Les apparentes limitations de l'espace

Publié le 22 avril 2011 par Joseleroy

Ce que nous sommes vraiment est l'espace de conscience non-duel, mais cet espace est limité en apparence par des conditionnenments auxquels nous nous identifions : le corps, les pensées, les émotions, les tendances psychologiques etc.

Tout se passe comme si l'espace illimité était devenu limité. C'est une analogie interessante qu'on trouve dans l'advaita vedanta comme le rappelle Dennis Waite dans le livre qu'Almora vient d'éditer:

"Qui nous sommes vraiment est le Soi non duel, l’Atman, mais parce qu’il est recouvert par l’ignorance nous croyons être limités à une âme séparée contenue dans un corps et un esprit. On pourrait alors considérer le jīva comme étant l’Atman, accompagné de l’upādhi (surimposition) de l’avidyā (l’ignorance). Un upādhi est une chose qui semble créer des restrictions ou limiter mais sans le faire vraiment en réalité.


Pour l’expliquer, on a recours à la métaphore d’une cruche qui serait l’upādhi de l’espace apparemment contenu en elle. Si nous avons une cruche d’un litre, elle ne peut clairement contenir qu’un litre de liquide et nous pouvons considérer l’espace à l’intérieur comme étant limité de la même façon. Mais, en réalité, l’espace est partout, il n’est affecté en rien par la présence de la cruche. Si je la déplace de 30 cm vers la droite, l’espace qu’il occupait semble libre mais du point de vue de l’espace rien n’a vraiment changé. Si maintenant vous placez un pot de fleurs à l’endroit qui était occupé par la cruche, l’espace semblera conditionné par le pot de fleurs.
L’Atmabodha explique ceci de la façon suivante :
L’ākāśa omniprésent nous semble multiple parce qu’il s’associe avec différents conditionnements (upādhi) qui sont tous différents les uns des autres. Quand ces surimpositions sont supprimées, l’espace devient unique. Ainsi, la Vérité Omniprésente nous semble multiple à cause des associations avec les différents upādhi-s et elle redevient une quand ils sont détruits.
En réalité le jīva est l’Atman mais il semble être une entité séparée à cause de la forme limitante du corps et de l’esprit, tout comme l’espace semble limité par la cruche. Si la cruche casse, l’espace qui « l’occupait » avant ne s’en trouve aucunement affecté. De la même façon, quand le corps meurt, l’Atman demeure inchangé. Cette façon d’expliquer la nature du jīva se nomme avaccheda vāda (vāda étant une thèse ou doctrine ; avaccheda signifiant littéralement « coupé de » ; on pourrait l’appeler la théorie de la limitation)." Dennis Waite, Advaita vedanta, ALmora 2012

En fait, il ne s'agit pas de détruire les limites mais de voir qu'elles ne sont qu'apparentes et ne nous privent pas de l'unité avec l'illimité. Je ne vais pas détruire le corps bien sur, mais je vais prendre conscience qu'il est en moi et que je ne suis pas lui ; je ne vais pas détruire les pensées mais je vais voir qu'elles surgissent dans l'espace vide sans me couper de lui.

Une fois que l'espace de la cruche s'est éveillé à son unité avec l'espace total, les limites de la cruche ne sont plus un problème.

jlr