Carl Barât, ( support TBHB et Kieran Leonard) à l' Orangerie du Botanique, Bruxelles, le 15 avril 2011

Publié le 15 avril 2011 par Concerts-Review

 Carl Barât ou l'après Libertines & Dirty Pretty Things... un virage vers la British poprock adulte, celle qui se nourrit d'influences Bowie, The Smiths, Divine Comedy, Jarvis Cocker ou les vétérans Walker Brothers.
Le concert programmé à  l'Orangerie avait été reporté du 8 mars au 15 avril et, si la salle n'affiche pas sold-out, elle accueillera un solide contingent de gamines délurées, flanquées de leurs prétendants boutonneux comptant beugler sur les hymnes britpop composés par le duo Doherty/Barât durant leur collaboration dissolue.

20:00  TBHB
ex The Big Hat Band... les Libertines/Kooks/ Arctic Monkeys... belgo- écossais.

Ted Clark( bass - vocals)-Diego de la Vega ( guitar) - Arnaud Luyckfasseel ( guitar- backings) et
Andrew Bolton (drums) sèment la terreur garage sur nos scènes rock depuis plus de cinq ans et prévoient la sortie d' un full CD en automne.
Band idéal donc pour assurer la première partie du ténébreux Carl.
Neuf titres, 40' de working class garage rock sentant bon la British invasion des mid-sixties, les Kinks en tête, mais aussi les Pretty Things, les Small Faces et dans une moindre mesure les Troggs.
Energie, sueur, raw guitars et vocaux rageurs: let's go, le speedé ' Couldn't say no', les fans de Barât sont conquis après une rafale.
Bien crade et brut ' Get up & go'.
Saccadé, agressif et fougueux: ' Any other way' ou 'Any other day' va savoir!
Un joyeux singalong pour larguer une petite amie ' Only came to leave you', un truc sonnant comme les Stones en 1964.
Un petit downtempo aux relents Beatles style ' Don't let me down' pour varier les plaisirs, le Ted s'est trouvé une autre nana...how I need you, babe... il vient à peine de bazarder la précédente.
On passe à la vitesse supérieure...I've been away for a long time... cuisine Kooks et ensuite ' For your love', mais pas celui des Yardbirds.
Dédié à Mick Jones, le punky 'Brick and Stones Riots' , les Clash avaient leur 'White Riot'.
Et une cover bordélique pour finir en beauté , les Contours 'Do you love me?' en version haut- de- forme écrabouillé.
Mise en bouche appréciée par les bouffeurs de fast food.
Un second support non prévu à l'affiche, le Charles à emmener un pote, un protégé, un certain   Kieran Leonard, dans ses bagages.
Je te rassure tout de suite et tout le clergé par la même occasion ( pas encore remis des nouvelles révélations de l'évêque de Bruges , Roger la Honte( pardon, Roger Claessen) ), c'est pas le fils de Monseigneur.
Kieran Leonard est un singer/songwriter engagé du style Billy Bragg.
Longues mèches blondes, combat shoes, une bouteille de pinard, des yeux vitreux et une acoustique... I'm going to sing a couple of songs.
Quatre en tout, le mec a impressionné: des lyrics pas débiles, une présence charismatique , une voix mélancolique, un gars à surveiller. 'Harold Pinter is dead' , Harold c'est pas un pinteur , mais bien un des plus grands écrivains britanniques du siècle écoulé, un membre des Angry Young Men critiquant la British middle class des fifties.
Les références littéraires ou artistiques vont colorer les chansons de l'intellectuel hippie.
Un second poème philosophico/tranche de vie tout aussi allumé suivra: se rouler une cigarette avec une feuille de l'Ancien Testament, idée pertinente, Kieran!
On citera la tirade extraite du n°3: life is much better when I've got a hangover... le modus vivendi de mon poteau Yves Hoegaerden.
Et quel disque écoute-t-il pour soigner sa gueule de bois tout en contemplant un Jackson Pollock?
'Nevermind' Une dernière: 'Jerusalem', une étude sociologique sur un air ressemblant vaguement au 'Where do you go to' de Peter Sarstedt.
Une découverte ce Kieran Leonard.
 Carl Barât
C'est en octobre 2010 que sortait 'Carl Barât', album marquant l'aube d'une nouvelle carrière, avec une direction musicale moins garage/ moins adolescente, il suffit de citer quelques collaborations: Neil Hamon, ou le producer Andrew Wyatt (Mark Ronson, I Blame Coco...).
2011 sera encore une période transitoire, les fans veulent du Libertines et pas du cabaret!

Un band de cinq musiciens: Amy Langley, frangine de la mère de son gosse, au violoncelle ( elle a déjà accompagné Brett Anderson de Suede ) - le frérot, Oli Barât, à la lead guitar - Phil Wilkinson aux drums ( Brett Anderson- Duke Special...) et d'après le responsable du merchandising: Spencer Brown: bass/upright bass et Tom Boddy: claviers.
Une entrée en matière waltz/Bertold Brecht: ' The Magus' , on est loin du rock'n roll primaire.
Carl établit d'emblée un contact cordial avec ses fans: in French: bonsoir tout le monde, il refile sa bouteille de Bordeaux à un gars au premier rang, plus tard il fera de même avec une Maes, il signera une pochette de vinyle entre deux morceaux, serrera des dizaines de mains enthousiastes.... pas la grosse tête finalement!
Le single sautillant 'Run with the boys' sera suivi d'un premier Libertines: 'The man who would be King' qui déclenche de beaux moments de folie.
La ballade sombre, 'Carve my name', au violoncelle remuant et entêtant , ensorcèle.
Majesté et drumming martial avec 'She's something', avant de reprendre un bain rock sauvage/ hymne stade de foot ' Up the bracket' (Libertines).
Même topo nerveux avec ' Deadwood' ( Dirty Pretty Things), la masse exulte.
'The Fall', co-signé par Mr Divine Comedy, une tranche de pop orchestrale élégante et auguste.
Piaf, tu connais?
'Je regrette, je regrette', m'étonne pas que le mec du Hampshire nous dit aimer Marc Almond.
Un midtempo racoleur: 'What have I done?' .
La presse n'est pas tendre avec le premier effort solo de C B,... it is a lazy effort and doesn't deserve your attention ... écrit le critique chez Faded Glamour.
Faut pas exagérer non plus , les idoles ont le droit de vieillir, des papies de soixante-dix ans gueulant 'My Generation', c'est pas pathétique ça?
' Death fires burn at night' aux riffs lourds et ombrageux.
Je dédie la suivante à Kieran Leonard, encore un Libertines' rock anthem repris par les collégiens: 'Death on the stairs'
Un adepte du crowd surfing, risquant d'atterrir sur les pompes du Carl, se fait jeter sans ménagements par un roadie, les potes sautent et pogottent furieusement .
'Bang bang you're dead' (Dirty Pretty Things) met fin au set réglementaire.
45' à peine, le minimum syndical!

En route pour une longue séance de neuf rappels!
Acoustique/solo:' 9 Lives' des Dirty Pretty Things, terrible folk song biblique/ blasphématoire.
Toujours seul 'The ballad of Grimaldi' aux accents balkaniques, puis Oli lyrique le rejoint pour la ballade : ' France' ( Libertines) , pas confondre avec Sardou s v p.
Tous on stage pour un downbeat cabaret, on est pas sûr qu'il s'agisse de la version Barât de 'Sing for my Supper', au répertoire des Langley Sisters, la setlist n'étant plus respectée.
Toujours sur les mesures trois temps ' So long, my lover', suivi d' une rengaine Dirty Pretty Things: 'Truth Begins'.
Quelques British kids se manifestent bruyamment et engagent un aparté avec la star.
Y a-t-il des autochtones dans la salle?
A la demande de Kenneth, Graham, Ralph, Tony et Bradley: ' Music when the lights go out'.
Bon, ça suffit maintenant, c'est pas un concert des Libertines, kids!
Et pourtant la fête continue: 'Time for Heroes' et une dernière bombe ' Don't look back into the sun'.
Un jeune excité a réussi à grimper on stage, il sera vite ceinturé par un catcheur qui le remballera d'où il venait sans que cela ne mette fin à la séance jumping and shouting dans la fosse.
Au final un concert mitigé, un gars entre deux chaises: contenter les ados avec les Libertines ou devenir adulte?