Tim Kasher - The Game Of Monogamy (2010)

Publié le 01 mai 2011 par Oreilles
Avant de poser mains et oreilles sur le premier album solo de Tim Kasher, je n’avais jamais rien entendu de lui. Pourtant, le bonhomme a officié dans deux groupes (Cursive et The Good Life) et a fait une petite apparition du côté de Commander Venus et The March Hares. Mais il n’est jamais trop tard pour une découverte musicale comme pour une chronique, alors allons voir de plus près cet énigmatique Game of Monogamy.
En fait, cet album sonne comme l’incarnation musicale de cette étroite frontière entre cynisme et lamentation. En effet, ce Tim Kasher m’étant encore partiellement inconnu il est tout de même aisé de remarquer qu’il semble se complaire dans sa misère toute relative. Ainsi, il déclame d’un ton plaintif sur "Strays" : " Writers are selfish, writers are egotists / I’m afraid i’m as bad as it gets".
The GAME of Monogamy - outre les consonances proches de "game" et "gamy" - porte bien son nom puisqu’il s’agit pour Tim Kasher d’un jeu, d’une expérience. C’est l’expérience risquée du cliché "marié résidant dans un pavillon avec chien puis enfants" mais avant tout l’expérience d’un quotidien pâle teinté de plus de malheur que de romance (comme l’illustre à merveille le clip de "Cold love" ci-dessous). Mais l’on sent Tim Kasher jouir de cette monogamie inadaptée puisque l’on n'a jamais entendu un homme aussi pris par la joie lorsqu’il chante l’insatisfaction sexuelle : "Cold Love, is all that we know / Cold Love, no word, no devotion / Cold Love, it only takes a few minutes / Cold Love, let me know when you’re finished" mais aussi "Cold Love, no words, no emotion" ce qui est un comble pour un parolier et un musicien.
Si ce cynisme débordant dérange vite, il faut se dire que Tim Kasher a tout prévu : sa musique est assez empreinte de joie et entraînante pour que l’on oublie d’écouter ce qu’il nous dit tout appréciant sa voix que l’on peut parfois - sur "Bad, bad dreams" notamment - rapprocher de celle de son ami Conor Oberst lorsque lui aussi prît une envolée en solo.
En bref : un album concept à l’idéologie déprimante, mais éloignez-vous des paroles et vous trouverez des délices rythmiques et apprécierez enfin toute la force de la voix de Tim Kasher.

Le MySpace et le site officiel.
Le clip de "Cold love":