La Dame aux Camélias, dernière mise à jour (29/04/2011).

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

Jamais, je ne ferai jouer une niaiserie pareille !

Paul-Ernest, directeur du théâtre du Vaudeville de la place de la Bourse.

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Béraud pharmacologue réputé.

Nous trouvons aussi dans les "Petites Annonces" :

Le saccharure d'aconit, remède souverain 
pr la toux, l'asthme, le catarrhe, la bronchite et 
l'enrouement., 1 50 lab. Pli. Béral, 14, rue de la Paix. 

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Béral était le pharmacien (12 rue de la Paix à Paris) chargé de la fourniture de médicaments pendant la maladie  de la comtesse Duplessis. La médecine et la pharmacologie n'avaient semble-t-il fait aucun progrès depuis Molière.

 La phtysie, "résultat d'une dissolution putride des humeurs, devait être traite avec la plus grande fermeté. On décida donc le traitement dit vésicatoire, qui après un traitement à  base de cantharidine, provoque le gonflement de la peau de façon à provoquer des ampoules, puis, pour en adoucir les effets il suffit d'appliquer de la magnésie !

On emploie les vésicatoires avec succès, toutes les fois qu'il faut détourner promptement une humeur dangereuse. [GenlisMaison rustique. t. II, p. 205]

Pour purifier l'organisme, 8 lavements lui sont imposés. Le pharmacien lui prépare du sirop de limace supposé avoir des propriétés fluidifiantes, du sirop Lamouroux à base de mou de veau et de jujube. 

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Nous allons évoquer cette fois l'histoire du roman et de la pièce qui en fut tirée, qui est toujours biaisée, on se demande bien pourquoi ? Une incertitude, le roman fut-il écrit en 1847 comme le dit un contemporain ou en 1848 ? Il fut toutefois publié à cette date en 2 volumes chez Cadot. Le titre portait bien le nom de Caméllias avec deux L,comme il se doit en botanique. Dumas fils, dans les éditions suivantes en a figé l'orthographe erronée en supprimant une lettre. Une deuxième édition, ou bien une remise en vente (?) eut lieu en 1849, l'édition princeps n'ayant eu aucun succès (contrairement à ce qui est colporté) en raison de la coïncidence avec la révolution de février. En 1852, une nouvelle édition entièrement refondue est publiée avec une préface de Jules Janin, chez Michel Levy. (qui ne connut donc pas comme le prétend Janin "dès sa parution un grand succès") Après la publication du roman, Dumas fils donna sur les conseils de Siraudin, son roman à Antony Beraud, directeur du Gymnase, et grand "faiseur" en la matière pour en écrire une pièce de théâtre. Béraud lui rendit une pièce en quatre tableaux qui ne satisfit pas le jeune débutant. Il remania le texte en huit jours, et aussitôt il se rendit chez son père qui demeurait avenue Frochot. L'auteur "Des Trois Mousquetaires"qui avait déconseillé à son fils une telle démarche fut converti après la lecture de la pièce.  Il va sans dire que celle-ci fut reçue au "Théâtre-Historique" ! La faillite du théâtre du Boulevard du Crime retarda la représentation, qui n'eut lieu que trois ans plus tard après bien des péripéties. Refusée dans bien des salles, la pièce fut acceptée au "Vaudeville" dont le directeur reçut l'oeuvre, mais hélas, la faillite le fit renoncer lui aussi. L'actrice qui devait avoir le rôle titre, Mathilde Gisolme ( inconnue de toutes les biographies que j'ai consulté), curiosité morbide,  mourut peu de temps avant, atteinte de....tuberculose ! Enfin la première représentation eut lieu en 1852 avec le sucès que l'on sait. Les  droits de la pièce étaient partagés avec Antony Beraud pour moitié. Dumas fils lui proposa de lui vendre sa part, mais une mésentente sur le prix lui fit renoncer heureusement pour lui à ce qui devint une poule aux oeufs d'or !!! La pièce vendue aux éditeurs à un prix dérisoire, pour la raison que Dumas qui  n'avait pas d'argent voulait louer une loge pour une dame de sa connaissance.... ........ Revenons un instant sur le titre de l'oeuvre. Ce surnom ne fut jamais donné du vivant d'Alphonsine. C'est dans les années 1830, qu'un dandy, Latour Mezray fut affublé du sobriquet "d'homme aux Camellias", parce qu'il portait quand la saison était favorable cette fleur à la boutonnière qui coûtait très cher alors. Ce surnom était attaché aux gandins qui se pavanaient sur le boulevard, et se faisaient entretenir par des dames sur le retour. C'était le cas pour celui qui devait devenir le président de la République et le boucher de la Commune de Paris : on dirait aujourd'hui le gigolo Adolphe Thiers qui était entretenu par la femme de l'agent de change de la place Saint-Georges Alexis Dosne. ..... Avec mon amie Chantal Chemla, secrétaire des Amis d'Alexandre Dumas, nous avons fait apposer cette "sucette" sur l'immeuble de la BNP Paribas qui a aimablement financé l'opération. C'était autrefois "La Maison Dorée" où Armand Duval s'installa pour guetter "Marguerite" qui venait d"entrer au Café Anglais situé juste en face du boulevard des Italiens. ............................. J'ai une indulgence inépuisable pour les courtisanes, et je ne me donne pas la peine de discuter cette indulgence A.Dumas fils ........ En préhambule à la diffusion de la "Traviata", France2 donnait hier un documentaire sur la vie et la mort de la Dame aux Camélias. Bien que mon nom figure au générique à "l'insu de mon plein gré", je me permet quelques petites observations. Présenté par l'inenarrable Christophe Hondelatte qui a débité toutes sortes de lieux communs emaillés d'erreurs . Malheureusement il était servi par le conservateur du musée de la Dame aux Camélias nous donnant dans un français approximatif des explications vaseuses sur les lorettes et les grisettes (il faut lui dire que Tortoni n'était pas un restaurant, mais un glacier). Même le très érudit Jean Darnel (je ne sais pas ce qui a été coupé au montage) s'est laissé aller aux facilités et aux clichés mille fois rabachés et à quelques anachronismes sans gravité, mais impardonables pour un tel connaisseur. Juste en passant... quelqu'un s'est-il posé la question de savoir si il y avait une période de floraison pour les camélias ??? (c'est le jardinier qui parle). Si elle en portait un tous les jours à son corsage, la fleur devait avoir triste mine hors saison ! Dumas fils n'était pas à Paris lors de la mort et des obsèques de Marie Duplessis. Le dramatiste était parti un an plus tôt sur les pas de "la Dame à la Perle" en Russie (dont il a tiré un roman en 3 volumes en 1854) C'était la comtesse Nesselrode* parente du ministre russe des affaires étrangères qui voyageait avec son mari, dont Alexandre le petit était fort épris. Son père n'était pas avec lui contrairement à ce qui est dit dans le documentaire. Le prétendu amant de coeur était en Algérie en Janvier, et se trouvait à Marseille à ce moment là. La prétendue biographie qui nous a été servie, ne tient que par les révélations de "Dumas le Petit" et de Jules Janin qui tenait ses informations...d'Alexandre Dumas ! Il lui fit la préface de la quatrième édition du roman en 1852. Pour ce qui concerne le roman, le présentateur vedette a répété que c'était le livre qui avait été le plus vendu au XIX° siècle.... Les romanciers Paul de Kock ou Xavier de Montépin avaient des tirages supérieur à ceux de Balzac, Sand Hugo, Dumas réunis. Le roman (l'édition originale en 2 volumes in-octavo) est sorti en pleine révolution, celle de février et de juin 1848 n'a pas eu de succès. Dumas fils en fit une pièce de théâtre qui  fut reçue en 1849** au"Théâtre Historique" de son père sur le Boulevard du Crime qu'il à lue à Virginie Dejazet en 1850. Celle-ci a refusé le rôle qui échut à Eugénie Doche en 1852, au théâtre du Vaudeville. A SUIVRE........ * Lydie Zakrefska, femme du comte Nessellerode qui avait conçu le projet avec deux autres grandes dames de créer une "société de débauche en participation" avec comme sujets choisis parmi l'élite et des jeunes premiers comme servants....Le jeune dramaturge semblait donc un beau poisson pris dans les filets du trio infernal. *La pièce ne fut pas jouée au Théâtre Historique en raison de la faillite d'Alexandre Dumas père Articles précédents : http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2009/04/...
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http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2006/12/... Note : Les Shadock pompeurs (ils se reconnaîtront) sont priés de passer leur chemin ou bien de citer cet article. A SUIVRE.....