1m72 et 60 Kg de fantaisie, je suis…

Publié le 24 avril 2011 par Passionacmilan

Robson de Souza dit Robinho est arrivé pour pas moins de dix-huit millions cet été en provenance de Manchester City. C’était un cadeau de Berlusconi pour ses tifosi. Ce cadeau n’était cependant pas exempt de risques. En effet, le brésilien touchera un salaire de cinq millions mais ne s’est surtout jamais imposé dans un grand club européen. Après, des débuts prometteurs au Réal Madrid, il se retrouve mis au banc des indésirables. L’histoire se répétera à City. Aujourd’hui Robinho, joue pour nous. Faisons un bref récapitulatif.

En début d’année, Robinho est vu par beaucoup de tifosi comme un remplaçant couteux pour le trio Ibra-Ronaldinho-Pato. Le discours est assez simple. Robinho n’a pas le niveau. Il n’arrivera jamais à bousculer la hiérarchie établie. Malheureusement, l’expérience nous montre que bien souvent les hiérarchies sont faites pour être renversées. À en écouter certains Pato ne se blessait jamais et Dinho était un monstre et allait finir à 40 ans comme Maldini

Quelques matchs plus tard, Ronaldinho redevenu Ronaldigros n’illumine plus que les pistes de danse milanaise. Un peu comme on pouvait s’y attendre d’ailleurs. De plus, notre prodige de cristal se blesse assez régulièrement. Par la force des choses, le feu follet se retrouve de plus en plus sur le terrain. Que ce soit en attaque comme second attaquant ou en milieu offensif Robinho ne rechigne pas à la tâche et se bat comme un beau diable. Il faut alors se rendre à l’évidence quand Robinho est là, Milan joue mieux. Le brésilien possède un jeu moins lent que Seedorf et moins statique qu’Ibra ou Pato. La majorité des tifosi louent les efforts fournis par Ô Principe. Très rapidement, il devient un  maillon clef du dispositif d’Allegri. Malgré plusieurs défauts le remplaçant de luxe était devenu titulaire, comme par magie le lutin est devenu grand. Néanmoins, ces défauts continuent à faire débat et vont jusqu’à diviser les rossoneri. Son manque de finition exaspère une bonne partie du public milanais. Une, deux, trois parfois quatre face-à-faces sont nécessaires avant de voir un but marqué par Robi-Show. Il efface parfois deux ou trois adversaires ainsi que le gardien  avant de rater l’immanquable. En somme, il n’est pas buteur et cela pose un sérieux problème à certain supporters car l’immuable et intemporelle vérité veut qu’un attaquant marque.

Allegri tente alors de le reculer d’un cran et de l’essayer au poste de milieu offensif pour combler la défaillance de Seedorf. Le résultat n’est pas mauvais mais n’est pas non plus admirable. Robinho n’est pas non plus assez fort pour effectuer la dernière passe et son manque de discipline déséquilibre le schéma tactique.

Émerge alors en masse des discours simplistes. « Robinho est inutile ». « Il faut le vendre ». « Il coûte trop cher pour son rendement ». Les sirènes se font entendre si forts qu’Allegri écarte Binho lorsque Ibrahimovic et Pato sont disponibles. Le constat est alors saisissant. Milan retombe dans sa morosité. Nos deux « killers » ne se trouvent pas. On parle de mésentente, jalousie, terrorisassion, pouvoir d’influence, conflit d’intérêt entre le Papero et King Ibra. Suite aux mésaventures des deux buteurs Robinho réintègre le Onze de base. Il est toujours aussi maladroit mais Milan se redynamise. Plus important, comme par enchantement son compère de l’attaque joue mieux. Sur le plus long terme, le phénomène se confirme. Pourtant, une partie des tifosi préfèrent voir ses ratés. Les myopes que nous sommes, nous ne voyons que les tirs manqués et les dribbles foirés.

Comme tout bon tifoso, nous nous improvisons analystes. À nos heures perdues, nous enfilons nos casquettes de coach et débattons sur mille et un sujets. Binho ne déroge pas à la règle. Nous retournons tout dans tous les sens, toutes les positions.

Les avis sont plutôt négatifs. « Il rate tout et puis c’est tout ». Cependant, n’y aurait t’il pas une faille dans nos raisonnements ? En effet, il serait mauvais mais quand il est présent, Milan gagne… Situation relativement paradoxale… De plus en plus, je me pose quelques questions (oui, cela m’arrive aussi de réfléchir !!). J’en viens alors à une conclusion personnelle qui est que comme souvent nous ne pensons pas le problème dans sa globalité. Nous avons une fâcheuse tendance à ne pas prendre toutes les données en compte et ne garder que les plus visibles. Dans ce cas, les données les plus visibles sont les ratages à répétition du joueur. Au contraire, je pense qu’on oublie quelques petites choses importantes qui pourraient bien résoudre le paradoxe exposé précédemment.

Premièrement, le football est un sport d’équipe. Je dirais même plus que le football est l’agencement de onze personnalités recherchant la victoire. Par conséquent, pour être une grande équipe il faudrait une alchimie quasi-parfaite entre les onze joueurs. Nous oublions trop vite cette banalité. En effet, un team n’est pas composée de onze joueurs indépendants mais bien de joueurs tous interdépendants entre eux. C’est ce qui me pousse à penser que Binho est bien plus important qu’on veut le croire. Ses appels de balle, dribbles, mouvements créent en réalité beaucoup d’espaces pour notre avant-centre (Ibra ou Pato). C’est pourquoi, on joue (pour le moment) mieux lorsque c’est l’acrobate brésilien qui est aux cotés d’Ibra ou Pato. Il s’entend bien avec les deux et leur permet de pouvoir s’exprimer plus librement. En effet, il ne faut pas regarder le rendement individuel des joueurs mais bien le rendement collectif. C’est alors assez clair dans les faits. Il vaut mieux un duo d’attaque composé de Binho et d’une pointe qu’un duo de deux pointes. Ibra/Binho, Pato/Binho ou Ibra/Pato ? En ce qui me concerne, je choisis les deux premières solutions. Il n’y a peut-être qu’un buteur mais marquons-nous moins pour autant ? Grosso modo, il vaut mieux deux joueurs moins talentueux qui s’entendent que deux prodiges en totale contradiction. L’adage dit d’ailleurs qu’on ne gagne pas avec onze stars sur le terrain.

Deuxièmement, nous occultons quelques vérités. Ce n’est pas vraiment de la malhonnêteté mais plutôt notre empressement dans le raisonnement. En effet, qui a dit que Robinho était un buteur ? Á moins que je me trompe ni Galliani, ni Braida, ni Berlusconi, ni personne  n’a dit au moment du transfert que Robinho était un buteur. Ils ont assez clairement exprimé le rôle du fantasque brésilien. Il venait comme ailier, ou second attaquant. Depuis quand ce genre de joueurs doivent marquer 30 goals sur la saison ? Qui a décrété que Robinho était un Bomber ? Nous-mêmes ! En faisant cela nous dénaturons le joueur. C’est un peu comme si on demandait à Gattuso de faire des assists et qu’on le jugeait par rapport à cela. Evaluer Binho sur son nombre de buts inscrits est une grande erreur. Ce n’est pas et ne sera jamais son rôle. Il doit avant tout beaucoup bouger afin de créer de l’espace, du mouvement. En d’autres termes, un attaquant de soutien dont le rôle et de permettre au buteur de buter (!). Ensuite, lorsque nous intégrons cela les chiffres sont tout de suite plus flatteurs. Il en est à douze pions et pour un deuxième attaquant c’est très loin d’être si peu ou ridicule que ça. Y a-t-il beaucoup de secondes pointes avec ce nombre de buts eu Europe ? En restant dans les chiffres, nous nous apercevons très vite que Milan perd très peu avec Binho sur le terrain.

Dernièrement, nous oublions trop vite que Robson de Souza n’a « que » 27 ans. Soit l’âge idéal pour un attaquant. On peut penser qu’il rentre dans ses meilleures années. Il a atteint sa maturité footballistique et cela se voit. Le lutin fût un joueur à l’explosion (trop) précoce. Très vite comparé à Pelé et transféré au real Madrid, il n’était sans doute pas prêt.  Aujourd’hui c’est un joueur qui n’a plus rien avoir avec le gamin puéril d’il y a cinq ou six ans. On le voit bien plus discipliné et moins fêtard qu’à l’époque. De plus, il se sent bien à Milan. Il faut aussi retenir que Robi-show n’est à Milan que depuis six ou sept mois. On peut qualifier son adaptation de rapide et adéquate. Il n’est pas rare de voir des joueurs explosés après une ou deux saisons.

Finalement, tous ces points me font penser que Robinho est bel et bien un joueur important de ce Milan. Il aura fortement contribué à la victoire finale (si, il y a victoire finale). Á mon avis ces points résolvent le paradoxe : Binho rate, Binho vendange mais on ne marque pas moins et nous jouons mieux. C’est vrai qu’il coûte cher mais y a-t-il vraiment des joueurs de 27 ans au niveau de Robinho pour moins de dix-huit millions sur le marché ?  En plus, c’est un cadeau du président et les cadeaux ne se refusent pas, politesse oblige…

En ce qui me concerne quand j’ai été à San siro le Principe a tout raté mais quel plaisir pour les yeux. Quelle aisance technique, vivacité, sens du spectacle fait preuve l’artiste brésilien. Le feu follet jouait tandis qu’Ibra marquait deux goals. Coïncidence ? Peut-être que oui, peut-être que non. Puis, on ne peut pas tout avoir et moi j’ai compris pourquoi Robinho n’est pas un buteur. S’il mettait 30 buts par saison en plus du reste, il serait déjà cinq fois ballon d’or…CQFD.

Ironie du sort c’est le raté qui a marqué hier alors : Pensons global et surtout mangeons des céréales (ça aide…Ou pas !!!).

Forza Robinho e basta

Article rédigé par R.G
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