“La Croisière” de Pascale Pouzadoux

Publié le 22 avril 2011 par Boustoune

”Vacances, j’oublie tout”, beugle Elégance via les enceintes du paquebot MSC Fantasia (chez les ploucs?) sur lequel se déroule le nouveau film de Pascale Pouzadoux, La Croisière, une comédie affligeante que l’on a effectivement intérêt à oublier très vite.

Dès le générique de début, on pressent que le film va être mauvais. Les personnages principaux sont présentés par un arrêt sur image accompagné d’un bref descriptif qui en dit long sur leur personnalité : des caricatures de caricatures…
La paysanne quinquagénaire qui n’a jamais quitté sa ferme, ses porcs et son lourdaud de mari (Charlotte de Turckheim); la veuve qui passe son temps en mer, accompagné de son chien-chien (Line Renaud); la pickpocket de banlieue super-sexy qui vient de subir un gros chagrin d’amour (Nora Arnezeder) ; le mari trompé qui suit sa femme adultère en embarquant clandestinement (Antoine Duléry) et l’executive-woman super-stressée, désagréable, “parisienne” – arf, le bon vieil humour anti-parigot tête de veau – (Marilou Berry)…

Tout ce petit monde va se croiser et finalement se lier d’amitié – et plus si affinités, au cours de quelques jours intenses et riches en émotions. Euh… si on peut qualifier d’intenses et riches en émotion un concours de variétés françaises, des passages répétés au confessionnal et l’aperçu minimaliste d’une excursion sur un îlot de 10 m². Ah, ça, on ne peut pas reprocher à Pascale Pouzadoux d’essayer de nous embobiner avec la beauté des paysages méditerranéens. Non, tout reste concentré au niveau des cabines et des blablas inintéressants des personnages.
Oui, inintéressants, comme les enjeux de l’intrigue, dignes des plus mauvais épisodes de “La croisière s’amuse”, référence revendiquée et appuyée par l’emploi répété et saoulant de la musique de la série télévisée. Tout est d’une platitude rare et d’un ennui mortel.

Si c’était drôle, on pourrait pardonner ces fautes de goût, les mettre sur le compte d’une volonté parodique. Mais non, même pas. Les situations, poussives, téléphonées, et les dialogues, indigents, ne nous arrachent pas l’esquisse d’un sourire…

Dans ces eaux troubles, les acteurs se débattent comme il peuvent pour ne pas couler. En pure perte…
Antoine Duléry se travestit en lorgnant du côté de Tony Curtis, époque Certains l’aiment chaud mais ressemble plus à une version de Tootsie, revue et corrigée par les Deschiens. Charlotte de Turckheim semble avoir travaillé son rôle en regardant “L’amour est dans le pré”. Line Renaud se prend pour Clint Eastwood en balançant une réplique du style “Dans la vie, il y a deux types d’individus…”. Marilou Berry semble constamment au bord de la crise de nerfs, et son énervement finit par nous gagner aussi, très rapidement.

Des personnages ne servent absolument à rien, comme l’épouse adultère et son amant (Camille Japy et Alexandre Brasseur, perdus en route…) ou le commandant de bord joué par Jean Benguigui. D’autres ne servent à rien non plus mais occupent outrageusement l’espace, comme Stéphane Debac.
Ouh, il commence à nous plaire, lui… Non content de nous avoir époustouflés (mode ironie “on”) avec sa prodigieuse imitation du serial killer américain dans La Proie, le voilà qu’il se prend pour Bruce Willis dans les Die Hard, tout en roulades sur le sol, mimiques qui tuent et en vannes assassines (“dans ton cul!” re-arf…). Ah oui! C’est presque ça… Enfin, presque, hein?

La seule qui parvient à rivaliser avec lui pour le titre du comédien le plus affligeant du film, c’est Armelle, qui a le don de nous vriller les tympans de sa voix agaçante à chacune de ses interventions, et notamment dans sa tirade finale, sommet d’hystérie crispante…
Oui, “Crispant” est un adjectif qui convient bien à cette pitoyable comédie. “Horripilant” aussi. Ou “ennuyeux”… A ce point là, c’est fatigant : c’est “La Croisière, ça m’use”…

L’unique actrice qui réussit à peu près à surnager dans ce naufrage total, c‘est la ravissante Nora Arnezeder . Et encore, on l’a affublée d’un ridicule accent de “djeune de la téci” qu’elle oublie de prendre une phrase sur deux…

Ah tiens, on a finalement trouvé la fonction de Jean Benguigui dans le film. Son personnage en a marre de passer sa vie en mer. Il rêve de revenir à une vie plus terrienne, de devenir agriculteur, de “cultiver des navets”.
Voilà qui sonne comme une note d’intention… Sans doute peut-il s’inspirer du parcours de Pascale Pouzadoux qui, après un premier film pourtant intéressant (Toutes les filles sont folles) semble aujourd’hui avoir renoncé à toute velléité artistique… Hou! Le mal de mer…

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La Croisière
La Croisière

Réalisatrice : Pascale Pouzadoux
Avec : Antoine Duléry, Charlotte de Turckheim, Line Renaud, Marilou Berry, Nora Arnezeder
Genre : Titanic made in France
Durée : 1h40
Date de sortie France : 20/04/2011
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Toute la culture

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