Le musée Gustave Moreau

Publié le 19 avril 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Cela fait maintenant 127 ans qu’est apparu dans les librairies de Paris un des romans les plus controversés et scandaleux de tous les temps. Le livre en question était signé par un bureaucrate du Ministère de l’Intérieur avec une vie apparemment routinière et monotone, appelé J.k. Huysmans, bien qu’en lisant le livre personne n’aurait pu deviner la profession de l’auteur.

Donc le livre s’est très rapidement converti non seulement en évangile du décadentisme de la fin du 19ème siècle (Paul Valery en a fait sa Bible et son livre de chevet et Arthur Symons l’a décrit comme le Bréviaire de la Décadence), mais aussi en un des textes les plus influents de la littérature contemporaine. En effet, sans lui on peut difficilement concevoir des chefs d’œuvres comme le Portrait de Dorian Gray de Wilde et, comme le signale Robert Baldick, pratiquement tous les héros malheureux et solitaires des romans du 20ème siècle pourraient surement trouver leurs origines généalogiques dans le protagoniste d’À Rebours, car c’est en effet le titre du livre dont nous parlons, le mémorable Duc Jean Floressas des Esseintes, dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises dans les pages de ce même livre de bord.

Avec Baudelaire, dont l’ascendance se remartquait déjà dans sa collection de poèmes en prose Le Drageoir à épices (1874), les grandes influences de Huysmans en tant que romancier ont été peut-être celles de l’esthète licencieux Edmont de Goncourt (spécialement pour son roman La Faustin, que lui et Esseintes admiraient pour sa subtile et élégante dépravation). Le styliste suprême Gustave Flaubert (qui écrivit Salambo seulement pour donner une certaine impression de la couleur jaune et dont l’Education Sentimentale, a fait renoncer Huysmans à écrire un roman sur l’homme moyen pour les mêmes raisons que sa Madame Bovary lui a fait renoncer à écrire sur l’adultère, c’est dire la perfection atteinte dans les deux cas). Et le trompeusement réaliste Emile Zola (dans sa soif de véracité, Huysmans consulta de très nombreux traités sur des sujets divers comme la théologie, les parfums, la floriculture, le mobilier et la médecine et sa description des tableaux de Moreau de la série de Salomé ne peut pas être plus détaillée).

Ces tableaux, qui malgré sa très grande connaissance de l’iconographie sur le sujet ont été les seules qui ont pleinement satisfait Wilde en relation avec sa vision de Salomé et de la même façon ont réveillé l’admiration enthousiaste de Marcel Proust, peuvent être contemplés dans la maison qui a été celle du peintre et qui aujourd’hui est un des musées les plus émouvants, beaux et secrets de Paris. Plus de détails sur : http://www.musee-moreau.fr/

Dans ses dernières années de vie, Gustave Moreau a commencé à transformer sa maison familiale en un lieu où ses innumérables tableaux pourraient être exposés après sa mort. Le lieu qui comprend aussi un bâtiment annexe de deux étages dont il se servait d’atelier, est un véritable musée sentimental qui en plus du profond plaisir esthétique que procurent ses tableaux symbolistes, fonctionne comme une maison des souvenirs où chaque objet renferme une signification pour le cœur.

Paul Oilzum

Si tu loues un des appartements à Paris peu sont les endroits si spéciaux que tu pourras visiter, comme cette très belle maison au numéro 14 de la rue La Rochefoucauld, le musée Gustave Moreau.

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Traduit par: françoise
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