 60, rassemble alors ses musiciens de tournée en studio pour donner une suite à Flowers in the dirt. Certes, on ne peut pas parler de fiasco intégral pour un album qui est entré dans le top 10 anglais et a été disque d’or aux Etats-Unis. Mais avec sa tribu de fans achetant ses disques quoi qu’il advienne (et dont je fais partie), tous les albums de macca connaissent un sort comparable. Le disque a néanmoins déçu à sa sortie, les critiques ne le trouvant pas à la hauteur de son prédécesseur et les ventes souffrant d’un manque de gros single comme My brave face et se trouve aujourd’hui perdu dans une jungle discographique. Il en reste tout de même une bonne série de titres intéressants (et bien plus mémorables qu’au moins la moitié de ses autres albums) comme par exemple Lovers that never were co-écrit avec Elvis Costello.

U2 – Pop (1997)

(extrait choisi: The Playboy Mansion )

Il y a une époque, lointaine, où le groupe U2 était imprévisible et devenait difficile à suivre. A peine ont-ils atteint le zénith avec Joshua Tree synthétisant ce son qu’ils travaillaient depuis des années qu’ils enregistrent un album mi-rock mi-live (et omettant dans la partie live Bloody Sunday et With or Without You), puis qu’ils partent ensuite dans des directions flirtant avec la techno. Personnellement, je crois que j’ai arrêté de suivre quand ils ont sorti un single parlé par The Edge. Continuant sur cette lancée, ils commencent l’enregistrement de Pop en 1995, mais après bien des tergiversations se sont retrouvés obligés de terminer l’album à l’arrache avant de partir en tournée. Le son du mix final n’était pas à leur goût et tout comme celui du dessus, le disque n’a impressionné, malgré des ventes à millions, ni le public, ni les critiques. Il reste que l’album est le dernier vestige de cette époque où U2 savait prendre des risques et être inventif.

Neil Young – Trans (1982)

(extrait choisi: Computer Age)

A la page de « suicide commercial » dans le Robert, on pourrait mettre la pochette de cet album. A la définition de « WTF ? » aussi d’ailleurs. Prenez un guitar hero avec une voix d’ange et des capacités à composer des splendeurs pop, folk, rock et country. Et imaginez que ce personnage se décide à sortir un disque blindé de synthés accompagnés d’une voix affublée d’effets dignes des Daft Punk. Autant dire que la maison de disque (qui venait alors de le signer)  n’a pas trouvé ça drôle du tout. Le public a été très surpris, et le sujet divise toujours les fans aujourd’hui. Mais l’expérience d’un Neil Young sous Kraftwerk est tout de même un résultat à tester une fois dans sa vie et depuis la réhabilitation du son des synthés des années 80, devenu aujourd’hui « vintage », il devient de moins en moins difficile à écouter.

Paul Simon – Songs from The Capeman (1997)

(extrait choisi: The Vampires)

A une époque où des comédies musicales sortent sur tout et n’importe quoi (et principalement n’importe quoi, d’ailleurs), le fait que Paul Simon en compose une n’est pas très surprenante. Après tout, il aime bien raconter des histoires et ses mélodies se prêtent bien à ce format. Et comme on parle de Paul Simon, c’est justement loin d’être du n’importe quoi : sept ans d’écriture pour l’histoire de Salvador Agron, membre d’un gang de Brooklyn qui a poignardé deux adolescents puis trouvé le salut en prison en devenant un born again (pour plus de détails, ami lecteur, wikipedia est toujours ton ami). Le personnage étant porto-ricain et l’action se déroutant en 1959, la musique évolue entre doo wop et rythmes sud américains, et histoire de célébrer l’ouverture du spectacle sur Broadway, le compositeur sort un album contenant les chansons du spectacle avec l’apparition de quelques artistes jouant dedans comme Ruben Blades ou Marc Anthony. La comédie musicale a fait un four et l’album itou. Pourtant, avec Graceland et Rythm of the Saints Paul Simon avait montré qu’il pouvait inclure dans sa musique divers éléments venant d’autres cultures musicales avec brio, et ce nouvel album s’inclue parfaitement dans cette logique, l’unique différence étant dans le concept et l’histoire assez sombre racontée à travers les titres. Et peut-être aussi les paroles parfois un peu brutes de décoffrage, un peu too much pour le public, et qui n’ont pas dû aidé énormément.

Les Innocents – Les Innocents (1999)

(extrait choisi: Une Vie Moins Ordinaire)

Et dire que le manque de succès de cet album a contribué à la séparation du groupe. Dommage, car ce chant du cygne est leur meilleur et atteint des niveaux en pop-rock très rarement atteint en France. Plus introspectif que les deux albums précédents, le disque présente des morceaux chantés alternativement par Jipé et Jean-Chri tels de nouveaux Lennon et McCartney. Je sais, la comparaison est facile, mais il faut aller chercher dans ces références-là pour trouver un tel sens de la mélodie et des arrangements. Malgré tout, et malgré une critique très positive, l’album est passé quasiment inaperçu sept ans après les 700.000 exemplaires de fous à lier. Après la séparation du groupe, J.P. Nataf sortira deux albums confirmant ses talents d’auteur/compositeur pop et son statut de chéri des critiques, mais malheureusement passant de nouvelles fois à côté du grand succès commercial. Vraiment dommage…

Bryan Ferry – As Time Goes By (1999)

(extrait choisi: Love Me Or Leave Me)

Bryan Ferry s’était révélé en artiste solo avec un album de reprises qui avait divisé à sa sortie par ses libertés prises (certains fans de Dylan n’appréciant pas les arrangements de Hard Rain’s A Gonna Fall et à peu près tout le monde détestant le traitement infligé à Sympathy for the devil).  Il a récidivé cet exercice de style plusieurs fois dans sa longue carrière puisqu’il a enregistré (si j’ai bien compté) cinq albums de reprises jusqu’à présent. Pour celui sorti juste avant le millénium, il a choisi de poser sa carrure de crooner dandy dans un répertoire jazz des années 1930. Et plutôt que de la jouer big band très swing mené d’une voix bien présente, il reconstruit l’ambiance feutrée d’un cabaret enfumé, une voix de velours posée sur des orchestrations souvent minimalistes. L’album est un peu passé inaperçu alors que le répertoire choisi est exceptionnel et que les arrangements sont grandioses (la version manouche de The way you look tonight vaut le détour). Et bien entendu Bryan Ferry s’en sort comme un maître, avec beaucoup plus de classe et de panache que Rod Stewart sur le même répertoire.

Oasis – Be Here Now (1997)

(extrait choisi: The Girl In The Dirty Shirt)

Voilà ce qu’il arrive quand on mélange de trop gros égos, trop de succès et trop de drogues. Le succès de (What’s the story) Morning Glory? (succès mérité, devrais-je préciser, l’album restant comme un des meilleurs des années 90) fait monter les égos déjà surdimensionnés de leurs auteurs qui se reposent un peu sur leurs lauriers la tête bien enfouie dans la poudre. Et ce n’était pas franchement le moment de s’endormir : la planète britpop attendait le troisième album du groupe comme un album emblématique du mouvement et les critiques, un peu fatigués par ces grandes gueules de Gallagher, attendaient patiemment le moment où ils auront enfin perdu leur superbe. Si l’album, surfant sur la réputation de ses auteurs, s’est bien vendu au début, le retour de bâton fut rapide à venir. L’album manque indéniablement d’inspiration et surtout il est beaucoup trop long (71 minutes pour juste 12 titres), bref, ça sent le relâchement. Mais sans en attendre la qualité de son prédécesseur, on retrouve quand même le panache du groupe, comme les singles Stand By Me et All Around The World (même si les neuf minutes de ce dernier font paraître courte la fin interminable de Hey Jude). Je recommande l’écoute d’un remix de l’album effectué par un fan, Be There Then, qui réussit à réduire de 13 minutes sa taille et permet ainsi de mieux se concentrer sur les idées trop enrobées dans la coke dans leur version initiale.

The Doors – The Soft Parade (1969)

(extrait choisi: Wishful Sinful)

« Des violons ! Des trompettes ! Robby Kriegger chantant du bluegrass ! Retrouvez tout ça et quelques compos pas trop inspirées et mal ficelées dans le nouvel album des Doors ! » : c’est comme ça que l’album aurait pu être présenté avec un peu d’honnêteté. Jim Morrison ne vivant alors plus que pour la poésie, le groupe se retrouve à écrire leur quatrième album en studio recherchant l’inspiration du côté de Forever Changes de Love et de ses arrangements aux couleurs de l’automne. Et se vautrent, parce que la moitié de l’album est loin d’être mémorable, y compris le morceau titre de neuf minutes ou la chanson Runnin’ Blue qui aurait pu être réussie si seulement ils n’avaient pas eu l’idée saugrenue de mettre du bluegrass en plein milieu (dommage, le morceau commence pourtant bien, avec un petit poème sur la mort d’Otis Redding). Mais dans l’autre moitié, il y a de belles choses : Wishful Sinful, Touch Me et Wild Child sauvent le disque, les arrangements de Touch Me à eux seuls justifiant cette expérience aux arrangements baroques. Et cet album a permis de faire prendre conscience au groupe qu’ils étaient faits pour le blues et le rock et leur a permis de revenir plus vite à ces genres pour leurs deux ultimes albums en compagnie de Jim Morrison, pour le coup de véritables perles où il n’y a pas grand-chose à jeter.

Iggy Pop – Avenue B (1999)

(extrait choisi: Nazi Girlfriend)

Même les grands fauves désirent un jour s’assagir. Passé la cinquantaine, après avoir très fortement influencé le cours de la musique à deux reprises (une première fois avec les Stooges et une deuxième fois avec sa paire d’albums commise avec David Bowie), Iggy n’avait peut-être plus envie de porter ce costume de pape du punk, et pourquoi pas devenir crooner. Avec le producteur Don Was, il enregistre alors Avenue B, concept album alternant morceaux parlés et ballades, racontant la fin d’une histoire d’amour, la vieillesse, la solitude. On est loin de Raw Power. Mais une telle mise à nue pour un tel artiste est déconcertante, et fonctionne (dans l’ensemble). Finalement, Iggy reviendra au rock, et reformera même les Stooges. Puis enregistrera un album jazzy et chante en français. L’iguane n’a toujours pas fini de nous surprendre.

Alanis Morissette – Supposed Former Infatuation Junkie (1998)

(extrait choisi: So Pure)

Quand on vend 33 millions de son premier album international, on doit avoir une certaine pression pour écrire la suite. Et alors que tout le monde attendait encore une collection de morceaux dans la veine de Jagged Little Pill, de parfaites perles pop avec un soupçon de rock écorché vif, Alanis Morissette offre un disque fleuve composé de titres plus sereins et peu conventionnels (beaucoup sortent du classique couplet/refrain). Le geste fut surprenant, surtout pour ceux qui ont acheté l’album le jour de la sortie en cherchant dedans le nouveau You Oughta Know, et des milliers de fans déçus ont dû l’abandonner après deux écoute, le laissant prendre la poussière sur une étagère entre leurs cds de Jewel et de Nirvana. Avec du recul, cet album est celui qui explore le mieux la richesse de sa plume.

Eels – Electro-Shock Blues (1998)

(extrait choisi: Climbing to the Moon)

Comme son voisin du dessus, l’album était attendu à l’automne 1998, le premier album nous ayant fait découvrir un groupe de la scène pop alternative mêlant power pop, paroles sombres et voix déchirée. Et on savait l’homme que l’on appelle E sombre, rien ne pouvait nous préparer à cet album. Il faut pour cela comprendre un peu le personnage : pendant que Mark Oliver Everett, alias E, connaissait la gloire jusqu’à flotter en boucle sur MTV, sa soeur Elizabeth sombrait dans une lente folie dépressive qui finit par l’achever, et c’est cette histoire que raconte le disque. Prenant alternativement son propre point de vue et celui d’Elizabeth pour narrer l’histoire (et utilisant pour cela parfois les journaux intimes de l’intéressée), ce n’est pas franchement le disque pour faire la fête et il ne fallait pas non plus y chercher un hit (quoique Last stop : this town…). Mais les arrangements expérimentaux et le talent qu’E peut avoir pour décrire cette descente vers la folie et la douleur des proches (et un peu d’optimisme à la fin quand même, pour pas se jeter par la fenêtre quand l’album se termine et nous faire comprendre que la vie continue) en font un disque unique même dans la discographie déjà fort surprenante de ce groupe dont on parle bien peu souvent.

The Stone Roses – Second Coming (1994)

(extrait choisi: Tightrope)

Avant Oasis, Blur et la folie Britpop, il y avait les stone roses et le mouvement Madchester. Leur premier album sorti à la fin des années 80, une déferlante de rock psychédélique marquant le grand retour de la pop anglaise, fut la première influence des groupes qui exploseront au milieu des années 90 (avec le premier album des La’s sorti à la même époque). Une carrière dorée semblait alors s’ouvrir aux mancuniens, mais au début des années 90 ils doivent faire face à un différend avec leur maison de disque et divers problèmes personnels et s’éloignent de cette scène musicale qui les adulait. Le deuxième album enregistré pour Geffen est très différent du premier, lorgnant plus du côté des riffs de guitare heavy des années 70 que vers le psychédélisme ensoleillé des années 60. Sorti en 1994 alors que la jeune garde Britpop commence à faire parler d’elle en imposant de nouveaux standards, l’album déçoit et marquera le début de la lente désintégration du groupe, qui n’était définitivement plus au bon endroit au bon moment.

The Cure – Wild Mood Swings (1996)

(extrait choisi: Numb)

Robert Smith a beau le considérer dans les cinq meilleures productions de son groupe, l’album est loin de faire l’unanimité parmi les fans. Alors au bord de la rupture à cause de la désertion de plusieurs membres (mais finalement combien de fois Cure a-t-il été au bord de la rupture ?), le groupe enregistre la suite du très pop Wish (dont l’optimisme avait déjà pas mal étonné) et livre peut être l’album le plus étrange de leur catalogue. Un disque rempli de titres entraînants, où l’on croise des mariachis et marque le retour des synthétiseurs et des effets de guitare. Les titres de l’album ne sont pas fréquemment joués en live et les fans, généralement attachés aux albums plus sombres comme Pornography ou Disintegration l’ont vite oublié. Mais le déterrer de temps en temps permets de rappeler que Robert Smith a plus d’une corde à son arc.

Red Hot Chili Peppers – One Hot Minute (1995)

(extrait choisi: Transcending)

Blood Sex Sugar Magik marque l’apogée des Red Hots après des années de recherche de l’ultime mélange de Rock, Funk et Rap. Coachés par Rick Rubin, ils trouvent enfin leur son dans ce double album qui les impose comme les rois du mouvement fusion naissant. Le succès commercial au rendez-vous est un peu trop lourd à porter pour le guitariste John Frusciante qui décide alors de faire bande à part, et c’est avec Dave Navarro (de Jane’s Addiction) que le groupe finit leur tournée triomphale et entre en studio pour donner une suite à leur chef d’oeuvre. L’album qu’ils enregistrent alors est à la fois le plus heavy et le plus pop de leur carrière, se divisant entre les singles Aeroplane et My Friends et les titres à la limite du métal comme Warped, One Hot Minute ou Shallow Be Thy Game. Ils fermeront la parenthèse quatre ans plus tard en retrouvant Frusciante pour Californication, revenant à des sonorités plus funky et oubliant cet album à tout jamais.

Terence Trent D’Arby – Neither Fish… Nor Flesh (1989)

(extrait choisi: And I Need…)

Alors que tout le monde attendait avec impatience son deuxième album, TTDA se lança, comme Alanis Morissette dix ans plus tard, dans un disque fleuve et audacieux sobrement intitulée Neither Fish Nor Flesh (A Soundtrack of Love, Faith, Hope & Destruction). Ses déclarations de l’époque, comparant l’oeuvre au Sgt. Pepper’s n’ont pas dû pousser les critiques à faire preuve de clémence, et le public peina à retrouver de nouveaux Sign your name ou Wishing Well dans cette collection de rythmes urbains, de gospels et de rock expérimental. Voulait-il se comparer à Prince dès son deuxième album ? Toujours est-il qu’il retint la leçon et continua sa carrière avec des disques plus proches de ce qu’attendait le public, en rajoutant tout de même toujours cette folie ingénieuse mais dans des doses décidément plus digestes.