Bulle 2.0 : quels impacts pour les entreprises, et les TPE/PME ?

Publié le 05 février 2008 par Iirsys

De plus en plus de professionnels se posent la question : sommes nous, ou allons nous dans une bulle 2.0, ou bulle sociale ?
Officiellement, la réponse communément admise aujourd’hui est non. Mais au delà d’un grand optimisme qui règne parmi les acteurs du web, et notemment des acteurs financiers, nous pouvons relever certains points de reflexion concernant le web 2.0.

Des élements de surchauffe 2.0 ?

Le phénomène d’information overload peut entrainer une perte de la valeure de l’information
… et une remise en question de certains modèle d’exploitation de l’information.
Le phénomène qui est appelé « information overload » (ou surcharge d’information), expliqué sur wikipedia, est un état dans lequel l’être humain est exposé à une quantité d’information telle qu’au lieu de l’aider, elle le pénalise. Au lieu de donner des élements de compréhension, un état de surcharge d’information va ralentir la personne dans son analyse, dans son travail au quotidien et dans sa productivité. La personne sera exposée à une quantité telle d’information, qu’elle peut devenir incapable de prendre une décision.
Ce phénomène d’information overload a été énormement accentué par les services 2.0. De part la nature de partage d’information des services 2.0, on envoie et on recoit beaucoup plus d’information que nécessaire. Nous sommes à la fois polués et polueurs. Cette information est à la fois distractive (perte de productivité) et va nous freiner dans notre capacité à synthésiser l’information, qui a un impact direct sur la prise de décision : en état de surcharge d’information, on prends plus de temps à prendre de bonnes décisions …
Les blogs contribuent nettement à augmenter cet état d’information overload, qui entrainent une nouvelle dérive : le buzz overload. Noyés dans une quantité d’information, on ne sait plus quelle est la source de l’information, si l’information est viable, si l’information est importante …

Un changement dans la nature de l’information archivée
L’information archivée, qui est le socle de Google, tends à perdre en intérêt avec l’augmentation de l’utilisation des médias sociaux. Des services comme twitter, ou certaines utilisation de facebook, tendent à rendre obsolète la recherche sur Google. Je peux trouver l’information que je recherche directement auprès de mon réseau d’utilisateurs de médias sociaux. De plus, l’accès à un réseau d’utilisateurs peut me permettre d’accéder à l’information en « live », avant que cette information soit même reprise sur les sites d’informations, et donc sur Google. Par les médias sociaux, je peux avoir accès, dans certains cas, à l’information que je recherche avant que Google ne l’archive

Une utopie des medias sociaux
Parrallelement (ou paradoxallement), les médias sociaux sont surrestimés … On ne connait pas encore leur poids réel … ni leur utilité … ni leur finalité. Aujourd’hui, les médias sociaux sont une découverte, et tout le monde se précipite dessus, plus comme sur un nouveau jouet que sur un service à valeur ajoutée. Seront t-ils encore utilisés dans 2 ans ? On réalise de plus en plus la désilusion de Facebook.
Une entreprise peut-elle vraiment tirer partie des médias sociaux ? Difficile à dire.

Une utopie également du contenu généré par l’utilisateur
Les marques sont, quoi qu’on en disent,méfiantes quand à ces nouveaux phénomènes. Le marketing des marques est batit depuis des décennies sur un modèle inverse du 2.0. L’utilisateur, le consomateur, ne crée pas la publicité de la marque, il la subit, et la consome. L’utilisateur était jusque là un consomateur, et était influencé par le marketing. Dans le modèle du 2.0, le consomateur se place au centre du marketing, il n’est plus influencé, mais peut influencer … peut devenir, ce qu’on appel (un terme à la mode), un influenceur…. C’est bien l’inverse du marketing de marques …
Y’a t-il un vrai modèle économique ? Difficile à dire. Les marques restent très méfiantes.

Un ralentissement dans le marketing et la publicité en ligne
L’action Google (GOOG) connait une chute libre depuis 2 mois, et a cloturé aujourd’hui à 495.43 $, retombant pour la première fois sous la barre des 500 $ depuis Août 2007.
C’est, selon Bloomberg, la plus grosse chute de l’action depuis son entrée en bourse en Août 2004. Les derniers résultats annoncés par Google montre, selon les analystes, qu’un net ralentissement dans la publicité en ligne est attendu pour 2008.

L’ensemble de ces éléments peut réveler, des signes qui peuvent ammener à des réflexions sur l’éventualité d’une bulle 2.0.

Quel impact aurait l’éclatement d’une bulle 2.0 sur l’activité en ligne des TPE/PME et moyennes activités ?

Cette question est trés interessante. Il est interessant de noter qu’aujourd’hui, à l’heure du “tout social”, et dans une croissance trés forte des chiffres du e-commerce, les petites et moyennes entreprises traditionnelles ne sont pas les grandes gagnantes du phénomène des médias sociaux.

1. Difficulté d’apatation aux médias sociaux

Il est difficile pour les TPE/PME de bénéficier des média sociaux pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le recours à un service qui leur permettrai d’en bénéficier est compliqué. Les agences découvrent ce phénomène, l’apprivoise, et les premiers bénéficiaires en sont les grands comptes, ou les starts up très dynamiques. Il est encore difficile d’avoir recours à des services permettant de tirer une grande valeur ajoutée des média sociaux pour une entreprise. Même si l’entreprise souhaitait embaucher ponctuellement des ressources humaines pour exploiter les medias sociaux, il peut être très compliquer de trouver cette main d’oeuvre … Il y a encore 12 mois, personne n’utilisait ces nouveaux médias ! Cette main d’oeuvre est donc rare.
De plus, le modèle qui permettrait aux entreprises d’exploiter les médias sociaux est encore très flou … Et le risque demeurre incertain.

2. Le retour sur investissement trés difficilement au rendez vous

Même pour les grand groupes, on se demande encore comment faire du ROI avec les médias sociaux … Les pistes actuellement exploitées sont principalement liées au marketing viral, et à la visibilité. Mais les coûts restent élevés, et le ROI difficilement quantifiable.

3. Les réponses apportées par les médias sociaux ne correspondent pas directement à des problèmes concernant les TPE/PME

L’écart entre les médias sociaux du 2.0 et les besoins des TPE/PME est énorme … On parle beaucoup d’entreprise 2.0, mais ces concepts ne correspondent pas à l’essentiel des besoins des TPE/PME. Les méthodologies liées à l’entreprise 2.0 restent réservées à un cadre précis d’entreprises … Et encore, personne ne peut actuellement donner de solutions exhaustives quand on parle d’entreprise 2.0. Le gouffre est immense entre entreprise 2.0 et petits patrons de TPE/PME …

4. Les attentes des TPE/PME en communication sur le Web sont autres part que dans les médias sociaux

Les TPE/PME ont essentiellement besoin de cibler leur audience. Pour beaucoup de TPE/PME, leur clients ne sont pas utilisateurs de médias sociaux … donc le problème ne se pose même pas. Leurs besoins en terme de communication et de visibilités sont différents, et les 2.0 n’est absolument pas une réponse à ces besoins.

5. Les médias sociaux deviennent des concurents ?

Les medias sociaux peuvent même créer une concurence …
Quand je passe 2 heures sur Facebook, en plus de mon temps internet, ce sont 2 heures que je ne vais pas passer à aller faire du shopping, ni aller manger un sandwich ou boire un verre chez les petits commercants de mon quartier, … Ce sont 2 heures pendant lesquelles je ne consommerai pas, et, contrairement au Web classique, ce sont 2h pendant lesquelles je ne consommerai pas non plus en ligne.
Ce phénomène est encore trés bénin, et il est encore trés tôt pour tirer des conclusions, mais il doit être pris en compte…

Pour synthétiser sur l’effet de bulle

Il me semble personnellement clair que nous somme dans une bulle 2.0. Le terme 2.0 en lui-même est un terme qui a été adopté pour sortir de la crise du crack internet de 2001, et relancer une confiance dans un « web version 2 ». La réalité, c’est qu’il n’y pas pas de web 1 et de web 2. Il n’y a pas deux web différents, mais un seul réseau, une technologie basée sur les même protocole et la même architecture (qui connait des phases d’évolution, ce qui est normal), ce sont également les mêmes utilisateurs qui utilisent le web 2 que ceux qui utilisaient le web 1 (vous et moi). Le fondement même du terme « web 2 » est très discutable … Le modèle économique du web 2 n’est pas encore établi (y’en a t-il seulement un ?), et beaucoup des grosses sociétés web 2 ne rapportent pas encore d’argent … (Facebook devrait faire selon les analystes un résultat net de 100 Millions de $ en négatif en 2008 - *à verifier, source à venir).

L’impact que pourrait avoir une explosion de la bulle 2.0 sur les TPE et PME

Si une bulle 2.0 devrait exploser, il est très probable que l’activité des TPE/PME sur Internet ne soit pas afféctée, au contraire elle pourrait être renforcée… Le web repose aujourd’hui sur des bases et un modèle beaucoup plus solide que « la mode 2.0 », et un dégonflement de la bulle 2.0 pourrait être grandement profitable aux TPE/PME qui sont aujourd’hui laissées à l’écart du courant des medias sociaux.