Rouler pour la peine

Par Pierre-Léon Lalonde
J’ai depuis trop longtemps dans mon taxi, ce passager qui soliloque sur le sens de la vie, sur celui de la mort. Il tourne en rond, ronge son frein, laisse tout plein de mots en suspension. Je l’entends sa peine.
Il a perdu son père. Cherche ses repères.
Une erreur médicale. Une suite funèbre. Une poursuite funeste.
Il a juste le goût de se vider le cœur. Il me parle comme s’il était dans mon crâne. Je continue de rouler avec ce témoin à charge d’émotions.
Un être un peu perdu mais sachant où il s’en va.
Je sens, je sais, que ça lui a fait du bien d’en parler.