L'Auvergne et ses châteaux

Publié le 08 mai 2011 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel
Comme un livre d'histoire

Château d'Anjony - Cantal

En Auvergne, les châteaux sont légion. Des Ducs de Bourbon à l'humaniste et révolutionnaire duc de Lafayette, chacun d'eux donne à lire dans les pierres, l'histoire de l'Auvergne. De nombreux circuits invitent à découvrir ces châteaux et tous les pays d'Auvergne recèlent leurs fleurons : le Bourbonnais, les Limagnes, les Volcans, le Livradois-Forez, la Haute-Loire et les montagnes cantaliennes.
Au cours du premier siècle avant Jésus-Christ, les différentes tribus Arvernes avaient édifié, un peu partout sur les hauteurs d'Auvergne, leurs oppidums fortifiés. Dès le troisième siècle, le retour à une période de forte insécurité conduit un certain nombres de villas gallo-romaines à se parer de murs d'enceinte défensives. Durant le Moyen-âge, cette tendance va davantage s'amplifier et Grégoire de Tours en arrivera même à décrire l'Auvergne comme " engamée de châteaux".

Château de Billy - Allier

Ces forteresses, faites au début de briques et de bois, entourées de puissantes palissades ou protégés par des escarpements naturels englobent un large espace qui comprend palais, église ou monastère, habitations, corps de logis et dépendances diverses et parfois même, les terres cultivées aux très proches abords.
Les grands y défient parfois l'autorité monarchique de Thierry Ier à Pépin le Bref. A compter du Xè siècle, apparaissent les premières " mottes féodales ", édifiées sur une éminence naturelles, surmontées d'un donjon de bois, protégées de remparts et de fossés. Dès les XIIè et XIIè siècles, toutes ces fortifications se transforment peu à peu en châteaux forts.
A l'apogée de l'époque féodale, l'Auvergne est couverte de châteaux forts qui étalent leurs marquent de puissance, de noblesse et d'autorité sur leurs alentours et pour certains, sur des limites géographiques assez distantes. Les châteaux, par leurs formes et leurs particularités épousent les assises naturelles qui les portent.

Château de Thoury - Allier

Dès le XIIè siècle, la plupart de ces fortifications connaissent des fortunes diverses : ils sont tantôt régulièrement attaqués par les troupes de Philippe Auguste, tantôt détruits pour nombre d'entre eux, durant la guerre de Cents Ans, démolis à la fin de celle-ci par les villageois qui utilisent leurs pierres et matériaux pour construire leurs propres maisons, mutilés au moment des guerres de Religion ou bien encore démantelés par Richelieu.
Mais, à bien regarder ce qui reste encore de certains des plus imposants châteaux d'Auvergne, on comprend alors la puissance que représentait à l'époque, ces modèles d'architecture militaire tels Anjony, Alleuze, Léotoing, Murol, Châteaugay, Billy, Bourbon l'Archambault, Tournemire, Hérisson ou autres Tournoël.

Château Rocher - Puy de Dôme

Avec la fin des guerres, le sceau de la Renaissance touche déjà le Bourbonnais en pénètre lentement en Auvergne. Les places fortes laissent alors la place à de très belles demeures ou l'ornement prend le pas sur les nécessités de défense. De nombreux châteaux passent aux mains des gens de robes ou de bourgeois enrichis par le négoce et les remaniements qui s'en suivent atténuent la sévérité des anciennes constructions.
Davayat dans la plaine de Rion et Effiat en Limagne sont de beaux exemples d'un classicisme naissant tandis que Cordès se pare de magnifiques jardins avec un imprenable point de vue sur la chaîne des puys. Chazeron s'orne de dépendances et d'une galerie d'honneur et en Bourbonnais, Jaligny, à l'histoire tumultueuse, prend des allures de château de la Loire tandis que Lapalisse se voit surmonté d'une tour ( la tour du Maréchal ), d'une église et d'un corps de logis abritant de magnifiques salons. 

Château d'Auzers - Cantal

A Moulins, Anne de France commande la dernière campagne de construction, le pavillon Anne-de-Beaujeu ( 1488-1503 ). De ce premier témoignage de la Renaissance italienne en France, reste la tour centrale. Il fut édifié pour que le beau-frère de la duchesse de Bourbon, le roi Charles VIII, retrouve les splendeurs d'Italie. Et il ne s'agit ici que de quelques exemples des temps nouveaux de la Renaissance...
Aujourd'hui, les châteaux ont abaissé leurs ponts-levis et ils se visitent. Touristes ou amateurs de culture féodale peuvent désormais sillonner les routes d'Auvergne, à la rencontre de ces édifices comme on feuilletterait un livre d'histoire. Ils sont même devenus des lieux d'expositions, de spectacles ou de réceptions et pour certains, le cadre somptueux de chambres d'hôtes.