Double drapeau commun

Publié le 19 avril 2011 par Tazar

  

Tu l’ignores peut-être, ô, toi, lecteur lointain de métropole ou d’ailleurs, mais l’ambiance actuelle sur le Caillou calédonien est légèrement tendue. L’instabilité gouvernementale chronique depuis quelques mois, l’échéance référendaire concernant l’indépendance (ou pas) du territoire qui se rapproche et, surtout, le choix du drapeau représentant le territoire, tout est sujet à une nervosité certaine (et je ne parle pas de la fin des vacances qui m'a personnellement rendu  particulièrement nerveux). Selon l’accord de Nouméa de 1998, en effet, « des signes identitaires du pays, nom, drapeau, hymne, devise, graphismes des billets de banque devront être recherchés en commun pour exprimer l'identité kanak et le futur partagé entre tous ».

Recherchés en commun…

Jusqu’en 2010, c’était le drapeau bleu-blanc-rouge (tu connais, le drapeau tricolore français…) qui représentait officiellement la Nouvelle-Calédonie. Drapeau évidemment non reconnu par les Kanak indépendantistes, car symbole d’un sombre passé colonial. Du coup, depuis 1988, les mairies indépendantistes arboraient le drapeau Kanaky, symbole identitaire issu des années de lutte.

Deux drapeaux opposés sur un même territoire, cela ne pouvait pas durer éternellement.

Depuis le 13 juillet 2010 et une décision du Congrès de la Nouvelle-Calédonie (à la suite d’une proposition de Pierre Frogier, député, président de la Province Sud et du Rassemblement UMP), le choix des deux drapeaux (français et Kanaky) a été fait. Deux drapeaux non plus opposés mais conjoints, pour un destin commun… L’addition des deux légitimités pour un futur partagé…

François Fillon, le 17 juillet 2010, hisse pour la première fois conjointement ces deux drapeaux sur le siège du Haussariat.

Cependant, l’affaire n’est pas réglée pour autant. Si la majorité des Kanak voient cette reconnaissance comme une avancée, certains loyalistes (notamment Philippe Gomès, président de Calédonie ensemble) refusent de voir ainsi consacré le drapeau Kanaky, drapeau d’un parti politique (FLNKS) né dans la violence des années 80.

Parallèlement, un Collectif pour un drapeau commun voit le jour. Son but : faire adopter un drapeau unique, commun, pour un destin du même nom…

Mais, du coup, les indépendantistes voient (à juste titre ?) dans cette proposition une manière d’écarter leur propre drapeau. La pression monte peu à peu.

Une manifestation en faveur du drapeau commun est interdite le 2 avril par le Haussaire, au nom de l’ordre public. Une contre-manifestation a été en effet organisée le même jour et au même endroit par ses détracteurs.

Cette manifestation en faveur du drapeau commun a finalement eu lieu le 9 avril dernier à Nouméa, dans le calme. Pour les 3 000 personnes présentes, « l’objectif n’était pas de descendre le drapeau FLNKS mais de lever notre drapeau commun ».