du courage

Publié le 03 mai 2011 par Hoplite

(...) Valeurs Actuelles: Dès le début de votre livre, vous distinguez l’insertion de l’intégration. En revanche, vous parlez peu d’assimilation. Pourquoi ?

Malika Sorel: Les mots sont importants. L’insertion, c’est l’obligation de respecter les normes collectives d’une société, les règles du “bien-vivre ensemble”, même si l’on ne partage pas la même culture. C’est ce que font les expatriés français à l’étranger, par exemple. L’intégration, c’est plus profond : c’est le fait de se sentir concerné par une communauté de destin avec les Français. Cela se traduit, concrètement, par la transmission à ses propres descendants des fondamentaux qui composent le noyau identitaire français, ce que l’on nomme le legs ancestral. C’est un long processus qui, lorsqu’il réussit, aboutit à l’assimilation, concept qui a été victime d’un procès en sorcellerie tout à fait injustifié !

Beaucoup affirment que l’intégration des immigrés se fait mal parce qu’ils sont discriminés. Vous dites, au contraire, qu’elle se fait mal car ils sont victimisés. Qu’entendez-vous par là ? Nous ne portons pas le même regard sur les immigrés africains que sur les Européens arrivés ici avant eux. Avec les Italiens, les Polonais, les Portugais, la France était exigeante, et elle avait raison de l’être. Elle ne l’est plus avec les nouveaux venus.

Pourquoi ? Une frange de notre élite intellectuelle, minoritaire mais puissante, présente encore les immigrés d’Afrique et du Maghreb comme des victimes de la colonisation, envers qui la France aurait une dette inextinguible… Elle clame que les nouveaux migrants sont discriminés, et ceux qui osent les contredire sont aussitôt embastillés dans la case “raciste” ! Or la victimisation est catastrophique : la culture de l’excuse déresponsabilise les étrangers installés en France. Nous ne les incitons pas à faire les efforts nécessaires à la réussite dans notre société. Pis, nous multiplions en leur faveur les dispositifs dérogatoires au droit commun, nous négocions nos valeurs, nous transigeons. Sous la pression d’une minorité “bien-pensante”, nos dirigeants, droite et gauche confondues, ont renoncé à transmettre à ces populations les codes indispensables à leur intégration. Nous laissons s’implanter en France des communautés revendiquant des privilèges et s’excluant elles-mêmes de la nation. Ce qui, finalement, ne satisfait personne : ni les immigrés, convaincus qu’ils sont discriminés parce qu’on le leur répète, ni les Français, qui souffrent de ces désordres.

N’a-t-on pas raison, cependant, de parler de discrimination à l’embauche, par exemple ? Une erreur cent fois répétée ne devient pas une vérité. Des études le prouvent, comme celle de Jacqueline Costa-Lascoux, ancien membre du Haut Conseil à l’intégration : elle a assisté à des centaines d’entretiens d’embauche, qui ont été filmés. Les jeunes immigrés sont surtout victimes de leur comportement : ils ne savent pas quelle attitude adopter devant l’employeur. C’est logique : ils n’ont pas été éduqués dans le respect de la société française puisqu’on leur a dit qu’ils avaient “le droit à la différence”… Quand ils regardent le film de leur entretien, ils admettent eux-mêmes qu’ils n’auraient jamais recruté un candidat se comportant comme eux ! Parler de discrimination est abusif. Savez-vous combien l’État et les collectivités locales ont dépensé pour la rénovation urbaine ? 42 milliards d’euros sur dix ans : c’est le montant du plan Borloo. Des sommes considérables ! Sans compter les effets pervers d’une solidarité nationale mal comprise, coûteuse et d’autant moins efficace qu’on a laissé prospérer dans certaines cités une économie parallèle fondée sur la drogue et le travail au noir. Résultat : les jeunes de ces quartiers prennent pour modèles de réussite des trafiquants dont les profits sont considérables. Loin d’affranchir les habitants de ces quartiers, la solidarité nationale finit par entretenir leur assistanat.

N’est-ce pas aussi parce que leurs parents – qui, souvent, ne parlent pas français – sont dépassés par la situation ? Encore une idée fausse ! Les Polonais, les Russes, les Portugais ne parlaient pas non plus français en arrivant en France. Simplement, ils ont laissé les enseignants assumer leur mission. Des chercheurs, dont Nicole Mosconi, ont bien montré que, pour réussir à l’école, l’enfant devait choisir entre la figure parentale et celle de l’instituteur. Et c’est aux parents de l’aider à choisir le maître – c’est-à-dire la culture française, celle de l’école de la République : l’élève doit prendre le pas sur l’enfant. Ce n’est pas facile, c’est vrai, mais n’est-ce pas le but de toute éducation ? C’est ce qu’ont fait les immigrés européens, et ce que ne font plus les nouveaux arrivants. Au contraire, ils dissuadent souvent leurs enfants d’adopter des comportements qui leur sont étrangers. Ils ne sont pas inactifs, non : ils transmettent leur culture et empêchent les instituteurs de transmettre celle de la République. C’est l’une des raisons de l’échec scolaire de ces enfants, puis de leur difficulté à trouver un emploi.

Vous insistez dans votre livre sur le respect de la laïcité. L’échec de l’intégration n’est-il pas aussi lié au fait que l’islam, par nature, ignore la distinction entre le temporel et le spirituel ? Ce n’est qu’un aspect du problème. La difficulté est surtout d’intégrer à la nation des personnes qui ne sont pas libres de leurs actes car elles n’existent, culturellement, qu’au sein d’un groupe. De ce point de vue, le communisme soviétique, bien qu’athée, était aussi contraignant que l’islam ! Même si les immigrés européens, de culture chrétienne, étaient plus proches des Français, ramener le débat à l’islam me paraît restrictif et périlleux. De quel islam parlons-nous ? Les querelles sont nombreuses entre musulmans. L’islam arabe n’est pas le même que l’islam africain, celui des Algériens n’est pas celui des Tunisiens. Et comment distinguer l’islam de l’islamisme ? N’entrons surtout pas dans ce jeu ! Il faut rester concentré sur la culture française et sur ses exigences propres.

C’est pourtant le cas : les pouvoirs publics veulent mettre en place un “islam de France”. Cette expression est aussi dangereuse que floue. Si l’on veut dire que l’islam est aussi français, donc que la France est une terre d’islam, alors les musulmans sont fondés à négocier toujours plus de dérogations à la loi commune, toujours plus de droits, et c’en est fini de l’intégration ! Si l’on prétend faire émerger un islam des Lumières, au motif qu’il serait “de France”, cette tentative est vouée à l’échec. Penser que l’Europe pourrait organiser l’islam est d’une naïveté consternante. Voyez l’échec du Conseil français du culte musulman : ses membres ne cessent de sequereller ! Se placer du point de vue de l’islam, c’est commettre une double erreur : c’est renvoyer les immigrés à leurs origines, donc favoriser l’emprise du groupe alors qu’il faudrait les en libérer et, ce qui me scandalise, c’est engager une politique d’accommodements dont la France ne peut que souffrir. À ce propos, les statistiques ethniques, si elles étaient mises en place, feraient peser de lourdes menaces sur notre cohésion nationale. Comment des responsables politiques français peuvent-ils oser faire de la France leur variable d’ajustement ? C’est à la France de dire aux nouveaux venus ce qu’elle attend d’eux et de sanctionner les comportements contraires aux normes collectives françaises. C’est le vivre-ensemble qui se joue désormais. (suite)

En d'autres temps, ce que dit cette femme courageuse aurait été d'une banalité sans nom dans ce pays. Et ce genre de raisonnement carré est la règle dans bon nombre de contrées non européennes aujourd’hui: juste du bon sens...Pourquoi Malika Sorel est-elle alors seule à nommer les choses et dire le vrai? Parce que les autres (la quasi-totalité de la classe politique, médiatique, économique, bref de nos "élites") sont des lâches. Des enculés qui communient le jour dans le culte du multiculturalisme et du métissage et qui, la nuit, font la queue pour inscrire leur progéniture à l'Ecole Alsacienne ou dans les quelques bantoustans leucodermes qui transmettent encore un peu de savoir et de civilité. Des minables qui font dans leur froc à la seule idée de sortir du rang et de dire le vrai, contre la tyrannie bien-pensante "anti-raciste" qui nous tricote, jours après jours, un avenir en forme de Watts ou de Sarajevo. Que les choses soient claires, je ne suis pas monomaniaque de la question de l'immigration (et je mesure tous les jours les petites parcelles de chaos que produit à jet continu notre civilisation européenne moderne) mais cette question reste déterminante car elle explique le remplacement démographique à l'oeuvre dans nos pays et la possible mort (je pèse mes mots) à court terme (deux trois générations au plus) de cultures singulières, uniques.

Que faire ? Partir du principe que quelques individus isolés peuvent renverser des montagnes. Que ces « élites » qui nous gouvernent sont des lâches qui retournerons leur veste à la première occasion, dès que le vent tournera un brin (comme actuellement, ces questions identitaires, migratoires, cruciales, qui occupent le devant de la scène étaient simplement inenvisageables il ya deux ou trois ans). Que ce sont les idées qui mènent le monde et précèdent la prise de pouvoir politique. Que RIEN, à terme, ne peut occulter le REEL (la fameuse botte souveraine de la réalité qu’ils commencent à prendre bien dans la gueule nos petits curés du « vivre ensemble »). Bref, que rien n’est écrit, que l’histoire est ouverte (la seule chose écrite…). Et que les « villages Potemkine » finissent toujours par tomber. Le temps est un allié mais aussi un ennemi. Qui connaît le problème et ne fait rien pour le résoudre fait AUSSI partie du problème : je vois tous les jours autour de moi des hommes et des femmes qui SAVENT la transformation rapide à l’œuvre de leur environnement social, humain, ethnique, idéologique. Mais qui ne font rien et nie l’évidence. La double pensée constante et même, la haine envers celui qui dit la vérité et leur renvoie l’image de leur lâcheté.

Le célèbre Robert Marchenoir a écrit récemment chez Didier Goux quelques lignes frappées au coin du bon sens car fustigeant la propension réelle dans la « réacosphère » à se repaître et se lamenter du désastre et à n’envisager que le pire. Envisager le pire est certes nécessaire mais pour l’éviter, précisément. Chacun reste maître de son destin et comptable de celui de sa communauté. De ce pays. Junger a écrit quelques lignes (que je vais essayer de retrouver) cruciales la transformation qui s’opère dans le discours et le cœur des hommes lorsque ceux-ci rendent les armes. C’est la guerre.

 "Toute reddition des armes implique un acte irrévocable qui atteint le combattant à la source même de sa force. Je suis convaincu que la langue elle-même en est atteinte. On s'en rend surtout compte dans la guerre civile, ou la prose du parti battu perd aussitôt de sa vigueur. Je m'en tiens là-dessus au "Qu'on se fasse tuer" de Napoléon. Cela ne vaut naturellement que pour des hommes qui savent quel est notre enjeu sur cette terre. " Ernst Jünger, Jardins et routes, 1942.

Voilà, faites-vous tuer, ça le mérite.