Fin de partie, début de chantier

Publié le 14 avril 2011 par Egea

La capture de Laurent Gbagbo sonne la fin d'une partie engagée il y a dix ans. Cela appelle quelques commentaires.

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1/ Je pense aux soldats français de Bouaké, en 2004. D'abord. Le tricheur a perdu. Et c'est bien ainsi.

2/ J'ai déjà dit ici que l'ONU légitimait l'action militaire. Il faut bien constater que, d'une certaine façon, l'action armée (Licorne + Onuci) a légitimé l'ONU. Variation du vieux thème : la force n'est rien sans le droit, le droit n'est rien sans la force.

3/ La France a immédiatement débloqué 400 M d'euros d'aide d'urgence : la somme est particulièrement importante. Mme Kempf s'étonnait hier soir "mais avec le déficit qu'on a ?" Oui, malgré ça, il faut être conséquent et aider, immédiatement, la RCI. ça s'appelle "responsabilité".

4/ Car M. Ouatarra a peut-être gagné cette partie, mais il affronte, dorénavant, l'histoire. Le chantier qui s'ouvre devant lui est immense :

  • tout d'abord, relancer l'économie et en premier lieu, celle du cacao
  • réunir la société ivoirienne, selon une procédure "vérité et réconciliation", qui admette aussi les excès des forces du Nord. Seule façon de gommer les miasmes de l'ivoirité.
  • reconstruire l’État, d'abord à Abidjan, puis en réunissant le sud et le nord séparés depuis dix ans : c'est comme la réunification des deux Allemagne ou des deux Corée : cela mettra une génération au moins

5/ Ces trois axes stratégiques sont chacun gigantesques. On ne peut formuler qu'un souhait : que le pays surmonte l'obstacle, et démontre sa résilience : car on est plus fort des obstacles qu'on surmonte et l'on peut espérer, si cela advient, que la Côte d'Ivoire sera déterminée par cette histoire là, et non par le souvenir colonial.

J'ai déjà dit que nous entrions dans une ère post-post coloniale. Pour la Côte d'Ivoire, c'est évident. Elle n'existe plus seulement à cause de son histoire coloniale, mais à cause d'une crise qui lui est propre. Les difficultés sont immenses mais il s'agit d'un nouveau moment. Celui du 21ème siècle.

O. Kempf