Thelma et Louise

Publié le 22 avril 2011 par Flow

Thelma et Louise.

(réalisé par Ridley Scott)

Girl power.

 

 

La vie est rude parfois... Devoir regarder un film d'un réalisateur qu'on apprécie guère pour le bien de la communauté (ouais, je surestime mon travail et alors?) c'est rude. Il ne faut pas se demander pourquoi les régimes communistes se sont écroulés... Enfin, il me fallait un film de Scott quoi. Détestant par dessus tout ses bobines guerrières aussi creuses qu'irrespectueuses envers l'Histoire et n'ayant pas le luxe de vous parler de Blade Runner ou d'Alien (les deux seuls de ceux que j'ai vu qui valent vraiment le coup à mon avis), je me suis tourné vers ce Thelma et Louise. Eh bien c'était une bonne idée. Car sans être flamboyant, ce manifeste du féminisme est intéressant.

Thelma (Geena Davis) et Louise (Susan Sarandon) sont deux banlieusardes américaines comme il en existe tant. Empêtrées dans leur petite vie ordinaire, elles ne rêvent que d'ailleurs meilleur et de liberté. Sans rien dire à personne, elles se programment un week-end en forme de road trip, au volant de leur belle décapotable verte. Lorsque Thelma est agressée par un ivrogne violent, la situation dégénère et le duo s'enfonce un peu plus dans la criminalité et la pure liberté...

Portrait de femmes.

Road movie par excellence, le film de Scott fait la part belle aux grands espaces américains. Au volant de la voiture (outil indispensable à un tel exercice), les deux femmes goûtent à l'essence de la liberté. Soleil, rencontres impromptues, cheveux au vent... Tous les codes de ce genre sont présents. Le scénario, lui, ne brille pas par son originalité. Un violeur, un meurtre prétexte (tant son impact est occulté dans la psychologie des deux femmes) et une escalade criminelle qui, on se doute, finira mal. C'est balisé.

Le cœur du film est ce portrait de femmes fortes. Soumises et malheureuses, ces deux banlieusardes prennent petit à petit le pouvoir sur les hommes qui les entourent et le contrôle sur leur vie. Un bon travail, porté par les deux actrices, très en forme. Elles sont tour à tour: déterminées, fébriles, abattues, drôles mais toujours touchantes. A n'en pas douter, le point fort de ce long-métrage. Je dois avouer que la stupidité de Thelma m'a énervée tant elle ne semble pas consciente des conneries qu'elle fait et du boulet qu'elle est pour Louise. Mais elle reste attachante. Bref, le film fonctionne parfaitement sur ce point. On s'attache à ces deux estropiées de la vie et on sait que ça va mal finir pour elles. C'est le sel du film.

Féminisme

Ces femmes fortes, Scott les adore. On l'a vu avec Alien et à vrai dire je pense que c'est le seul trait lisible de sa filmographie. Le reste n'est que fatras et réalisation impersonnelle. Plus développé que dans le labyrinthique Nostromo, le féminisme se construit ici par l'opposition entre le désir féminin et la connerie masculine. Les hommes pullulent dans ce film. Proches de la caricature, ils sont soit totalement débiles... Le mari de Thelma m'a bien fait marrer. Être aussi con est impossible. Il considère sa femme comme un trou sur pattes, censé lui faire la cuisine et n'en finit pas d'être étonné lorsqu'il se rend compte qu'elle est capable de penser (la scène où il répète quoi?? en marchant dans sa pizza est significative, en plus d'être irrésistible). …Soit grossiers et abjects. Le violeur, le conducteur du camion et ceux qui, hors champ, ont abusé de Louise au Texas représentent cette catégorie peu reluisante. Tout au plus, ils sont inconscients ou colériques. Le personnage joué par Brad Pitt ne pense qu'à s'amuser alors que celui de Michael Madsen est, certes, attentionné mais il apparaît instable et un peu agressif. Les femmes semblent être plus adultes et raisonnées que tous ces hommes et leur quête de liberté sonne comme un affranchissement. Le seul personnage masculin qui est un homme bon est celui d'Harvey Keitel. Le policier est attentif, concerné et prêt à tout pour aider les filles. Tel un père qui protège sa progéniture. Mais lasses du comportement masculin, elles ne lui font pas confiance et préfèrent la mort. Scott livre un beau petit manifeste du féminisme, destiné aux deux genres.

Un petit film sympa. Le traitement du propos ne casse pas trois pattes à un canard mais il est utile de le rappeler au bon vouloir de ces messieurs. Par contre, il confirme mes préjugés: Ridley Scott est un réalisateur impersonnel. Et je n'adhère que moyennement à la fin. La mort ne me semble pas être la meilleure solution face à la bêtise masculine...

 

Les +:

- Portrait de femmes.

- Féminisme.

Les -:

- La fin.

- Anecdotique.

Note: