Skyrock, la prison des poissons rouges

Publié le 14 avril 2011 par Hermes

Il y a des jours comme ça, où on veut enterrer tout ce décorum jeunâtre si ranci, quand le flux médiatique distillant la pensée du moment vous arrache des haut le cœur, où les blogs traînent les pieds par lassitude, paresse, ennui, où, partout, le style pendouille, les idées sont flasques, les rêves atones.
Il y a des jours pourtant où on se surprend même à applaudir Glucksman alors qu’on ne l’aime pas, quand dans une interview au Monde il oppose l’école humaniste à l’école humanitaire, quand il dit que les désirs ne doivent pas être des droits…
L’humanitaire, la vitrine triste de l’humanité quand le monde est dompté par les dames patronnesses…
Morale, liberté à coups de fouets, droite et gauche répriment à tout va, prostitution, Lybie, Japon, catastrophes, tout ça se mélange, bonne conscience qui bombarde, étrangle, vous réduit au silence. La transparence du monde se réduit à celle d'un bocal, d'une prison heureuse puisque ceux qui s'y condamnent y croupissent au nom du bien.
Dictature du désir et de son sillage festif pourtant quand la criardise du peuple se réduit à sa consommation modeuse jusqu’à la consumation qui corrode la démocratie, la fait passer dans son au-delà, dans le vertige d’une hyper-démocratie par autant de sujets sans projets.
Le peuple n’existe plus.
Pas même des tribus! Rien que du vivant dans un bocal.
Et la politique n’est plus que la caricature boursouflée d’un peuple décomposé.
Et chaque journée apporte son tombereau d’exemples quant à cet abaissement … Ainsi, voici que les politiques, de gauche à droite, se pressent au chevet de la pire saloperie des dernières décennies: Skyrock, la radio pire qu’une poubelle qui a posé son couvercle funèbre sur tant d’adolescents en leur laissant croire que l’inculture, l’obscénité, le rap, la provocation gratuite faisaient effet de rébellion et de liberté quand ils n’étaient que les chaînes qui les aliénaient. Cette radio serait en péril! Il y a parfois de bonnes nouvelles.
Voici que l’inénarrable Hulot monte au front. « Quand je serai grand, je serai président », devait-il se dire. Donnez-nous plutôt Johnny ou Zidane !
Voici qu’une vaste assemblée de clowns trépignent dans l’attente de 2012. Voici que jamais le spectacle de la démocratie n’aura été aussi ridicule à l’instant pourtant où l’on nous répète que partout elle triomphe…
Démocratie ou hyper démocratie, pour reprendre Glucksman ? Comme hier, Baudrillard soulignait la disparition du réel dans l’hyper réalité …
Plus on parle au nom du peuple, plus on parle à sa place. Skyrock parle au nom des jeunes, preuve qu’il les bâillonne. Le pouvoir parle en notre nom mais pas du mien.
Dans le bocal, il y a encore du vivant qui refuse de donner le spectacle des poissons rouges. En tout cas, il faut l’imaginer.
Sortir du bocal, le briser, échapper à l'écran, remettre Hulot dans son hélicoptère avec Artus Bertrand et tous ces abrutis du show business écologiste, cette religion post démocratique, post religieuse, post humaine, même pas animale, rien, rien...
Le bocal est leur prison heureuse. Monde de la transparence. L'univers du bien proclamé. Qu'ils y restent!