Deux poèmes de Patricia Laranco.

Par Ananda

I.

Laisser remonter peu à peu limon et lie

et particules de pensée en suspension

Réussir à entrebâiller l’huis secret

qui donne sur l’au-delà des mots, des moments –

ici et maintenant débusquer tous ces fils

qui tissent déjà le pourtour

de l’avenir

Renoncer à la question du « savoir pourquoi »

au profit de l’inversion du « pourquoi savoir ? »

Prendre mesure du court chemin

vers demain

prendre conscience de l’écheveau de la vie

ne donner sa confiance qu’aux sables mouvants

qu’au doute qu’aux fondrières

de l’incertain

Ne se fier

qu’à nos paupières refermées !

II.

Si peu de savoir

pour tant d’être

et tant de buts,

tant de butées

où achoppe

l’entendement ;

jusqu’où peut-on

voir et comprendre ?

Dans quel immense

sommes-nous

sur notre roue d’espace-temps,

dans notre geyser

d’énergie ?

Travail d’insectes besogneux,

nous grattons l’écume du vent,

l’écorce de l’immatériel

comme le sable d’un terrier

nos chiffres nous conduisent vers

des vertiges malencontreux

hérissés de questions

de sphinx