2,6 millions d’enfants mort-nés en 2009

Publié le 16 avril 2011 par Graeme

Près de 2,6 millions d’enfants mort-nÊs ont ÊtÊ comptabilisÊs dans le monde en 2009, d’après les estimations publiÊes cette semaine dans une sÊrie spÊciale de la revue mÊdicale britannique The Lancet.


Interventions Mortinaissances ĂŠvitĂŠes

Soins obstĂŠtricaux d’urgence complets 696 000

DĂŠpistage et traitement de la syphilis 136 000

DĂŠpistage et traitement du retard de croissance intra-utĂŠrin 107 000

DĂŠpistage et traitement de l’hypertension gravidique 57 000

RepĂŠrage des femmes ayant dĂŠpassĂŠ 41 semaines de gestation et dĂŠclenchement du travail 52 000

PrĂŠvention du paludisme, y compris au moyen de moustiquaires et de mĂŠdicaments 35 000

ComplĂŠmentation en acide folique avant la conception 27 000

DĂŠpistage et traitement du diabète pendant la grossesse 24 000

Le renforcement des services de planification familiale sauverait ĂŠgalement des vies en rĂŠduisant le nombre de grossesses non dĂŠsirĂŠes, en particulier parmi les femmes Ă  haut risque, rĂŠduisant ainsi les mortinaissances.

D’après le Dr Carole Presern, Directeur du Partenariat pour la santÊ de la mère, du nouveau-nÊ et de l’enfant, et elle-même sage-femme qualifiÊe, si toutes les femmes avaient accès à un personnel obstÊtrical qualifiÊ – sage‑femme et, si nÊcessaire, mÊdecin – pour recevoir des soins essentiels et pour des actes tels que les cÊsariennes d’urgence, nous enregistrerions une baisse spectaculaire du nombre de mortinaissances.

Un problème nÊgligÊ

MalgrÊ leur nombre, les mortinaissances sont relativement nÊgligÊes. Elles ne figurent pas dans les objectifs du MillÊnaire pour le dÊveloppement concernant l’amÊlioration de la santÊ maternelle et la rÊduction de la mortalitÊ de l’enfant.

Les estimations ont ÊtÊ obtenues au moyen d’un modèle statistique partant des registres des naissances et des dÊcès (donnÊes d’Êtat civil) de 79 pays, d’enquêtes rÊalisÊes dans 39 pays, et d’Êtudes provenant de 42 pays. Des systèmes d’Êtat civil dÊficients, en particulier dans les rÊgions oÚ surviennent la plupart des mortinaissances, limitent la quantitÊ de donnÊes disponibles et empêchent le calcul d’estimations prÊcises. Les registres d’Êtat civil doivent être amÊliorÊs de sorte que toutes les mortinaissances soient comptabilisÊes.

Les nouvelles estimations visent à amÊliorer les connaissances au sujet de l’Êtendue du problème et à appeler l’attention du public et des professionnels sur les mortinaissances comme un problème de santÊ publique mondial important.

Près de 69 auteurs de plus de 50 organisations de 18 pays ont rÊdigÊ les six articles scientifiques, deux comptes rendus de recherche et huit commentaires sur le sujet qui figurent dans la sÊrie Stillbirth du Lancet, dont l’OMS et l’Institut norvÊgien de santÊ publique ont ÊtÊ à l’origine.

Engagement de l’Organisation des Nations Unies

En septembre 2010, le SecrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de l’ONU, Ban Ki-moon, a prĂŠsentĂŠ la StratĂŠgie mondiale pour la santĂŠ de la mère et de l’enfant visant Ă  sauver 16 millions de femmes et d’enfants au cours des cinq prochaines annĂŠes. Dans le cadre de la StratĂŠgie, de nombreux pays se sont engagĂŠs Ă  amĂŠliorer l’accès Ă  la planification familiale, aux soins prĂŠnatals et Ă  des accoucheuses qualifiĂŠes, ce qui devrait entraĂŽner une baisse des mortinaissances.

En septembre de cette annÊe, une session extraordinaire de l’AssemblÊe gÊnÊrale des Nations Unies sera consacrÊe aux maladies non transmissibles. Ces maladies, notamment le diabète et l’hypertension, sont des facteurs de risque de mortinaissance.

Source : OMS (communiquĂŠ)

On enregistre chaque jour plus de 7200 mortinaissances – des dÊcès qui interviennent au moment même oÚ des parents espèrent accueillir une nouvelle vie – dont 98% dans des pays à revenu faible ou moyen. Les pays à revenu ÊlevÊ ne sont pas ÊpargnÊs, avec un enfant mort-nÊ sur 320 naissances – taux qui a peu changÊ au cours de la dernière dÊcennie.

Les nouvelles estimations montrent que le nombre de mortinaissances dans le monde n’a baissĂŠ que de 1,1% par an, passant de 3 millions en 1995 Ă  2,6 millions en 2009. Cette baisse est encore plus lente que la rĂŠduction de la mortalitĂŠ de la mère et de l’enfant au cours de la mĂŞme pĂŠriode.

Les cinq principales causes de mortinaissance sont les complications lors de l’accouchement, les infections de la mère pendant la grossesse, les troubles comme l’hypertension ou le diabète chez la mère, le retard de croissance intra-utÊrin et les anomalies congÊnitales.

Quand et oĂš surviennent les mortinaissances?

Près de la moitiÊ des mortinaissances, soit 1,2 million, surviennent au moment du travail. Ces dÊcès sont directement liÊs au manque de soins qualifiÊs à ce moment critique pour la mère comme pour l’enfant.

Les deux tiers surviennent en milieu rural, oÚ il n’existe pas toujours de personnel obstÊtrical qualifiÊ – en particulier des sages-femmes et des mÊdecins – pour prodiguer les soins essentiels au cours de l’accouchement et pour les urgences obstÊtricales, y compris les cÊsariennes.

Le taux de mortinaissances varie considÊrablement selon les pays, les plus bas Êtant enregistrÊs en Finlande et à Singapour (2 pour 1000 naissances), au Danemark et en Norvège (2,2), et les plus hauts au Pakistan (47), suivi du NigÊria (42), du Bangladesh (36), de Djibouti et du SÊnÊgal (34). Les taux varient Êgalement considÊrablement à l’intÊrieur même des pays. En Inde, par exemple, ils vont de 20 à 66 pour 1000 naissances selon les diffÊrents Êtats.

On estime que 66% des mortinaissances – soit près de 1,8 million – surviennent dans une dizaine de pays : Inde, Pakistan, NigÊria, Chine, Bangladesh, RÊpublique dÊmocratique du Congo, Ethiopie, IndonÊsie, Afghanistan et Tanzanie.

Si l’on compare les taux de mortinaissances en 1995 et 2009, les progrès ont ĂŠtĂŠ les plus faibles en Afrique subsaharienne et en OcĂŠanie. Toutefois, de grands pays ont progressĂŠ, comme le Bangladesh, la Chine et l’Inde, avec une estimation combinĂŠe de 400 000 mortinaissances en moins en 2009 par rapport Ă  1995. Le Mexique a dans le mĂŞme temps vu son taux de mortinaissances divisĂŠ par deux.

ÂŤDe nombreuses morts Ă  la naissance sont invisibles car elles ne sont pas enregistrĂŠes et ne sont pas considĂŠrĂŠes comme un problème de santĂŠ publique majeur. Or la mort d’un enfant Ă  la naissance est une tragĂŠdie pour les femmes et les familles. Nous devons reconnaĂŽtre cette perte et tout faire pour l’Êviter. Les mortinaissances doivent ĂŞtre inscrites au programme d’action pour la santĂŠ de la mère, du nouveau-nĂŠ et de l’enfantÂť, a dĂŠclarĂŠ le Dr Flavia Bustreo, Sous-Directeur gĂŠnĂŠral de l’OMS chargĂŠe de la santĂŠ familiale et communautaire.

Des interventions bien connues pourraient sauver ces vies

La sÊrie Stillbirth de la revue britannique montre que le meilleur moyen de prendre en charge le problème de la mortinaissance est de renforcer les programmes de santÊ de la mère, du nouveau-nÊ et de l’enfant qui existent dÊjà en se concentrant sur les interventions essentielles qui prÊsentent Êgalement des avantages pour les mères et les nouveau-nÊs.

D’après une analyse à laquelle a contribuÊ l’OMS, jusqu’à 1,1 million de mortinaissances pourraient être ÊvitÊes moyennant une couverture universelle par les interventions suivantes :