Quartiers d’aujourd’hui : ségrégation socio-spatiale de demain.

Publié le 28 avril 2011 par Heilios

Loin de me proclamer médecin, un diagnostic des projets urbains qui émergent ici ou là dans nos villes, peut être révélateur d’une pathologie très franco-française. La France est-elle malade ou feint elle d’être malade? Observons le patient.

Depuis des dizaines d’années tous les acteurs qui pensent, créent, et étudient la ville adoptent la même critique à propos des grands ensembles. La vision fonctionnaliste, héritage corbusien, qui est défendue à l’époque montre ses carences en terme de lien, de vie et de cohésion sociale. Le coût économique donne le ton. Un caractère ségrégatif souffle sur ses quartiers dominés par « la machine à habiter ». L’acteur public tente en vain de résorber les maux, mais rien n’y fait, le fatalisme s’impose. Ainsi, apparaissent de nouvelles conceptions urbaines s’accompagnant d’outils opérationnels.

Aujourd’hui, constatons-nous une inflexion? Les villes s’agrandissent, aménagent leur territoire à coup de ZAC (Zone d’Aménagement Concertée) là où spatialement c’est encore possible. Je constate avec dépit que le schéma fonctionnaliste si décrié est toujours présent dans les faits. Ces nouvelles zones urbaines périphériques se caractérisent par une concentration de logements avec parfois une densité plus importante que celle des grands ensembles. On joue sur la perception où des petits collectifs aux couleurs multiples viennent remplacer ces tours et ces barres des années -70 se dressant au garde à vous. Au pied de cette palette colorée, des parkings prennent place où la voiture est reine. Dans les couloirs du damier bâti s’étale une nature artificielle, sans goût pour ma part.

Les exemples sont nombreux et la critique semble inéluctable. Toujours pas de mixité fonctionnelle. Des quartiers sans vie, sans singularité s’articulant tous de la même façon. Aucun lien social désiré. La raison me dit-on « c’est la crise ». Encore ce fatalisme…Or, plus que jamais il est nécessaire de se saisir de ce constat pour changer un modèle qui depuis près d’un demi siècle est cause de ségrégation et de stigmatisation. A t-on en France la mémoire courte? Ne retenons-nous pas les leçons du passé? L’avenir des ces nouveaux quartiers m’apparaît comme sombre. La question qui m’anime est la suivante: Va t-on vers une nouvelle ségrégation socio-spatiale de ces quartiers? Tous les ingrédients y sont réunis.

Je terminerai par un vers de René Char: « Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions? ».

Par Pierre Alexandre Evrard

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    Acteur Public • Aménagement • France • Mixité • Projets Urbains • Quartiers • René Char • Urbanisme • villes • ZAC • Zones d'Aménagement Concertée