Interview pour Billboard

Publié le 11 mai 2011 par Kaliya

Dans le prochain chapitre de sa carrière, Beyoncé est bien décidée à s'ouvrir à de nouveaux horizons.  Il faut de l'audace pour une des plus grandes pop stars du monde de sortir un titre si peu conventionnel, le très militaire et au rythme effrené "Run The World (Girls)". Construit autour du délirant sample du titre plus ou moins indie de Major Lazer "Pon De Floor". Ce n'est que le premier volet du collage inattendu, de textures soniques et uniques de son nouvel album.

Cet album accueille de nouveaux collaborateurs comme Switch (qui représente la moitié du groupe Major Lazer mais aussi des producteurs établis comme The-Dream. "Il n'y a rien de sûr, c'est tout ce que je sais" dit ce dernier, qui a notamment produit l'hymne qui fût important dans la carrière de Beyoncé "Singles Ladies". Le producteur a aussi été appelé pour aider sur l'écriture du premier single du nouvel album. "Ce genre de choses ne pourrait pas se produire avec un autre artiste de sa stature."
Un sentiment que reconnaît vivement Beyoncé, "je pense que mon travail dans l'industrie est de repousser les limites et je dois constamment évoluer." Beyoncé explique sa nouvelle direction alors qu'on l'a conduit d'un photoshoot vers une session d'enregistrement avec la nouvelle équipe créative qu'elle a assemblée. Cette femme indépendante, qui atteindra les 30 ans cette année et est mariée à Jay-Z, a pris les rennes de sa carrière comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Son prochain album appellé "4" a été fait sans l'aide de Matthew Knowles, son père et manager de longue date. Elle a annoncé le 28 mars de cette année, qu'ils ne travailleraient plus ensemble "sur le plan du business".

Levant son poing en l'air sur la couverture du single, "Run The World (Girls)" Beyoncé transmet clairement un message, qui est sa marque de fabrique, le renforcement du pouvoir des femmes. Dans cette première interview exclusive sur sa prochaine ère, la star a évoqué ses nouveaux sons et ses effotrs créatifs, ce qu'elle prépare, ainsi que les succès qui lui vaillent le Billboard Millennium Award.
A chaque fois que tu sors une nouvelle chanson, ça génère un slogan. C'est une chose à laquelle tu penses en faisant une chanson ?
C'est que je veux toujours faire, je suis attirée par des chansons qui deviennent un sujet de discussion au dîner [rires] Avec "Single Ladies", clairement je venais de me marier, et les gens veulent se marier tous les jours. Et ensuite il y a eu tout ce truc avec Justin Timberlake sur Saturday Night Live et c'est aussi l'année où Youtube a explosé. Sur "Irreplaceable" les paroles agressives, la guitare acoustique et la 808 (boîte à rythme), ces éléments ne vont pas typiquement ensemble mais ça sonnait frais. "Crazy In Love" est un de ces moments classiques dans la culture pop que personne d'entre nous attendait. J'ai demandé à Jay d'être sur la chanson, la nuit avant que je doive rendre mon album final, merci mon Dieu il l'a fait. Ce titre ne vieillira jamais, peu importe le nombre de fois que je le chante.
Le nouveau single "Run The World (Girls)" est une déclaration audacieuse pour toi.
C'est très clairement plus risqué que quelque chose de plus...simple. J'ai juste entendu la chanson et j'ai aimé le fait que ce soit différent. Il y a un côté africain, un peu d'électronique et du futuristique, ça m'a fait pensé à ce que j'aime, mixer les différentes cultures et les différentes ères. Des choses qui ne vont pas forcément ensemble. Créer un nouveau son. Je ne dois pas être en sécurité, je dois toujours essayer et aller à contre courant. Dés que j'accomplis quelque chose, je me fixe un but encore plus élevé. C'est comme ça que je suis arrivée là où je suis.
Le nouvel album s'appelle "4". A part le fait que ce soit ton 4ème album solo, qu'elle est la signification de ce chiffre ?
On a tous des nombres spéciaux dans notre vie, et le 4 l'est pour moi. C'est le jour où je suis née. Le jour de l'anniversaire de ma mère, et celui de beaucoup de mes amis. Et le 4 avril est le jour de mon mariage.
Comment a commencé le processus de création ?
J'ai enregistré plus de 60 titres : tout ce que j'ai toujours voulu essayer, je l'ai fait. J'ai commencé en étant inspirée par Fela Kuti [un pionnier de la musique africaine]. J'ai en fait travaillé avec le groupe "Fela !" [la comédie musicale de Broadway basée sur sa vie] pour quelques jours. Juste pour ressentir l'âme et le coeur de sa musique. C'est très sexy et il y a beaucoup de groove, vous vous perdez dedans. J'ai aimé l'utilisation des batteries, les trompettes, et comment tout ne fait qu'un. Ce que j'ai le plus appris de Fela c'est la liberté artistique, il ressentait juste l'esprit. J'ai aussi trouvé beaucoup d'inspiration dans le R&B des années 90, Earth Wind & Fire, DeBarge, Lionel Richie, Teena Marie... J'ai écouté beaucoup de Jackson 5 et New Edition mais aussi Adele, Florence + The Machine et Prince. Ajoutez à ça mes influences hip hop et vous pouvez voir comme c'est vaste. Je me suis aussi permise de chanter à pleine voix sur certaines chansons, et j'ai ramené une façon de chanter très soul. J'ai aussi utilisé tous les aspects de ma voix, le côté cuivré et rauque que les gens entendent dans mes performances lives, mais pas forcément sur mes albums.
Tu es une icône du renforcement du pouvoir des femmes. Qu'est-ce que le pouvoir pour toi ?
Le pouvoir c'est le bonheur, le pouvoir ça veut dire du travail et du sacrifice personnel. Pour moi, c'est donner un bon exemple, et ne pas abuser de son pouvoir ! Vous devez toujours garder l'humilité. J'ai vu comment on peut mener par l'exemple et pas par la peur. Ma visite en Egypte a été une grande inspiration pour moi. Quand le soleil tombait, je n'ai plus vu aucune femme. C'était choquant et fascinant pour moi, parce que c'était si extrème. J'ai vu des milliers d'hommes dans les rues, se socialisant dans les bars,et priant dans les mosquées et pas une femme. Je me suis sentie très fière quand j'ai chanté et que j'ai vu la force que donnait ma musique à ces femmes. Je me souviens avoir été au Japon quand les Destiny's Child ont sorti "Independent Women" et les femmes étaient si fières de dire qu'elle avaient un travail à elles, leurs façons de penser, leurs propres buts. Je me suis sentie si bien, et je me suis rendue compte qu'une de mes responsabilités était d'inspirer les femmes de façon profonde.
Tu es toujours en mouvement. Tu ne te reposes jamais ?
J'ai pris un jour quand je suis allée à Disneyland avec mon neveu, ce qui a été super fun. Je n'avais plus fait ça depuis environ 10 ans. La dernière fois que j'étais dans un parc d'attraction c'était avec les Destiny's Child ! On a fait tous les manèges, certains même deux fois, et c'était la première fois que mon neveu faisait des montagnes russes. Il y avait énormément de monde car c'était Pacques mais tout le monde a été très poli, respectueux et nous ont laissé nous promener et nous amuser. J'avais un chapeau drôle, le plus grand de tous. [rires] C'était censé être un moyen de me camoufler, avec des énormes bords et des oreilles tombantes sur les côtés. A la fin de la visite j'ai réalisé que les gens avaient compris que je faisait de l'auto dérision avec ce chapeau. [rires] C'est un super souvenir pour moi.
C'est le premier album que tu fais sans ton père pour te guider. Quelles nouvelles options se sont ouvertes à toi ?
Ce n'est pas que quelque chose de mal est arrivé entre nous. Ma famille a toujours mon soutien et elle me soutient, mais quand vous travaillez avec les même personnes depuis 15 ans, c'est naturel que vous ayez vos propres idées. Je crois ques les parents préparent leurs enfants pour le moment où ils seront seuls. Aujourd'hui je prends tout ce que mon père et ma mère m'ont appris, et je suis capable de faire les choses à ma manière. Nous étions à un point où nous avions appris énormément l'un de l'autre, et aujourd'hui c'est excitant pour moi de faire ça moi-même et d'embaucher ma propre équipe. J'ai commencé à me manager moi-même.
Ta carrière au cinéma à récemment pris un nouveau tournant. Tu es passée de "Dreamgirls" à "Cadillac Records" à "Obsessed" et maintenant tu travailles avec Clint Eastwood dans un remake de "A Star Is Born"
C'est un rêve devenu réalité. Je suis encore sous le choc rien que de penser que ça va arriver. Clint Eastwood est clairement le meilleur, je suis si honorée et je reste humble. Je n'étais pas pressée de faire un autre film sauf si c'était le bon film. Et je ne voulais même pas toucher à "A Star Is Born" sauf si c'était avec lui. En fait, j'ai appris que le projet était en discussion, et je l'ai un peu revendiqué. Je veux bosser maintenant !

"A Star Is Born" est un choix approprié, car le film parle de l'ascension d'une chanteuse. Quels ont été les jalons de ton ascension ?
Je dirais que quand les Destiny's Child ont travaillé avec Wyclef sur "No No No Part 2" on était si jeunes, fraiches et en extase devant tout, on avait hâte de chanter pour lui. Et gagner notre grammy pour "Say My Name" a été incroyable. Je  me souviens quand j'ai entendu la chanson à la radio pour la première fois. Je me suis dit : "Wow...on dirait un classique, quelque chose qui existera pour toujours." Ces mélodies et cette façon, staccato, de chanter a créé un nouveau style, ça a inspiré tout un mouvement dans le R&B. Avoir fait partie de ça a été incroyable.
Après tout ces accomplissements, qu'est-ce que ça fait de partir en solo ?
C'est effrayant et ça donne du pouvoir ! Tout le monde dans le groupe était très nerveux et terrifié de faire des choses chacun de notre côté. Nous nous manquions. C'était dur de prendre nos propres décisions sans avoir quelqu'un pour dire "je suis d'accord" ou "je ne suis pas d'accord". Mais passer par ce stade fait partie de la vie. C'était un très grand pas pour moi, un des nombreux que j'aurais encore à prendre. Je me sens un peu comme ça de nouveau, en ce moment. J'approche les 30 ans, et j'ai enfin pris une pause dans ma vie, que je n'avais jamais eu avant. J'ai pris plus d'un an de pause. J'ai voyagé, j'ai passé du temps avec mon mari, je me suis réveillée dans mon propre lit, j'ai mangé ce que je voulais, je suis allée dans des musées, et vu des pièces de Broadway, j'ai regardé des documentaires et j'ai eu des expériences de la vie. Je n'ai pas vraiment l'occasion de voir des concerts car en général c'est moi qui performe. Alors j'ai vu de nombreux shows, des super groupes, comme Muse et Rage Against The machine, ce qui a aussi inspiré l'album. Il y a beaucoup d'artistes auxquels je n'ai pas été exposée : je suis comme une éponge et j'absorbe tout. Et j'ai appris beaucoup en regardant ces grands performers. Avoir eu du temps de grandir en tant qu'être humain m'a beaucoup inspiré et je peux en retirer beaucoup de choses. Je suis excitée du fait de grandir. Je peux juste m'amuser, et je peux avoir la liberté artistique de faire ce que je veux. Aujourd'hui je sais vraiment qui je suis; et je ne sens pas l'obligation de me ranger dans une catégorie. Je n'ai pas peur de prendre des risques - personne ne peut me définir.

Traduction faite par Malyeh, merci de créditer en cas de diffusion.