Vous en voulez encore ? (retour sur un phénomène de société)

Par Borokoff

A propos de Scream 4 de Wes Craven 1.5 out of 5 stars

Alors que dix ans se sont passés depuis les meurtres sauvages qui ont endeuillé la petite ville de Woodsboro (USA), Sidney Prescott (Neve Campbell), la célèbre brune rescapée, revient dédicacer un livre expiatoire sur ces évènements tragiques… Avec une certaine appréhension et un traumatisme qui sont restés en elle. Mais l’assassinat brutal de deux jeunes filles par un tueur au masque de fantôme vient réveiller les démons et la peur enfouis en Sidney…

Que penser de ce Scream 4, 15 ans après le premier Scream ? Si le pari était osé, le résultat est un peu décevant, la faute à un scénario qui ne tient pas la route, notamment dans son dénouement, peu crédible. Mais comment pouvait-il en être autrement ? Parfois, les meilleures choses ont une fin.

C’est pourtant avec le sourire et une certaine jubilation que l’on retrouve nos héros préférés d’antan, le super sheriff Dwight « Dewey » Riley (Davis Arquette, qui s’amuse toujours autant à trop en faire), la belle Gale Weathers (Courtney Cox) et la courageuse héroïne Sidney Prescott.  Mais la sauce ne prend plus.

Là où Scream est davantage pertinent, c’est dans sa mise en abyme d’un film d’horreur au début. Avec malice, Wes Craven s’interroge sur la possibilité de faire encore un bon film d’horreur à notre époque sans tomber dans le cliché ni les vieilles ficelles éculées. C’est la meilleure partie du film. Pour le reste, on repassera. Car avec sa réflexion sur les réseaux sociaux, le fait que la vie privée des gens soit devenue accessible à tous et mise en ligne dans le domaine public via Facebook et Twitter, Wes Craven ne fait pas dans le constat très original et enfonce plutôt des portes ouvertes. Est-ce une nouveauté de dire que l’émergence de ces nouveaux moyens de communication a facilité l’intrusion dans la vie privée, que les médias ne se penchent sur les faits divers (« il faut avoir une vie de merde aujourd’hui pour que l’on s’intéresse à vous… ») que pour fabriquer des héros éphémères ?

On préfère s’attarder sur cette valeur sûre que sont la mise en scène et le style de Craven. Éléments communs à ses films, l’humour, un certain sens de la dérision, de la parodie et la répétition d’un motif. Soient un duo de tueurs et une maison dans laquelle une jeune femme se fait harceler au téléphone avant d’être sauvagement poignardée. Auparavant, Craven a eu le temps de nous faire visiter toutes les pièces (montée de l’angoisse) et fait comprendre que la jeune femme était tout bonnement prise au piège. Cette scène de la maison et de la jeune femme qui s’y retrouve emprisonnée puis tuée, Craven la maîtrise parfaitement. C’est un gage de son style et un leitmotiv qui le poursuit depuis le premier Scream. Mais ce qui est gênant, ce n’est pas la redondance de ces scènes, c’est le fait que cette virtuosité formelle soit au service d’un scénario assez pauvre dans son ensemble comme est pauvre la psychologie du tueur, qui rêve que l’on ne parle que de lui au final.

Craven, faisant parler l’un des personnages au début du film, dit qu’un bon film d’horreur nécessite que la psychologie du tueur soit fouillée. Le caractère des autres personnages importe peu, mais celle du psychopathe si. Or, dans Scream, s’il y a bien un reproche que l’on puisse faire, c’est que la psychologie du tueur soit aussi peu développée. Autre problème majeur, c’est que le tueur en question est joué par un(e) acteur (trice) très peu convaincant(e).

Gageons que la série s’arrête vraiment cette fois… Ou qu’au moins, Craven ne fasse pas le cinquième opus.

www.youtube.com/watch?v=G-5K4QLUCOU