Aurillac - Cantal

Publié le 04 mai 2011 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel
Cité de Saint-Géraud
Aurillac, s'est développée autour de l'abbaye bénédictine Saint-Géraud. A l'origine, c'était le domaine d'Aurélius : Aureliacum. 
Ce riche personnage gallo-romain installa sa demeure bien au-delà du temple d'Aron, au débouché de la vallée de la Jordanne, sur le territoire qui perpétua son nom et deviendra celui de la ville d'Aurillac. 
Ce site s'ouvre largement en éventail

Maison Consulaire

Aux confins du Languedoc et du Quercy, au pied des derniers contreforts du volcan cantalien, ce site appelait en quelque sorte la vie urbaine. Pourtant, pendant longtemps encore, on ne sait rien, si ce n'est qu'un château féodal s'éleva sur les hauteurs qui dominent la ville vers le nord. Il appartenait dans la première moitié du IXè siècle à un homme de haut lignage, fils, croit-on, de Gérard Ier comte d'Auvergne, qui construisit dans la prairie, au pied du château, une petite église dédiée à Saint-Clément, ce qui suppose que quelques habitations devaient se grouper aux alentours du château déjà appelé château Saint-Etienne. 
A sa mort, son fils Géraud hérita de ses vastes domaines qui s'étendaient, nous dit le chroniqueur, du Puy Griou au Rouergue et au Périgord. 
Géraud était un homme réputé pour sa piété et sa bonté. Il décida de fonder une abbaye qu'il doterait de tous ses biens et fît bâtir, vers 896, l'église du futur monastère à côté de celle qu'avait faire construire son père. Elle était sous le double vocable de Saint-Pierre et Saint-Clément, avant de prendre plus tard celui de son fondateur : Saint-Géraud. 
Après la mort de Géraud ( vers 910 )...
Après la mort de Saint-Géraud. les miracles qui se produisirent autour de son tombeau attiraient une telle affluence de " foules venues des plus lointains pays " que l'on dut construire une église plus vaste. Etienne II, évêque d'Auvergne, vint la consacrer en 972 et, nous dit un document de cette année-là, l'évêque décida que l'église d'Aurillac serait désormais considérée comme la deuxième de son évêché après celle de son siège épiscopal à Clermont. 
En ce Xè siècle finissant,l'abbaye était en plein essor...
... et c'est de son école que sortit le moine Gerbert, l'un des plus grands savants de son époque, le " faiseur de rois ", devenu pape sous le nom de Sylvestre II en 999. 
Les pèlerins, parmi lesquels il faut compter le vieux roi Robert, continuaient d'affluer. L'un d'eux, Bernard d'Angers, raconte comment, se rendant à Conques vers l'an 1010, il fit le détour vers Aurillac attiré par la renommée de la " majesté " de Saint-Géraud " resplendissante de l'or le plus pur et des plus précieuses pierreries ". Celle de Saint-Foy à Conques, nous permet d'imaginer ce qu'était celle de Saint-Géraud. 
Dans la seconde partie du XIè siècle...

Square Arsène Vernemouze

... l'église était encore remaniée et le pape Urbain II, revenant de prêcher la croisade au concile de Clermont, s'y arrêta en 1095 pour la consacrer à nouveau. Cependant autour de l'abbaye, se développait une petite agglomération qui s'étendit progressivement vers l'ouest, le long de la Jordanne et sur le coteau d'Aurinques. Une première enceinte, bientôt devenue trop étroite, fut complétée par une seconde à l'ouest et l'ensemble fut refait en 1347. Ce développement de la ville médiévale est visiblement perceptible sur n'importe quel plan actuel. 
Les " bourgeois " d'Aurillac, autrement dit les citoyens de la ville, apparaissent pour la première fois dans les textes à la fin du XIIè siècle. Leur commerce est actif, on les rencontre même aux célèbres foires de Champagne. Au centre de leur bourg, ils construisent une église dédiée à Notre-Dame sur l'emplacement de l'actuel hôtel de ville et, très tôt, se donnent des consuls ( magistrats, municipaux.. ), en accord avec l'abbé qui reste le seigneur et pour qui ils combattent le cas échéant au cri de " Aorlhac, Aorlhac, per san Guiral et par l'abat ". ( Aurillac, Aurillac, pour Saint-Géraud et pour l'abbé ). Nous sommes en terre d'Oc. 
Cette bonne entente dura jusqu'à la crise de la guerre albigeoise. En 1233, l'émeute éclate en ville. Le château Saint-Etienne, demeure de l'abbé, est détruit. Dès lors, les luttes furent continuelles, ponctuées par les conventions dites " Paix d'Aurillac ", passées en 1280, 1298 et 1347 entre l'abbé et les bourgeois. 
Quelques années plus tard,débutaient les guerres anglaises
En Auvergne. La région d'Aurillac eut surtout à souffrir des ravages des bandes de routiers qui s'efforcèrent en vain de prendre la ville protégée par ses remparts et ses portes cadenassées. A plusieurs reprises elle eut à verser de lourds tributs pour éloigner les pillards. C'est pourtant à cette période que fut définitivement fixé, en 1366, le siège de bailliage royal des Montagnes, affirmant ainsi le rôle de capitale administrative de la plus ancienne ville de Haute-auvergne. 
La paix revenue, commence alors en cette fin du Moyen-age, un temps de reconstruction suivi d'une période de relative prospérité que vinrent troubler les guerres de religion. L'abbaye, qui venait d'être sécularisée en 1561, fut entièrement ravagée en 1569 par les protestants, comme les autres monuments de la ville. 

Place du Square

Cependant, une fois les ruines restaurées, Aurillac parvenue à l'âge adulte, délivrée de la tutelle de l'abbaye, continue de croître sur sa lancée initiale. Ville de commerce et de robe - aux officiers de bailliage étaient venus s'adjoindre en 1552 ceux de la cour présidial - elle commence à sortir discrètement de ses remparts devenus inutiles pour sa défense. " Ville principale ", elle était, en 1775, aux dires du contrôleur des vingtièmes, " fort peuplée " et ses " maisons bien bâties ". Tout naturellement, lors de la création du département, en 1790, elle brigua la première place. 
Saint-Flour, sa rivale au-delà des monts, ne l'entendait pas ainsi. Le système de l'alternat trancha leur querelle. Il y fut mis un terme assez rapidement et Aurillac devint définitivement le chef-lieu du Cantal. Le XVIIIè siècle avait vu l'effritement de ses murailles, mais la ville était à peine sortie de l'enceinte du XIVè siècle. Il faut attendre le XIXè siècle et surtout l'arrivée de la voie ferrée en 1886 pour assister à une nouvelle poussée vers l'ouest vers l'ouest qui se poursuit encore aujourd'hui. 
Un lieu d'échanges et de commerce
Pour l'ensemble du département, Aurillac reste un carrefour mais la cité des bords de la Jordanne est aussi un centre culturel et touristique actif où une nombreuse jeunesse est accueillie dans ses établissements d'enseignement secondaire, et, depuis peu, supérieur.