Je m'étais pourtant juré que je ne regarderai pas le Royal Wedding de Kate et William. D'abord j'avais du taf, des clients à rappeler, des devis à envoyer… Mais il a suffi d'un tweet pour que l'étincelle fasse déborder le vase et que je finisse par allumer la téloche. Merci Margaux Schuller ! Vraiment...
Pendant que les messages de relance s'accumulaient sur mon bureau, je me suis branché pour TF1, reconverti en robinet à guimauve, avec un Jean-Claude Narcy complètement liquide. Il s'est même payé le luxe de décréter que le prénom Kate était un peu démodé, puis de passer la parole à une certaine Catherine, présente sur le plateau. A la place de la nana, je lui en aurais collé une, histoire de le remettre à la mode, lui, son prénom pourri et ses oreilles de Mickey. Jean-Claude, non mais franchement... Bref, du coup comme je me suis décidé tard, et d'une, j'ai raté une bonne partie de la cérémonie. Et de deux, j'ai été interrompu régulièrement par des appels de clients en manque de mes précieux conseils.
Sur ma time-line, se succédaient les messages des twittas transies, vaguement vexées, voire légèrement jalouses :
A un moment, Guy Birenbaum s'est mis à faire dans la dentelle. Bonne âme, je l'ai aidé à tricoter quelques précisions d'importance :
A ce moment, Sa Majesté La Couine, toujours tirée à quatre épingles, est apparue sur l'écran sanglée dans une robe couleur poussin atteint d'une hépatite B. Je la respecte énormément, mais on dirait toujours que c'est Gilbert Montagné qui lui choisit ses fringues dans son dressing… Résultat, une robe aussi facile à repérer que Sébastien Chabal avec un gilet jaune dans un congrès de culs-de-jatte en deuil. Ça a ricané sec sur la time-line...
Soyons juste, il n'y avait pas que des hommes pour se moquer du Royal Wedding. J'ai remarqué deux ricaneuses. D'abord, Sophie G :
Il y avait aussi l'immarcescible GhitaGueule, son humeur égale, son langage châtié et son sens de l'à-propos...
Du coup, je n'ai pas voulu être en reste...
Heureusement, certaines ont relevé le niveau, tweetant leurs émotions à vif:
Tout à coup, la sonnerie rigolote de mon Iphone a sonné. C'était le PDG de L'Oréal qui voulait que je prenne en main la communication de sa PME régionale. J'ai dit que j'étais déjà très occupé par une réunion d'actionnaires. Mais mon excuse foireuse a duré dix secondes. Juste à ce moment-là, à Westminster, les chants grégoriens ont retenti dans la cathédrale. J'ai dû écourter l'entretien en lui demandant de rappeler dans 15 jours. Honnêtement, c'était très beau, ces chants. Faut dire qu'il y avait Elton John parmi les chanteurs. C'était autre chose que Mimi Mathy beuglant avec les Enfoirés.
Là, mon mauvais esprit refoulé par une crise de monarchie aiguë, a eu un éclair de lucidité. Il m'est revenu en mémoire une chanson de circonstance, signé Boris Vian, le fameux "On n'est pas là pour se faire engueuler"... Ni une, ni deux, j'ai lancé le premier couplet...
Chanson repris aussitôt en chœur par mes amis numériques.
C'était tout juste si on ne se tenait pas virtuellement par les coudes, façon Oktoberfest munichoise. La sonnerie de mon portable a mis fin à la franche camaraderie alcoolisée qui commençait à règner en ligne. C'était un certain Mark Zuckerberg qui voulait que j'essaie de redresser l'image de sa boutique de photos d'identité en ligne, si j'ai bien tout compris, j'entendais pas bien, il avait l'air d'appeler de la Lune. Il m'a dit qu'il se faisait un honneur de me compter parmi mes prestataires. Geste à l'appui, j'ai indiqué à quel endroit je plaçais l'honneur en question. Mais comme je n'avais pas ouvert Skype, il n'en a rien su. De toutes façons, je lui ai raccroché au nez car l'hymne national anglais était entonné sous les voûtes façon gothique flamboyant de Westminster. Je me suis mis au garde à vous, mais j'ai quand même noté un détail étonannt :
Et puis, j'ai vu un autre truc qui m'éclate toujours, quand je suis la prestation d'orchestres symphoniques:
Manque de bol, j'ai dû mettre à jour ma version d'Itunes. Le message qui s'est affiché m'a légèrement mis les nerfs en pelote.
J'ai partagé mon indignation avec le sens de la mesure qui me caractérise :
Heureusement, pile au même moment, il y a eu le plus beau à l'écran. Avec toute cette agitation, j'ai failli rater le Royal Bisou…