L’insoutenable légèreté de la dette grecque

Publié le 02 mai 2011 par Hmoreigne

“Nous continuons à penser que la dette publique grecque est soutenable”, assure le ministre des finances grec, dans un entretien publié, lundi 2 mai, par Libération. Georges Papaconstantinou, se veut rassurant et écarte toute idée de restructuration de la dette publique de la Grèce. Ce n’est pas l’avis des milieux financiers en proie au plus grand doute une année seulement après la mise en place d’un plan de sauvetage exceptionnel par la zone euro.

La base de l’économie c’est la confiance. Or l’une des conséquences de la crise financière c’est le transfert du risque de banqueroute des établissements financiers vers les Etats. Dans ce jeu où les dupes sont les citoyens contribuables, les marchés financiers tournent comme des vautours au dessus des Etats les plus faibles tels l’Etat Hellénique en misant sur le défaut de paiement.

Les autorités grecques ne l’ignorent pas. Georges Papaconstantinou évoque “ceux qui ont parié beaucoup d’argent sur un défaut grec” et avance que “les rumeurs ridicules de ces dernières semaines” trouvent là leurs explications.

Le ministre des finances reconnaît toutefois que son pays n’est qu’“au milieu du tunnel” et que pour être sûr qu’il honore ses échéances, il conviendrait “que l’on allonge encore les délais de remboursement des 110 milliards d’euros que nous ont prêtés nos partenaires et que l’on baisse davantage le taux d’intérêt“. Athènes doit en effet faire face à des taux de marché très élevés, proportionnés au risque, atteignant 25% sur ses prêts à deux ans.

Derrière les arrières pensées spéculatives, les marchés financiers savent faire des additions. Le compte n’y est pas même avec les mesures d’austérité et les projets de privatisations annoncés par Athènes. Alors quand la solidarité européenne enregistre de sévères reculs ou prend des allures de vague souvenir comme en Finlande, tout devient possible.

S’il n’est plus question de mourir pour Dantzig, peu sont prêts aujourd’hui à mettre un euro pour sauver le Panthéon. Contraints par leurs opinions publiques à ne rien faire, surtout pas accroître leurs prêts de secours en faveur de la Grèce, les responsables européens pourraient être tentés de déplacer le problème vers les banques (essentiellement françaises et allemandes) en les menaçant d’une restructuration de la dette, c’est-à-dire un effacement partiel, si les délais de remboursement ne sont pas modifiés.

Le problème c’est, comme le rappelait Jacques Attali début avril, que les banques européennes vont mal et que cette situation est aggravée par une nouvelle réglementation qui les oblige à disposer de beaucoup plus de capitaux par rapport aux prêts accordés, contrairement à leurs homologues Outre-Atlantique.

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