Mise en garde sur l'échange de lait maternel sur Internet

Publié le 05 mai 2011 par Dailyconso

Vous souhaitez allaiter votre enfant mais votre sein refuse de donner du lait. Direction le cabinet de votre médecin ? Non, rendez-vous sur Facebook. Sur la page française "Human milk 4 human babies ", des mères donnent leur surplus de lait maternel à celles qui sont dans l'incapacité d'allaiter. Un geste généreux et gratuit mais qui inquiète les autorités sanitaires.

Il existe près de 125 pages communautaires de ce réseau représentant 50 pays. La page française compte déjà 167 adeptes mais ne souhaite pas en rester là. HM4HB cherche à élargir encore son réseau pour pouvoir mettre en relation toujours plus de donneuses et de demandeuses. Pour Murielle Bourbao, l'administratrice de la page française, "c'est frustrant de savoir qu'il y a des femmes qui ont du lait en trop et qui ne savent pas où le stocker. Et d'autres qui n'en ont pas suffisamment." L'initiative séduit et semble pleine de bon sens mais les autorités sanitaires s'inquiètent des risques d'une telle pratique.

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a donc tiré la sonnette d'alarme. Elle ne remet pas en cause l'action mais s'inquiètent que ce type de sites existe en dehors des structures contrôlées, les lactariums. Selon l'Afssaps, échanger du lait maternel via la toile peut comporter des risques sanitaires et avoir donc une répercussion sur la santé du bébé. "Aucun contrôle microbiologique et sérologique n'étant exercé a priori sur la donneuse lorsque le don est effectué en dehors des lactariums, le lait présente donc un risque pour l'enfant", explique l'agence dans un communiqué.

Les risques ? Des virus et des bactéries qui peuvent provoquer des septicémies et des méningites chez le nourrisson si ces quantités sont ingérées en quantité importante dans le lait maternel, précise l'agence. Autre risque, celui de contracter des virus tels que le VIH, les virus des hépatites et de la rubéole, tous transmissibles par le lait maternel.

Au-delà des risques liés à la donneuse se pose la question du transport et de la conservation. L'échange de lait maternel n'étant pas encadré, le produit peut se dégrader et favoriser le développement bactérien pendant le trajet.

L'Afssaps recommande donc de passer par l'un des 19 lactariums français, dans lesquels les contraintes de qualité et de sécurité sont strictement définies.

Le réseau communautaire HM4HB a réagi suite à la réaction de l'Afssaps. Selon lui, la mise en garde est un peu trop alarmiste et pourrait avoir pour effet de décourager certaines mères d'avoir recours à l'allaitement. "L'Afssaps s'inquiète des risques de santé associés au partage de lait humain, mais ceux-ci ne sont pas différents pour un enfant qui reçoit le lait de sa mère, directement ou indirectement. Les conditions de transport et de conservation ne sont pas encadrées non plus pour les milliers de biberons de lait humain tiré par une mère qui travaille puis donné à l'enfant par une nounou, une assistante maternelle de crèche, ou une grand-mère." explique Hm4HB dans un communiqué.

En attendant, l'allaitement maternel est toujours préconisé par l'Organisation Mondiale de la Santé qui recommande l'allaitement exclusif jusqu'à 6 mois. Les bienfaits n'étant plus à démontrer.

A.D