USA : la force des symboles

Publié le 08 mai 2011 par Michelcollin

La UNE du numéro de Time magazine de cette semaine est remarquable. Elle est l’application d’une charte graphique quasi-immuable depuis plus de 70 ans.

La charte graphique de Time, le magazine américain de référence, est le marqueur de l’historiographie immédiate.
La façon dont est mise en scène la fin de Ben Laden, en employant sur la couverture des codes similaires à ceux utilisés en 1945 pour annoncer la mort d’Hitler (fond blanc, illustration plutôt que photo et, surtout, cette croix rouge qui indique l’élimination), traduit très clairement la position que tenait le terroriste dans la hiérarchie des ennemis de l’Amérique depuis septembre 2001.

Mon oeil de graphiste m’a permis d’apprendre que la culture américaine, en matière de marque et d’identité visuelle, a toujours privilégié la solution du “lifting” plutôt que celle du changement radical. C’est ainsi, par exemple, que les logos de “Marlboro” ou “Coca-Cola” ont régulièrement évolué sans jamais que le consommateur en soit perturbé.
La permanence des signes permet d’installer un alphabet et un langage qui ont d’autant plus de force qu’ils sont accessibles à l’ensemble des générations qui composent une population. Le message est clair et universel : un des plus grands ennemis de l’histoire de l’Amérique a été rayé de la surface de la planète.

En ce qui concerne Saddam Hussein, on est toujours à la recherche des armes de destruction massive qui ont motivé son élimination. Les couvertures de Time se révèlent alors plus comme les témoins d’une époque et d’un état d’esprit que comme les termes d’une histoire qu’il faudra bien un jour réécrire.

L’annonce de la mort de Hitler a été faite le 1er mai 1945 par la BBC. La mort de Ben Laden a été annoncée le 1er mai 2011 par Obama soit exactement 66 ans plus tard. Ça n’est, bien sûr, qu’une coïncidence.