Seun Kuti, grand prince afro-beat

Publié le 27 avril 2011 par Africahit
Quarante ans après sa création, l’afro-beat a conquis l’Amérique, l’Europe et même le Japon. Au Nigéria, sa patrie originelle, il continue à exister à travers Seun Kuti, digne héritier de son père, Fela Kuti. Le fils, qui sort ces jours-ci un second album From Africa With Fury : Rise.
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Sur son dos, Seun Kuti s’est fait tatouer en lettres gothiques "Fela Lives", (Fela est en vie, ndr), un slogan largement décliné à Lagos en autocollants ou tee-shirts, comme autant de signes de résistance. Sur la peau de son benjamin, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, les mots deviennent promesse.

Dans ce second album, From Africa With Fury: Rise, le jeune Seun Kuti (28 ans) dirige Egypt 80, la même formation que son père, et comme lui se fait appeler Anikulapo, soit "celui qui tenait la mort dans son carquois". Entre hier et aujourd’hui, la transmission coule de source : tout montre que Seun est soutenu par l’entourage de Fela.

Lémi Ghariokwu, l’illustrateur historique des 33 tours paternels signe la pochette de l’album. Dans des morceaux nettement plus courts que ceux de Féla, mais plus longs que ceux de la plupart des albums contemporains– un sacrifice fait à l’époque-, les musiciens de Egypt 80 livrent à Seun une version concentrée de sa légendaire aptitude à la transe.

Des choristes merveilleusement maquillées parent les rythmiques hypnotiques de leurs chœurs sensuels. Et Seun dans tout ça ? D’abord, il compose presque tous les titres de l’album. Parfois directement inspiré par l’âme paternelle, il reprend tous les codes du genre, mais réussit à être dans son temps.

Bien sûr, l’afro-beat n’a rien d’une musique compassée, mais la proposition musicale de Seun est bien celle d’un artiste de 28 ans, en 2011, qui ose parfois des arrangements funk ou presque électro. Seun Kuti est avant tout un artiste de scène et tous les morceaux ont fait danser des milliers de personnes en live avant de passer en studio : résultat, ils restent dopés par l’énergie du public.

Quant aux textes, depuis quarante ans, la situation quotidienne du Nigéria s’est peu améliorée et l’afro-beat reste une arme de dénonciation. Alors comme son père Fela ou son frère aîné Femi, Seun Anikulapo prend son saxophone, son micro et part en guerre contre les abus de pouvoir, militaires, politiques ou économiques. Seun est le fils de son père, il assume.