Ras-le-bol de la chasse aux racistes. Il faut lutter contre le racisme, c’est une chose. Rappelons que le racisme, au sens large, c’est le schéma de pensée suivant :
Un(e)tel(le) est A
or, tous les A sont X
donc, Un(e)tel(le) est X
Faite le test, vous verrez, c’est cela le racisme : M. Michu est noir, or tous les noirs sont des cons, donc M. Michu est con. Ou bien : M. N’Diaye est patron, or tous les patrons sont des méchants, donc M. N’Diaye est méchant. Ou encore : Melle Hortense est obèse, or tous les obèses sont des ânes, donc Melle Hortense est une ânesse.
On peut continue à l’infini, et c’est à chaque fois du racisme, car les phrases « tous les A sont X » sont des erreurs de pensée. L’Humain ne se laisse pas enfermer dans des catégories aussi facilement, et en droit comme en fait, ce type de généralisation est faux.
Notez au passage que même si « tous les A ne sont pas X », il est fort possible qu’Un(e)tel(le) soit quand même X. C’est ce qu’avait souligné Desproges avec sa phrase : « On peut très bien être noir, et con ».
Je veux réagir à la ridicule chasse aux sorcières initiée – quel hasard ! – par Médiapart (dont le propriétaire montre toute son arrogance et son intransigeance à chacune de ses apparitions) à l’égard des dirigeants du monde footballistique (dont certains sont peut-être des racistes, là n’est pas la question).
Il est insupportable de voir ces accusations de racisme portée à tout bout de champ : elles finissent par scléroser le débat et la liberté d’expression, sans avoir de véritable impact sur le racisme, au contraire ! Chacun de nous est raciste, et c’est bien cela qui me gêne dans ces attaques ignobles. On voit bien, avec le définition du racisme mis en exergue de cet article, que chacun de nous, quotidiennement, lutte intérieurement contre le racisme, contre son propre racisme. Chacun de nous, s’il use de son intelligence, lutte chaque jour pour ne pas céder aux généralisations faciles, pour ne pas juger à la hâte des choses complexes. Cet effort aussi fait partie de la lutte contre le racisme, en plus de la dénonciation nécessaire des comportements ou des propos racistes (des comportements, pas des pensées).
En faisant croire qu’il existe des « racistes », et des « non-racistes », les extrémistes de l’anti-racisme mettent le focus sur une sorte d’idéal inaccessible, au lieu d’encourager les efforts de tous ceux qui veulent effectivement lutter contre le racisme, y compris en eux. C’est l’effort contre le racisme qui est important. Or, les « anti-racistes » (auto-proclamés comme tels) veulent imposer de force, en sondant les cœurs et les reins des uns et des autres avec des méthodes douteuses, un état illusoire, hors du réel. C’est le propre de l’utopie, comme l’avait très bien dit Revel :
L’utopie n’est astreinte à aucune obligation de résultats. Sa seule fonction est de permettre à ses adeptes de condamner ce qui existe au nom de ce qui n’existe pas.
Article paru sur Expression Libre, membre du Reseau LHC.