Promets-moi : Kusturica explosif !

Par Thibault

On attend toujours Kusturica au tournant, car comme le montre la bande-annonce du film, il est l’homme aux multiples nominations et récompenses. Une fois de plus, le défi est relevé, et il n’hésite pas à nous sortir des sentier battus pour nous entraîner avec lui dans une comédie délirante et déjantée. Coincés des zygomatiques et atrophiés de la case humour : s’abstenir !

L’histoire : la petite maison dans la prairie, version Kusturica. Chaud devant !

Zivojin, grand père un peu rustre et bougon, mais farceur et bricolo à ses heures (on se demande d’ailleurs ce qu’il fait d’autre), vit avec Tsane, adolescent en pleine prise de conscience des choses de la vie. Dans leur maison, isolée dans les collines de la campagne serbe, il y a toutes sortes de bricolages farfelus et ingénieux, à la “Wallace et Gromit”. La journée, Tsane va à l’école. Oui mais voilà, à l’école il est le seul élève, pauvre chou que la maîtresse, Bossa, câline dans sa voluptueuse poitrine, comme si ça pouvait lui faire rentrer plus facilement les déclinaisons de russe dans la tête.
Pépé observe tout ça, et il se dit qu’il est temps pour Tsane de se trouver une femme. Jouant le vieux dont les jours sont comptés, il lui dit donc “Promets moi”. Et Tsane promet : d’aller là bas, trois collines plus loin, dans la grande ville, vendre leur unique vache au marché, puis d’acheter une icône et un souvenir avec l’argent obtenu. Et surtout, il promet de se trouver une épouse et de la ramener pour la présenter à son grand-père. On le voit partir de son village à trois habitants (la maîtresse, son grand-père et lui), et on s’inquiète un peu… Des aventures, il va lui en arriver, et à la pelle ! Un indice : les cours de bricolage de pépé vont lui resservir, ainsi que les longues nuits d’hiver passées avec celui-ci à mentir, mentir, mentir… Raconter des histoires pour embellir la vie, en somme !

Une sacrée comédie !

Kusturica, on accroche ou on n’accroche pas, car c’est un univers à part entière, un univers de cirque : des clows, des gags, des rires, de la poésie, et toujours cette musique entêtante, festive, qui fait monter l’ivresse ! Certains diront que cette fois Kusturica est allé trop loin, qu’il a sombré dans le grotesque, qu’il n’amène rien de nouveau et sort un film lourd, pesant, plein de bons sentiments, mais que la mayonnaise ne prend pas.
Pour ceux qui se seront laissés entraînés par la douce folie de ce film voici un heureux présage : ils vont rire. Et quand ils sortiront de la salle de cinéma, ils auront envie de sourire, de dire bonjour à tout le monde, et de danser.

“Promets moi” est un feu d’artifices de trouvailles drôles et ingénieuses, tant sur le plan visuel que musical. Et puis, il y a ces instants de poésie, insolites et parfois inattendus, ceux-là même qui font souffler sur ce film un vent d’optimisme, un vent de nouveau, un vent de changement. Au milieu de toute cette folie, de toute cette décadence, parfois l’Homme encore fait surface et est capable de belles choses.
Les acteurs sont époustouflants, touchants et d’une vigueur à toute épreuve. Certes, Kusturica a probablement voulu faire un film plus léger qu’à son habitude, un film où tout peut se terminer bien. Ou non… Peu importe, car si on n’a pas le sentiment d’avoir pris une leçon de sagesse cette fois, on a peut-être bien pris une leçon de dédramatisation. Meurtre, prostitution, zoophilie, religion, capitalisme, communisme, mafias, politique… : Kusturica veut rire et se rire de tout !
Que ceux qui veulent rirent avec lui rient, car comme disait Desproges : “On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui”.

Note Shotactu : 8/10

Vidéo - Bande-annonce - Promets-moi :


Promets-moi (VOST)

Manon Dupin