Le souci d’un monde durable

Publié le 19 avril 2011 par Ttdo

Alors même que nous vivons une crise globale (politique, écologie, civilisation) la politique semble en panne. Elle  se résume aujourd’hui au mieux à un art des moyens qui oublie sa finalité, au pire à une simple conquête ou conservation du pouvoir.

Notre présent nous échappe. Enfermés dans le carcan de la raison économique et de la pensée binaire, deux des fléaux de notre siècle, nous sommes incapables de comprendre. Nous multiplions les constats alarmistes éclairés faiblement et partiellement par les différents spécialistes de l’économie, des sciences dures et des sciences humaines. Mais nous restons désespérément incapables de comprendre : comprendre comment nos existences peuvent se réduire au travail et à la consommation ; comprendre comment l’espace public de nos sociétés peut être confisqué par la gestion des intérêts privés et l’irruption de l’intime ; comprendre comment notre monde, et non la Terre, peut être menacé par l’action des scientifiques sur la nature.

Nous restons tout aussi incapables de réfléchir au futur et de dégager, non pas les chemins vers un nouveau monde, mais les raisons même de nous y engager. Bloqués par une conception utilitariste de la politique nous cherchons, à travers le référentiel enfermant de l’économie, à construire des programmes, des projets mais surtout pas des modèles de société idéale marqués par les dégâts sans précédents causés par les totalitarismes du siècle précédent.

C’est que nous avons oublié le sens même du politique. L’écho rencontré par les interventions de ces nonagénaires magnifiques, anciens résistants et dont le « Indignez-vous » de Stéphane Hessel est l’exemple le plus fameux, confirme que nous avons besoin de ce sens.

La conviction de plus en plus partagée que les quatre moteurs de notre  vaisseau spatial Terre (la science, la technique, l’économie et le profit), selon la formule d’Edgar Morin, nous propulsent vers des catastrophes où se combineraient et se renforceraient crise économique, crise écologique, déferlements idéologiques et religieux, utilisation des armes de destruction massive…, bien loin de libérer nos imaginaires, nous tétanise autour d’un « toujours plus de productivisme » avec ces deux aberrations que sont le développement durable et le capitalisme vert.

Les temps sont sombres. Et nous avons besoin de nous ressourcer dans l’œuvre de  « Penseurs des temps sombres » (Men in dark times) selon la formule de Berthold Brecht reprise par  Hannah Arendt pour le titre d’un de ses recueils d’essais biographiques « Vies politiques ». Nous y puiserons  de quoi nous exercer à penser au présent, sur cette brèche entre le passé révolu et l’avenir infigurable où se tient l’homme. Between Past and Future (Entre le passé et le futur) titre du recueil des ses exercices de pensée publié en français sous le titre réducteur de la « crise de la culture » .

La connaissance de l’œuvre de Hannah Arendt, peut nous aider aujourd’hui à réinventer un sens à la politique. Autour du souci d’un monde durable. En accompagnant (amorçant ce qui va dans le bon sens, désamorçant ce qui va dans un sens contraire) la sortie inéluctable et indispensable du productivisme. En reconstruisant un espace public ouvert à la pluralité des points de vue et au risque de l’action.

C’est ce à quoi je me suis essayé dans ce petit livre « Réinventer la politique avec Hannah Arendt ».  En m’adressant à ceux qui, comme Utopia, en ont assez de la politique cantonnée au pouvoir et à la gestion des intérêts privés. En offrant un premier accès à l’œuvre d’une femme beaucoup citée mais peu lue, hors des milieux universitaires. En permettant de découvrir, à travers le fil des ses œuvres majeures, l’itinéraire d’une pensée politique d’une liberté et d’une audace sans pareil.

C’est ce que j’ai tenté le15 avril à la librairie Chantelivre d’Orléans, et que je tenterai le 5 mai à la librairie Longtemps de Paris (19h30, 22 avenue Mathurin-Moreau 75019 ) et le 17 mai lors d’une conférence Utopia à Lyon (horaire et lieu à confirmer).

éé

éé