Poezibao a reçu, n° 170, dimanche 8 mai 2011

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs
 
Jean Daive, Onde générale, Flammarion 
Sylvia Plath, Ariel, trad. de Valérie Rouzeau, Poésie/Gallimard 
Gisèle Berkman, L’Effet Bartleby, Hermann 
Franck André Jamme, Mantra Box, Éditions de la revue Conférence 
Michaël Palmer, Première figure, José Corti 
H.D., Trilogie, José Corti 
Sabine Macher, résidence absolue, Isabelle Sauvage 
Gérard Pfister, Le grand silence, Arfuyen 
Jacques Jouet, Agatha de Mek-Ouyes, P.O.L. 
Stéphanie Chaillou, La question du centre, Isabelle Sauvage 
Firna Dibal, Giacometti d’ouest en est, Pleinemain éditions 
Sylvie Durbec, La huppe de Virginia, éditions Jacques Brémond 
Paul Badin, Loire lumière, Éditions de l’Atlantique 
Perrine Le Querrec, Bec & Ongles, Les Carnets du dessert de lune 
Isabelle Rousseau, Encres, précédé d’Éclosion continue de Gérard Haller 
Sébastien Doubinsky, Danmark, Éditions des États Civils 
Patrick Repusseau, chansons du moi et de son Même, Les Deux océans 
Jean-Marie Berthier, le nouvel Athanor 
Revue Phoenix, n° 2 
Romain Fustier, Des fois des regrets comme, Éditions des États Civils 
Pierre Selos, le Nouvel Athanor.  
 
 
Notices détaillées de ces livres et revues en cliquant sur « lire la suite... »  

Jean Daive 
Onde générale 
Flammarion, 2011 
18 € 
Onde générale réunit en 23 séquences l'essentiel des poèmes composés par Jean Daive au cours du nouveau siècle - si l'on excepte Une femme de quelques vies (publié en 2009) qui était un récit en vers d'un seul tenant. On retrouvera dans cet ensemble conséquent, à la narration morcelée mais d'une profonde unité, les thèmes centraux de son œuvre : l'alternance des paysages intérieurs et extérieurs, la densité « objectale » des mots, l'ombre omniprésente de l'Histoire, la figure de la femme intercédant entre le jour et la nuit. « Voyage dans les choses promises », ces suites poétiques proposent une déambulation éblouie, somnambulique et tangible à la fois. La « femme sur les toits » s'y confronte aux « enfants afficheurs » et aux « pavés inégaux ». Par-delà ces « observations » attentives - et parfois sidérées - c'est à une exploration de la trame du langage qu'on assiste, remontant des troubles fondateurs de l'enfance jusqu'à la clarté que savent imposer, reconstruites en strophes sur la page, les images désassemblées. Un volume qui marque une étape importante, dans le parcours d'un grand poète d'aujourd'hui. 
 
 
Sylvia Plath  
Ariel 
Présentation et traduction de Valérie Rouzeau 
Poésie / Gallimard 
5 € 
 
Parution en proche de la traduction de ce poème phare de Sylvia Plath par Valérie Rouzeau – lire la note de Jean-Luc Despax, dans Poezibao, lors de la parution du livre dans la collection Blanche 
 
 
Gisèle Berkman 
L’effet Bartleby 
Philosophes lecteurs 
coll. Fictions pensantes 
Hermann, 2011 
160 p. – 22 € 
 
Pourquoi la nouvelle d’Herman Melville, Bartleby, the scrivener (Bartleby le scribe), a-t-elle suscité autant de commentaires et de réécritures chez divers penseurs, écrivains et plasticiens ? À quoi tient la fascination qu’elle exerce ? Par quelle magie parle-t-elle à nos contemporains une langue d’une troublante inactualité, comme si la résistance passive du scribe, trop souvent réduite à la fameuse formule ‘‘I would prefer not to’’, devenait une sorte de viatique en nos « temps de détresse » ? 
Dans L’Effet Bartleby, Gisèle Berkman interroge les commentaires philosophiques qui, de Blanchot à Deleuze, en passant par Derrida, Agamben et Badiou, ont contribué à donner un statut particulier à ce texte. Ce faisant, elle cartographie cette modernité, indissociablement littéraire et philosophique, qui se situe peut-être déjà derrière nous. L’effet Bartleby désigne ici l’effet singulier que la littérature produit sur la philosophie, en une scène de charme et de sidération mêlés dont la nouvelle de Melville est un peu la pierre de touche.
Gisèle Berkman est l’une des vice-présidentes du Collège international de philosophie et directrice du programme « La pensée à l’œuvre : écritures de la pensée, des Lumières à l’extrême contemporain ». Elle est membre du comité de rédaction de la revue Po&sie dirigée par Michel Deguy. Dix-huitiémiste de formation, elle travaille essentiellement sur l’articulation entre littérature et philosophie. 
 
 
Franck André Jamme 
Mantra Box 
Éditions de la revue Conférence 
20 € 
 
« Il disait qu’il commençait vaguement 
à saisir la langue crépusculaire :  
 
L’allusive, 
 
l’implicite,  
 
celle qui n’aimait que l’écho,  
l’ombre,  
les pistes 
 
qui ne chantait 
que les trajets errants 
de tous les vocables possibles,  
de tous les sens possibles
 » 
(Quatrième de couverture) 
 
 
Michaël Palmer 
Première figure 
Traduit de l’anglais par Virginie Poitrasson et Eric Suchère 
coll. Série américaine, José Corti, 2011 
15 € 
 
Le poète Michael Palmer est né à New York en 1943. Il vit actuellement à San Francisco. 
Il est l’auteur d’une vingtaine de livres dont une quinzaine de poésie. Il a reçu le prix Wallace Stevens en 2006, une des plus importantes récompenses, pour la totalité d’une œuvre. Son influence est très grande aux États-Unis. En France, plusieurs de ses livres ont été traduits dont Sun (aux éditions P.O.L.) et Notes for Echo Lake (aux éditions Spectres Familiers). On pourrait dire que son œuvre explore la nature des relations entre le langage et la perception. Sa poésie, bien que semblant abstraite – puisque partant du langage – est en fait profondément lyrique. Première figure date de 1984 et fait partie d’une trilogie qui comprend justement Notes pour Écho Lake (1981) et Sun (1988). Cette trilogie peut être considérée comme le chef d’œuvre de Palmer et la traduction du volet central manquait donc au lecteur français. 
Michaël Palmer est l’un de nos plus grands poètes au summum de sa puissance. Il parvient à rassembler et à unifier des tendances qui ont divisé les poètes en factions rivales… Dans ces poèmes, il semble qu’on soit emporté aussi aisément que dans un rêve. (Rosemarie Waldrop, New York Times book Review.) 
(Site de l’éditeur)
 
 
H.D. 
Trilogie 
Traduit par Bernard Hoepffner 
coll. Série américaine, José Corti, 2011 
17 € 
 
H. D. (Hilda Doolittle, 1886-1961), poète américaine, est une pointe du triangle dont les deux autres seraient Ezra Pound et William Carlos Williams. C’est au bas d’un de ses poèmes, « Hermes of the Ways » qu’en septembre 1912 Ezra Pound inscrivit “H.D. Imagist”; première mention de l’imagisme et de ces initiales qui désormais remplaceront son nom. 
Malheureusement trop longtemps considérée comme une émule fidèle de l’imagisme et membre de l’écurie d’Ezra Pound, ce n’est que depuis peu (en partie du fait de l’essor du féminisme) que sa poésie, et surtout ces derniers livres, War Trilogy (1973), Helen in Egypt (1961) etHermetic Definition (1972) sont apparus comme l’œuvre d’une poète majeure en quête d’un « gnosticisme » moderne et explorant la psyché, l’histoire, les mythes et les traditions de l’humanité. 
Trois recueils de poésie ont été publiés en France : Hélène en Égypte et Le Jardin près de la mer aux éditions de la Différence, dans la traduction de Jean-Paul Auxeméry, et Hermetic Definition aux éditions Tarabuste, traduit par Marie-Françoise Mathieu. 
La Trilogie, terminée en 1944, représente le sommet de l’art poétique de H.D., après un peu plus d’une demi-douzaine de recueils et de romans publiés entre 1916 et 1940, elle rédige ce long poème en trois parties où, sortant de la veine imagiste de ses débuts, elle compose une épopée sur le bombardement de Londres qu’elle lie avec les mythes égyptiens, grecs et chrétiens, créant de la sorte une immense fresque sur le rôle de la poésie dans un monde en guerre. (site de l’éditeur) 
 
 
Sabine Macher 
résidence absolue 
Éditions Isabelle Sauvage, 2011 
13 € 
 
sur ce livre, lire la note de lecture de Jean-Pascal Dubost dans Poezibao.  
 
 
Gérard Pfister 
Le grand silence 
oratorio 
Arfuyen, 2011 
13 €  
 
À la trilogie en prose Lumière secrète (Lettres Vives 1995), Naissance de l'invisible (Arfuyen, 1997) et Blasons du corps limpide de l'instant (Arfuyen, 1999), avait succédé une trilogie de poésie : Le tout proche(Lettres Vives, 2002), La transparence (Arfuyen, 2005), Le pays derrière les yeux (Arfuyen, 2009). Marie-Claire Bancquart présentait en ces termes ce dernier recueil : « Dans son très beau Pays derrière les yeux, son hymne à la nuit frappe par son originalité. “Autre chose” assurément que la poésie purement personnelle ou que la poésie cantonnée au monde matériel, la sienne aborde de grandes questions qui intéressent toutes les sensibilités contemporaines : présence du corps et de la mort, valeurs antithétiques qui habitent le silence, le jour et la nuit, mystère du cosmos qui nous enveloppe. Et elle les aborde dans une langue à la fois subtile, ralentie par les coupes, et pleine d'énergie, qui relie à merveille les différents moments de la méditation. »
Le grand silence inaugure une nouvelle trilogie. Si la forme était encore fragmentaire dans les textes de la trilogie précédente, elle se déploie à présent en une composition unique en neuf mouvements (ou arias), où les thèmes, les images et les couleurs s’organisent en une seule ligne tenue du début à la fin, sur le modèle de l’écriture musicale. L’oralité prend dans cette forme une place essentielle, d’où aussi le sous-titre d’oratorio, impliquant un rapport étroit du texte avec une mise en voix et en espace. 
Site de l’éditeur 
 
 
Jacques Jouet 
Agatha de Mek-Ouyes 
La vengeance d’Agatha, Les mariages d’Agath-Ouyes, Agatha de Paris 
Roman-feuilleton 
P.O.L. 
30 €  
 
On ne sait jamais où est Mek-Ouyes. Mek-ouyes est une savonnette qu'aurait avalée une anguille. On ne sait jamais par où prendre Mek-Ouyes. Mek-Ouyes est insaisissable. D’aucuns le disent ingérable.
Qui est Mek-Ouyes ? Mek-Ouyes avait été le fondateur-président-citoyen unique de la République de Mek-Ouyes. Mek-Ouyes avait été élu président du Monde-Mondes. Il est officiellement toujours en poste. Mek-Ouyes avait aimé Agatha de Win'theuil.
Or, Agatha de Win'theuil en a par-dessus la tête que Mek-Ouyes lui échappe perpétuellement. Aussi décide-t-elle de se venger. Et sa vengeance, oh alors, sa vengeance est tellement vindicative qu'elle va même lui péter dans les doigts ! À la suite de manipulations génétiques particulièrement sauvages, Mek-Ouyes récupère pour lui tout seul toute la libido du monde, le reste du monde s'en trouvant simultanément dépourvu.
De cette vengeance, nos héros sortiront-ils indemnes ? 
Plus tard, Agatha de Win'theuil cherche à se marier, et pas qu'une seule fois ! Elle est véritablement l'icône de la polygamie heureuse. Est-ce une pulsion envisageable dans le Monde-Mondes ? 
Plus tard, Agatha de Win'theuil visite Paris où elle retrouve un Mek-Ouyes en mission secrète. (site de l’éditeur
 
 
Stéphanie Chaillou 
La question du centre 
Editions Isabelle Sauvage, 2011 
14 € 
 
Des kilojoules sont transportés par des câbles en acier 
Un cochon de lait tourne autour d’une broche électrique 
Un aimant retient une liste de courses sur un frigo 
Des herbes subissent le passage d’une paire de tennis 
Les choses ne se posent pas la question du centre 
Elles se tiennent là où elles sont
 
(Quatrième de couverture) 
 
 
Firna Dibal 
Giacometti d’ouest en est 
Frontispice et 14 encres de Bernard Jeufroy 
Pleinemain éditions 
15 € 
 
Ce récit d’une traversée à pied des Alpes italiennes, du Tessin et des Grisons suisses jusqu’au village natal de Giacometti est l’occasion d’une balade méditative, à partir d’une œuvre exemplaire, sur la nature de l’engagement créatif.  
Lire la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur 
 
 
Sylvie Durbec 
La huppe de Virginia 
précédé de La voix des hommes, la voix des femmes 
suivies de Voix suisses 
Encres de Claire Cuénot 
Éditions Jacques Brémond 
15 € 
 
La voix écrite 
 
Ce serait comme lire 
ou boire du thé 
si on l’aimait 
et voir les feuilles 
doucement se déplier 
et lire et boire 
seraient 
l’unique façon de voir écrit 
le mot rêveuses 
pour dire l’état des feuilles 
dans la théière 
et dasn le carnet 
ouvert sur le pré 
(p. 17) 
 
 
Paul Badin 
Loire Lumière 
Collection de l’Atlantique 
18 € 
 
« Sans répit remettre 
l’ouvrage sur le métier 
Monet sa cathédrale 
Cézanne sa montagne 
Olivier Debré sa Loire 
les mots 
ni les coups de pinceau 
ne sont souverains 
passerus seulement 
entre l’absolue lumière 
et les cœurs 
qu’elle hante » 
(p. 25) 
 
 
Perrine Le Quintrec 
Bec & Ongles 
(pamphlet) 
Éditions les Carnets du dessert de lune 
11 € 
 
Perrine Le Quintrec est née à Paris en 1968. Spécialiste de l’art contemporain elle collabore en écriture et en aventure avec de nombreux artistes.  
 
 
Isabelle Rousseau 
Encres 
précédé d’Éclosion continue de Gérard Haller 
 
Isabelle rousseau a réalisé ce carnet de dessins à Flers, en mai 2010, dans le cadre de la résidence « Ré-actif » à la Galerie 2 Angles, Centre de création contemporaine et Relai culturel régional en Basse Normandie.  
 
Sébastien Doubinsky 
Danmark 
Éditions des États Civils 
12,50 € 
 
Une ruine paisible
entourée par la mer
On dit que le roi Wasa
y a été emprisonné
dix longues années
Aujourd’hui les mouettes 
se rient de l’Histoire
Nous parcourons 
la longue jetée les pieds bousculés par les pierres inégales
Les adultes marchent
lentement et portent
les sacs remplis
de nourriture pour 
le pique-nique
Les enfants 
courent devant
et rêvent à de 
spectaculaires
carnages 
(site de l’éditeur
 
 
Patrick Repusseau 
chansons du moi et de son Même
 
Les Deux océans 
 
en nous immergeant au cœur du paradoxe de l’être, l’auteur nous invite à découvrir ce que, à notre insu, nous vivons tous déjà au quotidien et que nous pouvons reconnaître en prêtant l’oreille aux chansons du moi et de son Même. (Quatrième de couverture) 
 
 
Jean-Marie Berthier 
collection Poètes trop effacés 
le nouvel Athanor 
15 € 
 
« Nous fûmes un temps 
le grand moulin des étoiles 
et nos 
dans la farine de la lumière 
faisaient lever l’amour 
au four des certitudes ».  
(p. 95) 
 
 
 
Revue Phoenix 
n° 2 
 
Au sommaire de ce numéro, un important dossier Henry Bauchau avec des contributions notamment de Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert. Textes de Gaspard Hons, Daniel Leuwers, Jacques Munier et de Kiki Dimoula.  
 
 
Romain Fustier 
Des fois des regrets comme 
Éditions des États Civils 
 
la pluie d’aujourd’hui
elle est du polycarbonate clair
qui scintille à la fenêtre
sous la lumière s’égouttant
une cuillère dans le thé
de miel de fleurs sauvages
qui nage dans une blondeur
rappelant celle sur la serre
des petites taches de soleil
qu’octobre à faible dose
prescrit en averses & giboulées
lueurs irisées telle une flaque
de fuel en flottants reflets
au-dessus d’un toit 
(site de l’éditeur
 
Pierre Selos 
Collection Poètes trop effacés 
le Nouvel Athanor 
15 € 
 
La mer s’est retirée et sur l’ancien rivage 
Un coquillage mort espère encore les flots ; 
Une fleur d’occident joue avec les nuages 
Et le regard hésite entre la pierre et l’eau.  
(p. 39)