Ce roman est le récit d'une descente aux enfers pour cet homme, qui va subir, impuissant, la lente et inexorable altération de ses propres processus mentaux. Chapitre après chapitre, Patrick McGrath met en place les pièces de ce puzzle diabolique. Charlie, bien que conscient de sa propre déchéance, a bien du mal à identifier son traumatisme personnel, qui se réactivera donc sans qu'il ne puisse rien y faire, lui qui pensait que seuls ses patients en étaient victimes.
Dès le début, le lecteur est plongé dans l'intimité des protagonistes. Une ambiance délicieusement pesante se dégage de ce récit qui vous happera pour ne plus vous laisser décrocher de ce livre avant la fin. Sorte de thiller psychologique, la force de ce roman repose sur la crédibilité de Charlie Weir, qui sait parfaitement analyser ses propres symptômes.
Les thèmes de la culpabilité, de la maladie mentale et des conflits familiaux sont traités de manière rigoureuse. La première phrase du roman est terrible : "Ma mère tomba en dépression pour la première fois quand j'avais sept ans, et j'eus le sentiment que c'était ma faute." Et la poisse ne va plus lâcher ce pauvre Charlie Weir, qui pourtant fait tout ce qu'il peut... Le récit de sa vie est dérrangeant, car l'on sent bien que se révèle au fur et à mesure son propre trauma ("Telle est la nature du trauma. L'événement se produit toujours maintenant, dans l'instant présent, pour la première fois" p.142).
Pour savoir ce que Charlie "traîne" lourdement, depuis si longtemps, et s'il pourra s'en libérer, lisez vite "Trauma".