La compagnie de théâtre dont il est le leader est de plus en plus en vue. Welles, efficace businessman, s'est négocié le tournage de deux films auprès de RKO studios. Lui qui n'a jamais tourné de long métrage de fiction doit écrire, produire, réaliser et jouer dans ses deux films. (ce qu'il ne fera pas complètement, dès le second film il adapte un livre de Booth Tarkington de 1918 et ne joue pas dans son film). Le studio doit approuver le budget si il dépasse 500 000$ et Welles peut choisir ses comédiens et aura le dernier mot sur le montage final. Pour l'époque, ce type de contrat était tout simplement trop de pouvoir pour un artiste, et inexistant partout ailleurs.
Une fois le sécnario prêt, le projet est caché sous le titre de travail RKO 281 (On craint, légitimement et comme le futur le prouvera, que si la rumeur d'un film inspiré de William R. Hearst est en cours est ébruitée, il y mette son nez ou anihile leur projet). Welles réécrit de long passages et le tournage, secret, se tient entre juin et octobre 1940 à Hollywood, à San Diego et au Château d'Oheka à Huntington, New York.
La controverse sert bien Welles et tout le monde attend "le film sur Hearst". Après des visionnements auprès de avocats du studio, on coupe 3 minutes du film pour ne pas que les références à Hearst soient trop évidentes.
Le soir de la première, Hearst engage une jeune fille mineure et un photographe qui attendent Welles dans sa chambre d'hôtel. Un policier met Welles au parfum du coup monté et Welles fait la tournée des bars toute la nuit. In the city that never sleeps, il ne dort justement pas cette nuit-là
Godard dira de Welles, à juste titre, que tous les cinéastes qui ont suivis par la suite, lui doivent tout.
Le téléfilm RKO 281 raconte l'histoire de la création du chef d'oeuvre.
Le film sera nominé 9 fois aux Oscars. Chaque fois que le film est mentionné à la soirée de remise de prix, le public hue. Hearst est si puissant qu'il s'assure lui-même que Citizen Kane soit tenu loin de l'estrade. L'écriture, pourtant source de son empire, échappe à Hearst. Mankiewicz et Welles raflent un seul oscar, celui du meilleur scénario.
Malgré les multiples bâtons dans les roues (Hearst a empêché la diffusion du film dans plusieurs états) imposé par Hearst, le message du film, la course au succès a un prix (et est futile), rejoint le monde entier.
Il était lancé en salle aujourd'hui, il y a 70 ans.
Il n'a toujours pas pris une ride.