Martine en têtes de gondole, collections distinctes pour filles et garçons..

Par Benard

Le retour des stéréotypes dans l'édition jeunesse

Tandis que l'on assiste à l'émergence de certains clichés dans le secteur de l'édition jeunesse, la bibliothèque du Grand Parc, engagée dans la lutte contre le sexisme ( un des thèmes du 3ème Projet Social de la Ville de Bordeaux), a tenu table ronde sur le thème : “La fabrique des filles et des garçons - Retour de stéréotypes et émergence d'autres discours dans la littérature jeunesse contemporaine”. Josée Lartet-Geffard, responsable de la programmation jeunesse à Lettres du Monde, Ariane Tapinos, responsable de la librairie Comptines, Mélanie Decourt, des éditions Talents Hauts et Virginie Antoine, bibliothécaire jeunesse étaient là pour évoquer leurs constatations, leurs réflexions et leurs (ré)solutions face à une tendance aussi éditoriale que sociétale.

Si en 68 les femmes envoyaient voler leur soutien-gorge, quarante-huit ans plus tard, on ne peut que le constater, les combats pour la libération féminine ont du plomb dans l'aile. Remise en cause de l'avortement, violences conjugales, discriminations, précarité, monoparentalité… Si on sait comment on fait les bébés, on ne sait toujours pas s'il y a “un chromosome de la petite voiture” et  ce qui, au-delà du genre, distingue vraiment  ou non les filles et les garçons. Rose Barbie pour les unes, kaki G.I. Joe pour les autres,  entre ces deux modèles dominants, longtemps, point de salut. Côté  support imprimé, pendant des années, les livres ont véhiculé des stéréotypes où la mère au foyer reprisait, faisait la cuisine ou oeuvrait dans des métiers subalternes pendant que le père fumait sa pipe, lisait son journal et avait une vie sociale. Depuis, les choses ont évolué, les livres d'apprentissage de la lecture ont véhiculé d'autres messages, les collections pour la jeunesse se sont multipliées pour envoyer voler les méthodes éducatives de la comtesse de Ségur et diversifier les histoires de pirates où les héroïnes (quand il y en avait) ne savaient que s'évanouir. Oui mais voilà !…

Martine… Le retour !
“On assiste à une véritable dégradation et non à un sexisme par inadvertance ou hasardeux” constate Josée Lartet-Geffard, après son rapide panorama historique de la manière dont sont représentés les filles et les garçons dans les ouvrages pour enfants. ” La réédition des livres des années 50 comme lesMartineavec sa catastrophique représentation féminine est symptomatique”. Car si la petite culotte blanche apparente et la bretelle qui tombe sur une épaule nue ont disparu, “la préfiguration de la future parfaite ménagère évoluant dans un monde aseptisé hors de toute réalité sociale est toujours présente”.

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